« RISE paraît intéressant pour nous aider à franchir le pas de la transformation numérique » (USF)
L’USF accueille positivement le nouveau programme cloud de SAP dont certains éléments restent à préciser – ce qui est une très bonne chose pour le président de l’association Gianmaria Perancin.
SAP a lancé un nouveau programme clé en main et de bout en bout, baptisé RISE, pour aider ses clients à migrer vers le cloud et son ERP de nouvelle génération S/4. LeMagIT s’est entretenu avec l’USF pour recueillir l’avis des utilisateurs sur cette nouvelle offre.
En résumé, l’USF voit ce programme d’un très bon œil – guichet unique, simplification, rationalisation et optimisation de l’existant. Il l’accueille d’autant mieux qu’il reste des points à déterminer – question des licences liées aux process mining, choix d’autres clouds – et que SAP semble à l’écoute de ses clients pour finaliser ces « 20 % restants » (comme les appelle Gianmaria Perancin).
LeMagIT : Comment percevez-vous l’annonce de RISE with SAP ?
Gianmaria Perancin : Tout d’abord, nous étions dans la confidence pour une partie. Mais nous avons eu quelques surprises.
Ensuite, il y a un point important à comprendre : aujourd’hui, quand je dois contractualiser pour aller sur du cloud – et sortir de mes datacenters – j’ai plusieurs pas à faire. J’ai besoin de voir la feuille de route, de parler avec l’éditeur, et avec l’hébergeur. J’ai ces trois aspects à regarder en même temps avec différents interlocuteurs.
Cette offre permettra de n’avoir à discuter qu’avec SAP, qui se chargera de tout le reste : nous accompagner, discuter avec les partenaires et parler avec les hébergeurs. De notre point de vue, cela peut représenter une simplification importante à prendre en compte.
RISE : une couche d’intermédiation
LeMagIT : N’y a-t-il pas un risque de dépendance accrue à SAP ?
Gianmaria Perancin : Tout dépend des capacités et de la bande passante dont l’entreprise dispose pour franchir le pas de la transformation digitale.
Si j’ai une équipe soudée et beaucoup de personnes, peut être que je ne serai pas intéressé par RISE parce que j’aurai de quoi gérer les éditeurs d’un côté, la feuille de route de l’autre et l’hébergeur d’un troisième côté. Effectivement, il y a aussi des sociétés qui veulent le faire elles-mêmes pour ne pas mettre tous leurs œufs dans le même panier et garder une forme d’indépendance vis-à-vis de SAP.
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Mais si je suis une entreprise convaincue du bien-fondé des solutions SAP et que j’ai un problème de bande passante, cette offre vient combler un manque et résout un problème. Je ne m’adresse qu’à SAP. Et SAP gère tout derrière. C’est un peu comme quand vous achetiez une base Oracle pour SAP. Vous pouviez le faire soit en passant par SAP, soit en direct chez Oracle.
En fait, SAP met une couche d’intermédiation entre moi et le fournisseur hébergeur. Je pourrais quand même dire si je préfère Azure ou AWS ou Google (ou les datacenters SAP), mais c’est SAP qui se chargera de tout.
La question épineuse du Process Mining
LeMagIT : Vous discutez déjà avec SAP d’un point particulier de l’offre : celle du Process Mining avec Signavio. Pouvez-vous nous dire ce qui a attiré votre attention sur ce pilier de RISE ?
Gianmaria Perancin : Dans RISE, il y a une notion de simplification aussi dans l’aspect fonctionnel. C’est effectivement la partie qui m’a un peu surpris : le Business Process Innovation.
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Je dirais qu’elle arrive « enfin », parce que SAP n’avait pas vraiment regardé le process mining jusque-là. Le process mining permet de mieux comprendre l’efficacité des processus implémentés dans son système pour voir comment les optimiser davantage, ou alors définir les roadmaps qui sécurisent voire augmentent la valeur que ces processus créent pour les métiers. Le process mining peut donc permettre d’identifier ce qui peut être migré tel quel et ce qui doit être reconstruit.
