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Première bonne résolution 2020 : optimiser ma consommation cloud

Rien ne sert de passer au cloud sans FinOps. L'approche est essentielle pour permettre à une transformation vers le cloud de tenir toutes ses promesses d'optimisation du budget IT.

Alors que le cloud était vu à ses débuts comme une manière d’optimiser son budget IT, force est de constater, après quelques années de mise en œuvre, que cette promesse n’a souvent pas été tenue. Factures complexes, composées de milliers de lignes détaillant des ressources à l’heure, au Go, ou à l’utilisation ; incapacité à anticiper les factures et à adapter le modèle de refacturation interne ; difficulté à véritablement passer d’un modèle Capex à un modèle Opex, manque de contrôle et complexité à mener les changements d’usage auprès des collaborateurs…

Au final, 57 % des entreprises dépassent les coûts initialement prévus pour le cloud[1]. Il est donc urgent de redéfinir les modèles financiers associés au cloud pour enfin en tirer pleinement parti. C’est précisément le rôle du nouveau métier de FinOps. Sa mission : mettre en place l’ensemble des outils et processus pour maîtriser le modèle de coût variable du cloud. Pour il cela, il intègre les besoins d’agilité, de performance, de sécurité et de qualité de service afin d’optimiser les applications métier. Encore peu présent en entreprise malgré son rôle clef, il est amené à se développer rapidement. À quoi sert-il exactement et comment le mettre en place ?

Les trois dimensions du FinOps

Le but du FinOps est d’adapter le pilotage financier de l’entreprise dans le cadre d’une transformation vers le cloud, et uniquement dans ce cas. Il s’agit de mettre en place un modèle économique intégrant les nouveaux modes de consommation et de facturation de ces services en travaillant sur trois dimensions :

  1. Informer : apporter un éclairage complet sur les coûts, les usages et les services cloud, partager les best practices – une dimension ô combien importante et pourtant souvent oubliée –, comparer les coûts en fonction des performances et des SLA demandés, mettre en place les métriques pour le suivi financier. À l’image de l’écologie, il faut former les utilisateurs sur les bonnes pratiques des usages et des consommations.
  2. Opérer et contrôler : implémenter les règles de gouvernance, mesurer en continu l’alignement entre les objectifs business et le rendu de l’application (qualité, coûts, performance), servir de plaque d’échange entre les Métiers, l’IT et la Finance, maîtriser la consommation et les projections financières.
  3. Optimiser : utiliser au mieux les services des cloud providers pour optimiser les coûts, ajuster les gabarits, gérer les arrêts et démarrages des services en quasi-temps réel et automatisés.

Mettre en place une stratégie FinOps 

La première difficulté consiste à doser son investissement en la matière, en fonction du rapport utilité-coût. Au minimum, passer au cloud nécessite des règles FinOps. Et selon le niveau de consommation cloud, il est préférable de se doter d’un responsable voire d’une équipe dont il faudra absorber les coûts.

En d’autres termes, s’il s’agit d’une extension des centres de calcul existants, la mise en place de bonnes pratiques et d’un outillage adapté, ou le recours à des services FinOps mutualisés suffiront. Si votre stratégie est une migration complète vers le cloud public, mettre en place une équipe FinOps devient obligatoire pour éviter de trop consommer.

À titre d’exemple, à sa création, l’équipe FinOps d’un de nos clients a fait gagner 1 million d’euros sur 10 millions de dépenses, en négociant des contrats et en arrêtant les systèmes le soir, en week-end, et hors production. Encore fallait-il analyser les factures pour la première mesure, et les usages pour la seconde. À ces 10 % d’économies sur la consommation immédiate, il faut ajouter jusqu’à 50 % de gain sur le futur, soit ce que l’entreprise aurait dû consommer, mais ne consommera pas, du fait de la démarche FinOps.

De tels montants peuvent donner le vertige… et l’envie de s’y intéresser. D’autant que la démarche de mise en place est plutôt rapide : environ 6 mois. Elle débutera toujours par un audit de maturité pour identifier les axes d’évolutions et actions à mettre en place. Une seconde étape consistera à mettre sous contrôle, les consommations et factures pour obtenir un reporting des consommations. Dans un troisième temps, on définira le reporting économique, puis on marquera les ressources associées au mode de gestion.

Il s’agit de construire un dashboard financier de l’ensemble des applications, avant de choisir et mettre en place des outils de monitoring financier ainsi que des processus automatisés.
Dernière étape : l’intégration d’un « Financial Operating Center » garantira la pérennité de la démarche en définissant la trajectoire.

Pour autant, la pleine appropriation des bonnes pratiques, la compréhension du nouveau modèle économique et la montée en compétences de toutes les équipes sont une nécessité pour une véritable réussite de la transformation. L’évangélisation aux nouveaux usages et la gestion du changement devront donc faire partie intégrante de la démarche, et ce à toutes les étapes.

Ne nous voilons pas la face : la principale difficulté consiste à trouver les bons profils.

Le mouton à cinq pattes 

Où se cache ce mouton à cinq pattes, à la fois architecte, contrôleur de gestion, contract manager, data analyst et développeur ? La diversité des compétences requises explique la difficulté à créer/recruter ce type de poste, ou mettre en œuvre ce type de fonctions dans l’entreprise. Une solution peut-être de monter une équipe resserrée combinant ces compétences. Toujours est-il que cela doit s’adapter à la taille du SI et de ses effectifs ainsi qu’aux objectifs de l’entreprise.

En outre, comment positionner le FinOps dans l’entreprise ? Tout comme la sécurité, il doit avoir une visibilité sur les projets depuis le début – pour proposer les modèles adéquats –, pendant les projets – maîtriser et contrôler les développements –, et après pour élaborer des voies d’optimisation. 

Trop d’entreprises souhaitent migrer dans le cloud public, sans mettre en place une démarche FinOps, à défaut d’une équipe. C’est à mon sens totalement inutile.

Pour que le cloud public soit réellement moins cher, vous devez maîtriser financièrement son usage, grâce au FinOps. Idéalement, cette démarche sera mise en place concomitamment à la migration cloud, mais elle peut tout à fait être déployée a posteriori. À la clef, des gains financiers, mais pas seulement. Car analyser les usages que vos utilisateurs font de leurs applications permet avant tout d’adapter ces dernières à leurs besoins. Rapprocher l’IT, la finance, et les métiers… n’est-ce pas là la vraie promesse du cloud ?

[1] Sondage 451Research.com - 2018 - 300 sociétés sondées

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