SAP HANA : Genèse et matérialisation de la vision d’Hasso Plattner
La base de données In Memory du premier éditeur européen ne résulte ni d'une évolution des produits maison, ni de rachats de technologies, mais bien de la volonté du co-fondateur de SAP de repenser les progiciels d'entreprise, qu'il estimait dans une impasse dans leurs développements due aux handicaps techniques intrinsèques.
Repartons d’une page blanche et dessinons le progiciel de l’entreprise numérique.
C'est à peu près ainsi que le « petit » prince des ERP, Hasso Plattner (co-fondateur de SAP), a abordé voici quelques années les étudiants de l'Université de Postdam, où il finance un institut de recherche. "Quand j'ai quitté la direction opérationnelle de SAP, j'ai souhaité rester impliqué dans le développement des produits", raconte aujourd'hui le fondateur de SAP. Une volonté qui l'a conduit à financer cet institut de recherche, centré sur la conception des logiciels d'entreprise. Une volonté qui masque surtout une conviction profonde : l'architecture des logiciels d'entreprise n'est plus adaptée aux évolutions du monde des affaires : explosion des données, globalisation, généralisation des terminaux mobiles... Dès 2009, dans un livre blanc qui décrivait les travaux sur l'informatique en mémoire (In Memory) de l'institut de recherche qui porte son nom, Hasso Plattner écrivait : « J’ai toujours pensé que l’arrivée des solutions de datawehouse (ou entrepôts de données, NDLR) n’étaient pas pérennes dans le temps. La flexibilité et la vitesse que nous avons gagnées l’ont été au prix d’une dramatique augmentation de la complexité des systèmes, extraction, chargement, transformation et duplication des données. Ajoutons l’indexation, les datamarts, cubes…. sous la pression du temps réel ».
L'accélération des technologies, avec de nouvelles topologies de données entrant dans la sphère de l'entreprise (réseaux sociaux, M2M, mobile), n'a fait que confirmer le bien-fondé de cette vision. Comme l'explique le directeur technique de SAP, Vishal Sikka, sur son blog, le challenge du moment ne consiste plus à automatiser des processus, mais à donner plus d'autonomie aux utilisateurs métier sur la base de toutes les données dont ils peuvent disposer. Et ce, en temps réel. "Clairement, les architectures actuelles, avec leurs limitations, ne peuvent servir de socle pour les 20 prochaines années du logiciel d'entreprise", écrit encore Vishal Sikka.
"Le résultat de mes études validait ma vison"
"J'ai donc demandé à mon équipe de chercheurs de repenser totalement les systèmes d'information d'entreprise, en repartant d'une feuille blanche", raconte Hasso Plattner. Très vite, plusieurs idées s'imposent : "toutes les données actives devaient être stockées en mémoire. Nous savions aussi que le reporting opérationnel devait réintégrer les systèmes transactionnels. Nous devions nous affranchir des agrégats, des cubes pour ne plus reposer que sur des vues dynamiques. Enfin, nous avons misé sur un usage intensif des mathématiques pour les besoins de prévision", détaille le co-fondateur du premier éditeur européen. Ces lignes directrices fixées, le Hasso Plattner Institute a travaillé pour jeter les bases d’une architecture logicielle de nouvelle génération. "Après avoir joué pendant trois ans avec ces concepts, je suis allé voir SAP pour leur dire que ce que j'envisageais était faisable", ajoute Plattner.
Fin du premier acte. Et début du second : le développement de la technologie HANA au sein des labos du premier éditeur européen et la construction des chemins de migration qui permettent aujourd'hui à la base installée SAP de bénéficier du In Memory sans rupture technologique. Un second acte qui débute par la publication du livre blanc de l'institut Hasso Plattner, montrant les avancées de l'Université de Postdam sur le sujet, et un discours remarqué du co-fondateur de SAP, lors d'un Sapphire voici trois ans. Il y détaille les atouts de la technologie et surtout le chemin par lequel SAP entend amener le In Memory au sein des systèmes d'information existants. "Amener cette vision et cette technologie de rupture par le biais de simples évolutions (pour la base installée, NDLR) était un défi que nous avons relevé avec notre feuille de route", écrit aujourd'hui Vishal Sikka.
Un chemin balisé par trois grandes étapes que SAP a respectées à la lettre, du lancement des premiers accélérateurs HANA en 2011 à l'annonce du support de la Business Suite, en ce mois de janvier 2013. Et surtout un chemin que le premier éditeur européen a su parcourir à bon rythme. Hasso Plattner explique la recette employée par l'éditeur pour mettre rapidement sa base de données In Memory sur le marché : "SAP HANA résulte d'un projet de développement global, avec des équipes réparties partout sur le globe et reliées par Internet. C'est ce qui nous a permis de développer une base de données d'un tel niveau de complexité dans un laps de temps aussi court".