Donc c’est très positif. Mais cela introduit aussi une question épineuse.
La plupart de nos adhérents ont misé sur d’autres produits que Signavio. Ils ont des solutions de process mining qui parfois étaient revendues par SAP lui-même ! Donc, on doit travailler désormais sur des aspects contractuels, nos adhérents doivent savoir ce qui va se passer pour les licences déjà acquises. Que va dire SAP aux entreprises qui ont investi depuis longtemps dans ces solutions ? Comment va-t-il les accompagner ? Va-t-il essayer de les porter sur Signavio ? Va-t-il leur permettre de garder leurs licences ? On en discute actuellement pour mieux comprendre.
SAP à l’écoute des clubs utilisateurs pour finaliser les « 20 % restants » de RISE
LeMagIT : Il reste donc des points à préciser dans RISE ?
Gianmaria Perancin : Oui, et c’est très bien ainsi ! Au lieu de faire une offre tirée à quatre épingles, bien carrée, SAP a choisi de mettre en place dès aujourd’hui quelque chose qui doit créer de la valeur rapidement. Et il se laisse le temps de faire de l’amélioration continue sur ce qui reste à couvrir – ce que j’appellerais les « 20 % restants ».
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Je trouve que c’est bien parce que ça veut dire que nous, les clubs utilisateurs, avons un rôle essentiel à jouer. Nous pourrons remonter ce qui ne va pas et permettre à SAP de finaliser ces « 20 % ». Et je sens que SAP a l’intention de travailler avec nous là-dessus.
Paradoxalement, si SAP m’avait dit que tout était figé, je me serais plus inquiété. Cela dit, il est clair que côté USF, nous savons très bien que nous avons un rôle de démultiplicateur, qu’il nous faut maintenant creuser le sujet avec SAP au-delà des termes marketings pour travailler sur l’éducation, et comprendre ce qu’il y a comme tenants et comme aboutissants dans RISE. Mais l’offre me paraît intéressante pour nous aider à franchir le pas de la transformation digitale.
RISE with SAP, une offre claire et lisible
LeMagIT : Pour vous, RISE est en tout cas une offre de simplification du chemin vers le cloud qui est claire et compréhensible ?
Gianmaria Perancin : Oui, pour moi, elle est claire et compréhensible dans ces grandes composantes.
Il y aura du BPI. Frédéric Chauviré [N.D.R. : Directeur Général de SAP France] nous a parlé d’un outil d’analyse du TCO qui permet de dire : « vous avez cette plateforme donc cela va vous coûter tant » et de benchmarker avec les autres clients. C’est quelque chose d’intéressant. SAP ne nous laisse pas la tâche de faire les comptes tous seuls. Je trouve que c’est nouveau.
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Et je trouve aussi qu’il y a un gros effort de SAP. Ils ont contractualisé avec les grands du cloud. Cela veut dire qu’ils ont réussi à convaincre Azure, AWS et Google pour que ce soit SAP qui porte toute la relation commerciale.
Il y a aussi la Business Technology Platform pour l’intégration (comment les autres solutions peuvent enrichir S/4 HANA Cloud ?). Il y a le Ariba Network avec le Business Network. Et évidemment S/4 HANA Cloud.
En fait, RISE est une sorte d’ombrelle qui couvre des offres qui existaient déjà et qui ont été améliorées pour faire un service clé en main. Tout ça, ce sont des choses qui me semblent claires même s’il reste des choses à travailler.
LeMagIT : Pour la France, SAP n’a évoqué que ces trois clouds-là avec vous ?
Gianmaria Perancin : Pour moi, cette question des autres clouds possibles fait partie des 20 % restants.
Cet entretien sera publié en trois parties. Dans les suivantes, le président de l’USF approfondit son analyse de « RISE with SAP » et aborde la question de la souveraineté.