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TransfoNum : conseils pour digitaliser des processus métiers en mobilité
Les apports de la mobilité dans la Supply Chain sont évidents, tant pour la fiabilité des informations que pour le suivi temps réel des stocks et des livraisons. Mais déployer de telles applications constitue un vrai challenge, tant technique qu’organisationnel. Le CTO de HRC Software partage ses conseils pour le relever.
L’un des grands écueils des projets de mobilité réside dans la multiplication des acteurs impliqués. Il y a les métiers, bien évidemment, mais également les responsables applicatifs, ceux en charge des terminaux, des réseaux, de la sécurité, etc.
À titre d’exemple, dans le cas d’une grande entreprise française, j’ai dû réunir pas moins de 15 interlocuteurs pour lancer un projet.
Faire dialoguer et se mettre d’accord avec autant d’acteurs est primordial lorsqu’il s’agit d’avancer rapidement. De même, les PME ont rarement un architecte qui a une vue d’ensemble sur le système d’information (SI). C’est un vrai manque dans ce type de projet transverse où de nombreux domaines sont sollicités.
Très rapidement se posent en effet des questions aux frontières des responsabilités de chacun. Lorsqu’il faut prendre une décision ou si un problème technique apparaît, on assiste alors à un renvoi de responsabilité et un jeu de ping-pong entre les différents acteurs.
Sur des projets complexes qui impliquent l’infrastructure, du middleware, du matériel et des réseaux, ce genre de situations présente un risque d’enlisement non négligeable.
Partir du besoin métier est un prérequis, mais ne suffit pas
Pour ces projets de mobilité, notamment ceux liés à la Supply Chain, il est indispensable de partir des besoins métiers et d’impliquer les acteurs qui les maîtrisent en priorité. C’est une évidence. Mais il ne faut pas oublier de garder une vue d’ensemble ; savoir aussi anticiper les besoins.
Ainsi, les utilisateurs peuvent initialement déclarer ne pas avoir besoin de certaines fonctionnalités (prise de photos, lecture NFC, etc.) dans leurs process et ce n’est qu’en fin de projet – une fois le matériel choisi – que le besoin émerge (sic).
Cyril VernetDirecteur associé et CTO HRC Software
À l’inverse, mettre en œuvre une solution intégrant un mode offline peut être très structurant dans le développement d’une application mobile. De manière tout à fait légitime, les utilisateurs vont demander un tel mode, car 50 % d’un site n’est pas couvert par la 4G ou les bornes Wi-Fi de l’entreprise. Mais si ces 50 % ne représentent que 1 % des opérations, cela justifie-t-il vraiment de créer une application (bien) plus complexe ?
De même, certaines demandes peuvent totalement remettre en cause le ROI d’un projet : la mise en place d’un réseau de bornes Wi-Fi qui permettent de visionner des vidéos HD sur l’ensemble du site est, par exemple, un investissement coûteux. D’autant plus si le besoin réel peut se satisfaire d’une bande passante inférieure, et donc d’un réseau moins dense.
Une juste adéquation entre les besoins et les solutions mises en œuvre est souvent la clé d’un coût de projet maîtrisé.
Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises disposent déjà d’installation Wi-Fi, de plateformes MDM (Mobile Device Management) pour gérer les terminaux mobiles ; la couverture 5G s’améliore. De ce fait, les barrières techniques au déploiement d’applications métiers mobiles sautent progressivement.
Pour contourner les éventuels obstacles, il faut poser les bonnes questions aux métiers afin de défricher les types de terminaux à mettre en œuvre et les technologies à déployer. Par exemple, si le site industriel présente des conditions ATEX, qu’un besoin de lecture code-barres longue distance s’exprime et que le client impose le choix d’un terminal Android, seuls 2 à 3 modèles restent alors envisageables. Pas davantage.
Il faut aussi sensibiliser les utilisateurs sur les évolutions possibles à court et moyen terme : si au moment du déploiement, disposer d’un lecteur NFC semble superflu, les applications dans la gestion de la maintenance peuvent se révéler extrêmement pertinentes, tout comme la mise à disposition d’un capteur photo peut ouvrir la voie à de nombreuses possibilités futures.
De l’importance d’adopter une approche « end-to-end »
Un projet de mobilité doit s’appréhender dans sa globalité. L’utilisateur métier connaît son besoin, mais il ne maîtrise pas nécessairement ses implications techniques… et c’est bien normal !
De même, un intégrateur va avoir tendance à proposer uniquement la solution qu’il connaît, tout simplement parce que c’est la seule solution qu’il maîtrise. Selon la loi de l’instrument de Maslow : « pour celui qui ne possède qu’un marteau, tout ressemble à un clou. »
L’important est d’adopter une approche end-to-end qui embrasse toutes les dimensions dudit projet, depuis la problématique métier jusqu’aux briques technologiques les plus complexes. C’est uniquement de cette manière qu’il est possible d’arbitrer entre les contraintes des uns et des autres et, in fine, d’aboutir au compromis idéal.
Pour livrer des applications mobiles performantes à des utilisateurs habitués aujourd’hui à utiliser leur smartphone, l’approche « éditeur » constitue clairement une option à étudier.
Si on cherche à évaluer l’investissement qu’il faut consentir pour créer une suite d’applications mobiles dédiée à la gestion de flux logistiques ou de maintenance par exemple, dans un contexte industriel d’une grande entreprise, cela représente des années de travail. Une approche de développement « fait maison » va mobiliser une équipe de développement pendant des mois voire des années, laquelle va faire les mêmes erreurs que les éditeurs avant de les corriger pour aboutir à d’importants délais et des coûts prohibitifs, quelles que soient les qualités des développeurs.
Ce sont des coûts et des délais intolérables pour une majorité d’entreprises. Choisir une solution éditeur qui repose sur des standards techniques et qui implémente les best practices du secteur est donc sans doute une alternative à considérer en priorité.