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Les usages numériques restent encore (trop) limités en entreprise

Frédéric Libaud, référant pour la région Ouest de CINOV – IT, invite les dirigeants d’entreprises à se pencher sur les questions IT pour initier des transitions numériques, aujourd’hui encore assez timides. Pourtant, une telle stratégie peut initier un cercle vertueux et apporter beaucoup d’efficacité et de productivité.

L'usage du numérique dans tous les domaines de la sphère professionnelle ou privée est un fait indéniable, les médias grand public s'étant même accaparés cette thématique. Toutefois, quand est-il du niveau d'usage réel ? Comment les utilisateurs exploitent au mieux les capacités des outils numériques qu'ils utilisent ? Qu'elle est leur niveau de compréhension de ce qu'est le numérique ?

Une confusion entre numérique et informatique

En fait, les utilisateurs, quel que soit leur niveau d'expérience et de compétences, ont généralement une vision étriquée du numérique. Cela est dû au fait qu'ils associent directement les mots « numérique » et « informatique ». Alors qu'en toute logique ce dernier sous-tend une des composantes du numérique.

Alors le numérique c'est quoi ? Pour ma part, c'est l'ensemble des produits et services ainsi que des entités qui les proposent mais, aussi les différents acteurs qui travaillent à sa compréhension et son appropriation dans nos sociétés.

Le numérique est une thématique transverse. Ce sont les moyens nécessaires à nos modes de vie professionnel et personnel modernes. Le terme numérique ne fait que désigner de façon générale, et donc globale, ces produits et ces services technologiques devenus si indispensables.

J'y intègre aussi les multiples plates-formes et sites Internet disponibles.

Appropriation du numérique : de bonnes bases mais peu de « power users »

Les utilisateurs ont commencé à s'approprier le numérique depuis longtemps. Ils se sont progressivement habitués à utiliser des équipements, du logiciel puis des services. Principalement dans un cadre professionnel puis aujourd'hui dans celui de la vie privée.

Où en est-on avec cette appropriation ? Les usagers connaissent les bases mais, finalement exploitent peu les capacités des produits et services numériques.

A cela plusieurs raisons :

  • Il faut qu'ils en aient le besoin
  • Il faut qu'ils sachent que cela existe et ce qui est possible
  • Il faut qu'ils en comprennent les mécanismes

Le nombre de smartphones commercialisés est impressionnant. L’usage d'application et/ou plate-forme l'est beaucoup moins. Même s’il y a de l'amélioration, on ne peut que constater des disparités liées à l'âge mais, aussi au milieu socio-professionnel.

Il en est de même dans l'appropriation des réseaux sociaux, où l'on voit le nombre de profils se compter pour certains en milliards. Mais le nombre d'utilisateurs actifs ne se compte qu’en millions, voire en milliers.

Le numérique amène une perméabilité des pratiques entre sphère privée et professionnelle. Dans un sens, on amène du travail à la maison. Dans un autre, on utilise un équipement personnel pour effectuer ses tâches professionnelles, ce que l'on appelle communément BYOD (Bring Your Own Device). Et on consulte sa messagerie personnelle ou ses comptes de réseaux sociaux sur le lieu de travail.

Toutefois, cela reste des pratiques limitées et ce pour diverses raisons :

  • Tout le monde n'a pas forcément la même appétence pour le numérique
  • Il y a la peur lié à un usage ou des pratiques dangereuses
  • La peur de mal faire sur tel ou tel outil par méconnaissance

Dans le cadre d'un usage individuel, une grande majorité des utilisateurs utilise le numérique pour consulter des sites Internet. Faire des démarches et procéder à des achats restent encore une pratique somme toute limitée.

En entreprise ou pour des professionnels, la bureautique est incontournable.

Mais, là aussi les usages restent limités. Cela s’explique davantage par la méconnaissance du potentiel de ce qu'il est possible de faire et des outils disponibles qu'autre chose. Ne parlons même pas des solutions comme les CRM ou les ERP. Car même si celles-ci sont plus ou moins employées dans de grandes entreprises, il reste encore beaucoup de chemin pour qu'elles le soient dans les plus petites.

Et je n'évoquerais pas ici le niveau d'usage et d'intégration de ces solutions.

Faire sa transition vers le numérique

Le dirigeant d'entreprise a un rôle hautement stratégique dans l’imprégnation du numérique dans son organisation. On ne peut que regretter le manque d'intérêt pour une majorité d'entre eux, qu’ils soient à la tête d’une grande ou d’une petite entreprise, pour ces problématiques.

Peu sont en effet actifs sur les réseaux sociaux par exemple. Alors qu'une stratégie de transition peut apporter beaucoup en matière d'efficacité et de productivité.

Cette transition n'aura pas qu'une incidence sur l'entreprise elle-même mais sur tout son écosystème. Alors bien sûr, cela n'est pas forcément évident mais, il est possible d’avancer collectivement.

En hydratant le monde de l'entreprise avec le numérique, on permet également un meilleur usage au niveau de l’individu. En faisant progresser les usages individuels, on permet aux entreprises d'avancer dans l'appropriation du numérique.

Conclusion

Ce cercle vertueux est l’objectif à atteindre. Mais ce n’est pas le seul.

Les startups françaises et les entreprises qui innovent dans le numérique ont besoin d'usagers, pour ne pas dire de consommateurs, qui s'accaparent leurs offres et soutiennent  leurs croissances et leur développement à l'international.

Enfin ces utilisateurs peuvent être aussi vecteurs d'amélioration, voire guider ces entreprises à proposer de nouvelles offres.

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