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Questions de DSI : le poste de DSI est-il si différent dans l’industrie et dans l’IT ?
La DSI de Workday - Diana McKenzie - explique au MagIT ses défis quotidiens bien différents de ceux qu’elle devait relever dans l’industrie, sa relation stratégique au CTO, son rôle commercial central et la nécessité de créer un réseau avec ses pairs.
Diana McKenzie est une sportive hors pair, une triathlète expérimentée et une fan experte de motos. Elle est aussi depuis février 2016, la DSI de Workday, le « Salesforce du HCM ».
Son parcours n’est pas banal. Issue d’une famille modeste, elle est diplomée de l’université de Purdue en 1986, alors que l'informatique est un domaine presqu’exclusivement masculin. Dix ans plus tard, elle rejoint une société industrielle spécialisée dans les biotechnologies. Elle y gravit les échelons et est promue DSI en 2010. Six ans plus tard, elle rejoint la startup californienne pour en devenir la toute première DSI.
Elle a intégré en 2015 le "Top 50 Most Powerful Women in Technology" du National Diversity Council.
En marge de l’évènement européen annuel de Workday, Diana McKenzie a accepté de comparer ces deux postes et de tracer, en filigrane, les évolutions du rôle de DSI sous l’influence grandissante du numérique.
LeMagIT : Avant toute chose, quelle est la différence entre le poste de DSI et celui de CTO dans une société IT comme Workday?
Diana McKenzie : Notre CTO (Chief Technical Officer) se concentre principalement sur le pilotage de la technologie qui sous-tend notre produit et notre stratégie produit.
Il travaille en étroite collaboration avec notre chef de la stratégie de gestion des produits pour déterminer les caractéristiques et les capacités que nous voulons inclure dans notre produit à l'avenir - et la façon dont nous pourrions les appuyer sur le plan technologique.
Il interagit aussi fréquemment avec nos clients pour parler des fondements technologiques de notre produit et pour les aider à se sentir à l'aise avec notre priorité d'innovation continue.
D'un autre côté, mon rôle en tant que CIO est d'être responsable de la fonction informatique à Workday. J'ai également des responsabilités pour toute la sécurité de Workday et je participe à l’équipe Workday on Workday travail (WoW). Cette équipe s'assure que Workday est le premier et le meilleur client de nos produits.
C'est dans cet espace - entre WoW et le rôle du CTO - que nous échangeons et collaborons le plus sur la future stratégie produit. Nous tenons compte des commentaires de nos propres responsables internes et j'y partage ce que j'entends de mes interactions avec les autres DSI.
Nous travaillons donc en étroite collaboration entre DSI et CTO.
Parlez-vous fréquemment avec d'autres DSI pour recueillir leurs réactions?
Diana McKenzie: Il y a plusieurs façons d'interagir avec les DSI. Le plus formel est d'établir des liens avec nos clients. Donc, lorsqu'on me demande de participer à des briefs avec des prospects ou des clients, où leurs DSI sont là, je discute avec eux en direct. Ces réunions ont lieu en moyenne une à deux fois par semaine.
J'ai également le privilège de faire partie de plusieurs réseaux de DSI.
Je dirais que je passe de 10% à 15% de mon temps à interagir avec eux.
Comment proposez-vous les améliorations au CTO? Le voyez-vous régulièrement ? Est-ce un processus très formalisé? Ou y’a-t-il une dimension plus informelle ?
Diana McKenzie: Je dirais que c'est une combinaison de tout cela.
Je vois notre CTO une fois par semaine. La manière la plus formelle où la DSI influence la stratégie produit intervient lors d’un comité de pilotage exécutif de la stratégie produit.
Ce groupe est composé de responsables issus de la gestion des produits, de la stratégie produit, du CTO, de l'architecture et du développement commercial. Nous apportons chacun une perspective différente.
