Le Cloud privé est-il mort ?
Envisager dès aujourd’hui un SI qui serait supporté à 100% par des services délivrés en mode “cloud public”, avec un niveau de qualité de services aligné sur les besoins métiers : voilà qui signerait l’arrêt de mort du Cloud privé ! Mais en est-on si loin ? C'est ce que se demande Régis Tatala (Devoteam Management Consulting)
Le Cloud privé est un concept qui a émergé dans la lignée des plateformes de virtualisation et d’automatisation des processus de provisionning de services, et la plupart du temps dans une logique d’expérimentation. Construites autour des standards internes de l’entreprise, tant en matière de réseau que de sécurité, les plateformes “Cloud privé” sont au final conçues par les équipes IT pour les équipes IT. Et donc, très loin des principes du mode de gestion Cloud : “self-provisionning”, “on-demand” et “pay-per-use”, avec un catalogue de services accessible en ligne par les consommateurs “finaux” des services, en dehors des équipes IT. Les exemples de projets “Cloud privé” n’ayant pas abouti, ou n’ayant de Cloud que le nom, sont nombreux, avec des impacts financiers souvent très importants, du fait des investissements immobilisés (le fameux “stock mort” d’infrastructures).
La maturité croissante des offres de services en “cloud public”, ainsi que les offres de “cloud privatif” portées par les ESN qui cherchent à faire évoluer leurs offres d’infogérant, permettent aujourd’hui d’installer une vision radicalement différente. Pour pouvoir bénéficier des avantages de flexibilité, d’agilité et d’innovation, les entreprises ont maintenant de plus en plus tendance à envisager le sourcing des services en priorité dans le Cloud public ou privatif et à ne maintenir “on-premise” que les services qui le nécessitent, la plupart du temps pour des raisons de sécurité et de réglementation, ou de configurations spécifiques.
La possibilité de faire communiquer le monde “cloud public” et le monde “on-premise” passe également par l’adoption en interne des standards du cloud public, notamment en matière de réseau et de sécurité. