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Le temps est-il venu de renommer le client léger ?
Le marché du client léger a significativement évolué, au point que ces terminaux sont tout sauf véritablement légers. Alors peut-être convient-il mieux de parler désormais de « clients riches ».
J’ai relevé une tendance. Il ne s’agit pas de quelque chose d’émergent ou de futuriste comme ChatGPT ou l’IA générative, mais cela suscite une réaction similaire de la part de certaines personnes.
Le plus souvent, lorsque j’utilise désormais l’expression « client léger », ou Thin Client, auprès des fournisseurs, ils font une sorte de grimace, comme s’ils ne savaient plus trop comment considérer cette expression. D’une part, il s’agit d’un nom universel pour un type d’appareil que tout le monde comprend, mais d’autre part, il ne décrit plus l’appareil aussi bien qu’il l’a fait par le passé. Il est peut-être temps de changer les choses.
L’origine du client léger
À l’origine, les clients légers s’apparentaient aux terminaux sans puissance de calcul d’une époque révolue, celle des mainframes. Il s’agissait d’appareils qui ne faisaient rien d’autre que de se connecter à un poste de travail virtuel ou à une application. Certains se targuaient même d’avoir des émulateurs de terminal intégrés afin de pouvoir communiquer avec les mainframes. Ils étaient qualifiés de « légers » parce qu’ils n’avaient pas de système d’exploitation, ou très… léger, qu’ils ne nécessitaient que peu de maintenance ou d’assistance et qu’ils comportaient peu de composants. Cette terminologie a donné naissance au premier terme générique pour ce que nous appelons aujourd’hui la virtualisation des postes de travail : l’informatique du client léger.
Plus de 25 ans après l’introduction des premiers clients légers, de nouveaux cas d’utilisation sont apparus, ainsi que de nouvelles approches matérielles et logicielles. Après tout, 25 ans, c’est plus que quelques vies en termes de tendances informatiques.
Bien que les clients légers traditionnels qui correspondent plus ou moins au cas d’utilisation classique existent toujours, il existe d’autres solutions plus performantes qui sont – peut-être injustement – logées à la même enseigne en raison du manque de terminologie pour les décrire.
Le paysage actuel des clients légers et le problème de cette terminologie
Il existe plusieurs fabricants de clients légers matériels. Vous connaissez probablement les principaux acteurs tels que Dell Wyse, HP et 10ZiG, sans en oublier d’autres comme ClearCube, Pano Logic et NComputing. De nouveaux fournisseurs, tels que ZeeTim, surgissent également de temps à autre.
IGEL aurait pu faire partie de la liste, mais la société s’est récemment retirée de la fabrication de son propre matériel, se concentrant plutôt sur son système d’exploitation IGEL Cosmos qui peut transformer à peu près n’importe quel matériel x86 en client léger. Cela la place dans la même catégorie que Stratodesk, un autre fournisseur bien connu qui se spécialise dans un système d’exploitation – NoTouch – pour convertir le matériel x86 en client léger, plutôt que de fabriquer le matériel lui-même.
Voici le problème : que le produit soit matériel ou logiciel, chacun de ces fournisseurs propose des solutions beaucoup moins « légères » que ne l’étaient les clients légers à l’origine.
Par exemple, les systèmes d’exploitation d’IGEL et de Stratodesk, bien que plus légers que Windows ou macOS, disposent d’un large éventail de capacités. Ils embarquent des navigateurs complets, ils supportent directement les périphériques connectés, peuvent exécuter des applications locales, et ont intégré leurs fonctions de gestion et de sécurité et bien plus encore. C’est loin d’être « léger ». Et si les appareils qui exécutent ces systèmes d’exploitation peuvent encore être utilisés pour accéder à des applications et des postes de travail virtuels, des cas d’utilisation se développent où il ne s’agit que d’un objectif parmi d’autres.
Pour ajouter à l’enchevêtrement dans lequel nous nous trouvons actuellement, certains fournisseurs proposent à la fois un système d’exploitation et du matériel. Dell, HP, 10ZiG, NComputing et ZeeTim proposent tous des outils de reconversion de PC x86 existant en client administrable avec la même plateforme que celle utilisée pour gérer les clients légers. Dans ce cas, est-il approprié d’appeler client léger ce qui était autrefois un PC à part entière ?
