Opinion : ce que les constructeurs de PC ont ignoré de la consumérisation
Les groupes comme Dell font des efforts pour proposer des solutions logicielles permettant aux entreprises de faire face à la consumérisation de leurs environnements. Mais également pour offrir au grand public des ordinateurs élégants, voire jolis. Pourquoi ne pas en faire autant pour l’offre entreprise ?
Lors d’un événement organisé la semaine dernière, à Londres, Dell a voulu faire le point sur son offre postes de travail, pour le grand public comme pour l’entreprise, le tout à l’aune de la consumérisation. Et force est de constater que le groupe a fait d’importants efforts et des progrès significatifs, en l’espace de quelques années. Sur le terrain du grand public, ses nouveaux modèles XPS bénéficient d’une finition et d’une conception remarquable. Ces produits fins et élégants n’ont finalement plus grand chose à envier aux Macbook Air d’un Apple qui, même dans ses premières générations, continuent de faire sensation dès qu’ils sont sortis de leur housse. Finesse, légèreté, qualité de fabrication irréprochable... le mélange séduit et on peut le comprendre. On retrouve le même effort sur le dernier Inspiron 13 pouces, doté enfin d’un capot d’une épaisseur raisonnable. Sur le terrain de l’entreprise, Dell a enrichi significativement son offre à force de rachats. Celui de Wyse,
annoncé en avril dernier, lui permet de proposer une gamme cohérente de terminaux légers - dont certains dotés de puces basse consommation optimisées pour le protocole HDX de Citrix. Un composant intéressant d’une stratégie postes de travail intégrant le sujet de la consumérisation : la virtualisation du poste de travail - ou, à tout le moins, des applications - permet d’élargir l’accès aux environnements professionnels en entreprise aux terminaux personnels des utilisateurs et, en particulier, à leurs tablettes. Wyse propose d’ailleurs sa propre application dédiée à ces usages, PocketCloud, pour iOS comme Android. On retrouve la même logique de prise en compte de la consumérisation et de ses implications avec Kace, dont le rachat a été annoncé par Dell
en février 2010. Nous avions remarqué cet éditeur d’outils d’administration de parcs de postes de travail
en janvier 2009, lors de Macworld Expo, en raison de ses outils spécifiquement conçus pour les parcs hétérogènes, avec une gestion avancée des Mac et même des terminaux mobiles. Ceux-ci supportent d’ailleurs les changements de règles en fonction de l’environnement réseau utilisé par les postes de travail. Et le volet administration/protection des actifs est complété par les offres SecureWorks et SonicWall - ce dernier ayant été
tout récemment racheté par Dell. Mais si l’offre logicielle de Dell affiche une certaine cohérence pour supporter la consumérisation, l’offre matérielle reste à la peine. Certes, le constructeur propose aussi ses modèles XPS aux entreprises. Mais les modèles Lattitude, mis en avant par Dell pour les entreprises, sont toujours aussi tristes - à l’image de nombre de portables à vocation professionnelle. À l’heure de la consumérisation, la question est simple : pourquoi s’obstiner à proposer des machines sinon moches au moins d'une incipidité grisâtre ? Passons sur les stations de travail Precision dont le design très centré sur la fonction est pleinement cohérent avec la finalité de l’objet. Le problème concerne principalement les machines «tous publics» pour entreprise. Si le prix est un argument fort, l’absence de recherche esthétique est d’autant moins compréhensible que la consumérisation est originellement marquée par la recherche de produits pro/perso élégants et efficaces : cette tendance
née avec l’iPhone, selon de nombreux observateurs, s’est développée parce que ce terminal disposait d’une esthétique solide, tranchant radicalement avec celle de ce que le marché avait d’autre à proposer à l’époque. Jean-Luc Leverge, directeur commercial de Sybase en France nous
l’expliquait à l’automne 2008 : «on ne peut pas proposer [à un cadre] un objet comme ça [un imposant smartphone sous Windows Mobile, NDLR]. Dans un dîner en ville, il n’aurait pas l’air ridicule avec un iPhone.» La prise en compte de ces questions est devenue tellement importante que, dans le monde du logiciel, de plus en plus d'éditeurs vantent des interfaces graphiques "de classe grand public ". C'est là, semble-t-il, que la référence s'est déplacée en l'espace de 5 ans. Bref, constructeurs de postes de travail d’entreprise, sans verser dans l’excès, arrêtez de construire des machines qui disent, dès qu’on pose les yeux dessus, «encore un lundi...»