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« Le logiciel, nouveau nerf de la guerre économique » (Accenture)

Ne vous fiez pas aux apparences. Uber n’est pas une société de taxi. Airbnb n’est un groupe de services hôteliers, ou Alibaba une entreprise de grande distribution. Ce sont des entreprises de logiciel. Pour ces sociétés nées du numérique, le logiciel est bien plus qu’un outil, il est le cœur de l’entreprise : il est l’entreprise.

Et cette vision est de plus en plus partagée, bien au-delà de l’écosystème numérique. Elle touche aujourd’hui de grands acteurs de l’économie traditionnelle. Le président du groupe bancaire espagnol BBVA, Francisco González, affichait ainsi très clairement ses ambitions en annonçant que « BBVA sera[it] à l’avenir une société de logiciel ».

Les « digital natives » montrent la voie. Le logiciel est le moteur de leur croissance et de leur créativité. Il est la solution pour monétiser les données, créer de nouvelles offres et réinventer la relation client. Il est aussi le fer de lance de l’innovation : grâce à la possibilité de modifier ses lignes de codes plusieurs centaines de fois par jour pour s’adapter quasi en temps réel aux attentes du consommateur et lui offrir une expérience attractive et personnalisée.

Nul besoin pour autant de développer sa propre infrastructure informatique. Ces entreprises misent sur des plateformes comme le cloud, le crowdsourcing ou les API des services publics. Plus économiques et plus souples, ces solutions ont fait leurs preuves dans la conquête de parts de marché, voire dans la création de nouveaux marchés.

Dans un environnement économique et technologique en constante mutation, tout le défi est de développer et de livrer rapidement de nouveaux logiciels, d’offrir sans cesse de nouvelles applications sur les différents canaux afin de répondre aux attentes et aux besoins évolutifs des consommateurs. Pour les entreprises, la clé est l’agilité. Sur le plan technique, cela suppose l’adoption d’architectures modulaires, de techniques d’intégration de nouvelle génération et d’une vision orientée « cloud » et « mobile ». 

Trois éléments pour devenir agile

Nous avons identifié trois éléments essentiels pour devenir une entreprise agile :

Des architectures modulaires. Les nouvelles applications doivent être dynamiques et flexibles. Pour les développer, les assembler et les modifier rapidement, de nouvelles approches sont nécessaires. Ces architectures modulaires intègrent des composants préconçus et réutilisables ; comme les plates-formes logicielles « as a service », elles font partie de la panoplie de l’entreprise agile. Elles facilitent la création et l’assemblage rapide d’applications.

Des pratiques performantes et automatisées. Aujourd’hui, une entreprise a besoin, en moyenne, de 6 à 12 mois pour déployer de nouvelles applications. L’environnement concurrentiel impose de gagner en efficacité et en rapidité. Les processus de livraison doivent s’industrialiser davantage, grâce notamment aux pratiques DevOps qui accélèrent et fluidifient les interactions entre les équipes de développement et les équipes opérationnelles, en charge du lancement. Les phases de test doivent aussi être automatisées afin de créer un flux continu et instantané de changements. Les applications elles-mêmes sont amenées à devenir plus autonomes – apprenant à savoir quand elles doivent se réparer, et à quelle échelle se déployer. Ces nouvelles pratiques font la force de l’entreprise agile.

Un modèle opérationnel. Le modèle opérationnel de l’entreprise agile doit aussi évoluer. À travers le concept de projet mené de bout en bout qui réunit les phases d’idéation, de design, de réalisation de prototype, de développement, de test et même d’exploitation dans une seule et même fonction. Avec ce modèle, plus de problèmes d’inaction, de remontées négatives ou d’information descendante de mauvaise qualité ; une équipe maîtrise le produit de l’idée jusqu’à l’expérience finale. Cela nécessite une toute nouvelle culture et un environnement collaboratif que toutes les entreprises ne possèdent pas encore. Les innovations doivent également être coordonnées et intégrées au planning stratégique, aussi bien sur le plan commercial que technologique. Avec ce modèle opérationnel, le logiciel participe activement à la performance et aux résultats de l’entreprise agile.

Ces trois éléments sont la clé du succès. Dotée de nouvelles architectures, outils et façons de travailler, l’entreprise agile se met au diapason du marché et de son exigence de réactivité. Plus rapide pour développer et livrer de nouveaux logiciels, elle dispose d’un avantage concurrentiel certain. Elle peut ainsi innover, dans un souci constant de plus grande efficacité opérationnelle, et créer de nouvelles expériences attractives pour l’ensemble de ses publics, employés, citoyens et consommateurs.

 

Par Bhaskar Ghosh, Directeur général d’Accenture Technology Services et Yves Bernaert, directeur d’Accenture Technology en Europe, Afrique et Amérique Latine

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