Mon rôle est de refléter le point de vue des DSI de nos clients que ce soit par l'expérience que nous avons au quotidien de Workday ou par l'expérience des DSI en général.
Donc, s'ils ont des questions sur la façon dont les DSI pourraient réagir si nous adoptions telle ou telle stratégie produit, je peux souvent leur apporter une réponse - étant donné que j'étais DSI dans une autre entreprise avant de rejoindre Workday. Je peux aussi leur faire part de cette expérience.
C'est une bonne chose pour moi de faire parti de ce groupe. En tant que DSI je peux faire rebondir des débats ou je peux apporter une autre vision que j’ai acquise dans ma fonction ou au contact de mes pairs.
Pendant longtemps, Salesforce - qui est des modèles de Workday - a vendu ses produits aux métiers, mais il n'a pas vraiment parlé aux DSI. Aujourd'hui cela pourrait leur poser, problème. La stratégie Workday semble sur ce point très différente. Vous parlez aux RH et au DSI ?
Diana McKenzie: Oui. C’est un changement qui s'est produit au cours des trois dernières années. Si nous remontons un peu dans le temps, je pense que notre façon de faire était un peu différente. Nous parlions avec les DRH et l’IT qui soutenait les RH, car cet IT est souvent séparée du reste de l’IT de l’entreprise.
Quand nous étions sur le HCM, nous n’avions donc que peut besoin de faire participer la DSI. Et puis, nous avons commencé à nous tourner vers la gestion financière. Et là, le DSI est devenu un interlocuteur très important.
C'est aussi pour celà que Workday a créé ce poste de DSI - que j'ai débuté en février dernier.
En interne, Workday est très SaaS (NDR : Workday s’est refusé à toute confirmation des solutions IT utilisées mais ne se cache pas d’être multi-Cloud). En tant que DSI, vous devez donc intégrer diverses applications Cloud entre elles. Sur le papier, tout est toujours magique - tout fonctionne parfaitement. Mais dans la vraie vie, comment cela se passe-t-il ?
Diana McKenzie: Cela apporte une importance toute nouvelle à l'architecture. Dans mon poste précédent, l'architecture IT pouvait être simple. Vous preniez des décisions principalement en fonction de la stratégie business, en cherchant à optimiser la valeur apportée sur le long terme, tout en réduisant le coût de la technique et sa complexité. Et, dès vous le pouviez, vous standardisiez pour rendre la chose plus facile pour vos utilisateurs finaux.
Dans une entreprise de technologie, c'est un autre niveau de complexité. Cela signifie que nous devons avoir des gens vraiment bons pour faire en sorte que tout fonctionne et que tout se passe le mieux possible pour nos collègues de travail.
Ce que j'attends de mon groupe commencera l'année prochaine. J'aimerais une approche architecturale à plus long terme, une approche plus réfléchie, une approche qui passera par la conception d’une marketplace d’APIs. Je veux que nous nous assurions que nous pouvons développer des intégrations de manière robuste.
Est-ce plus facile ou plus compliqué d'être DSI dans un groupe IT?
Diana McKenzie: Ce n’est pas plus difficile. Les défis sont juste différents.
Dans mon précédent poste, je devais à la fois m’assurer que de la continuité des opérations des métiers et aider l'entreprise à comprendre le potentiel des nouvelles technologies. Là bas, même si les gens étaient très intelligents - je travaillais dans les biotechnologies - ils n'étaient pas très au fait de la technologie. Mon challenge consistait à leur faire comprendre le potentiel de l’IT et à les convaincre d’investir quelque fois dans la technologie plutôt que dans un nouveau médicament.
À Workday, je n'ai pas à sensibiliser les métiers. Et je n'ai pas à non plus à m'inquiéter d’entretenir une architecture sur site. Je n'essaie pas de moderniser l’existant... et j’en suis très heureuse ! En revanche, les utilisateurs s'attendent à ce que nous puissions faire les choses toujours plus rapidement.