Enfin, cette confusion autour de l’idée de ce qu’est un client léger pourrait s’étendre à des éléments que nous n’aurions jamais considérés comme des clients légers auparavant. Par exemple, Google ChromeOS Flex est destiné à réutiliser le matériel x86 avec ChromeOS, tout comme IGEL Cosmos, Stratodesk NoTouch et d’autres.
Si cet appareil est utilisé pour accéder à une application virtuelle ou à un poste de travail, ne pourrait-on pas appeler ChromeOS un système d’exploitation client léger ? Le système d’exploitation ne provient peut-être pas d’un fournisseur traditionnel de clients légers, mais il possède les mêmes fonctions de base et les mêmes capacités d’administration, de sorte que quelqu’un pourrait facilement faire valoir cet argument.
Est-il temps de donner un nouveau nom aux clients légers ?
Revenons à la grimace autour du nom de client léger. Le terme est certes bien connu, mais il ne décrit plus très bien ce qui se passe. Les fournisseurs ont essayé de lutter contre cela avec leur propre dénomination. Dell propose Cloud Client Workspace, IGEL appelle son produit Endpoint OS et Stratodesk présente son offre comme une plateforme de « edge ».
Peut-être avons-nous besoin d’un nouveau terme – ou d’un terme supplémentaire – pour décrire un système d’exploitation alternatif sur un terminal traditionnel.
Ce terme devrait exprimer des capacités avancées qui se situent quelque part entre les clients légers traditionnels et les systèmes d’exploitation complets tels que Windows ou macOS, tout en évitant de polluer l’internet avec des termes marketing vides de sens tels que « cloud bridges » ou « hybrid hubs ». Pour le plaisir, j’ai demandé à ChatGPT de trouver un nom marketing amusant, et il m’a suggéré « CloudHybridator DesktopMax », ce qui est vraiment génial !
Je préfère toutefois la simplicité. C’est pourquoi je propose d’ajouter un nouveau terme pour remplacer les clients légers : les clients riches.
Cela fonctionne pour plusieurs raisons. Tout d’abord, cela préserve le terme « client léger » et lui redonne même son sens initial, qui convenait parfaitement à la description du cas d’utilisation.
Ensuite, en utilisant le terme « client riche », nous gardons à l’esprit que nous ne parlons pas d’un PC Windows ou d’un smartphone ou autre – ce que le terminal largement utilisé pourrait faire –, tout en faisant comprendre qu’il y a plus ici.
Enfin, cela ne nous limite pas aux cas d’utilisation ou aux systèmes d’exploitation traditionnels des clients légers. IGEL et Stratodesk sont des systèmes d’exploitation pour clients riches. Puisqu’ils fonctionnent avec du matériel client léger, on pourrait dire qu’ils transforment les clients légers en clients riches. Même ChromeOS Flex peut être utilisé pour créer des clients riches.
Le seul problème est que client riche est déjà un terme, ironiquement utilisé pour décrire le contraire d’un client léger. Le terme de client léger a été inventé en même temps que celui de client lourd, et si vous consultez Wikipédia aujourd’hui pour « client lourd », vous êtes redirigé vers « client riche ». Cela ne s’invente pas.
Je pense toujours que cela fonctionne, et les termes ont déjà été réutilisés auparavant. D’ailleurs, avez-vous déjà entendu quelqu’un utiliser l’expression « client riche » ? De toute façon, c’est bien mieux que « CloudHybridator DesktopMax ».
Qu’en pensez-vous ? Est-ce bien nécessaire ? Je n’ai jamais été doué pour nommer les tendances ou les technologies, mais je pense que celui-ci pourrait fonctionner. J’ai quelques projets de recherche en cours qui incluront des questions visant à comprendre comment les gens utilisent les clients légers ou les clients dits riches aujourd’hui, alors j’espère que cela apportera aussi un peu de lumière sur le sujet. Comme d’habitude, je vous invite à me faire part de vos commentaires via LinkedIn.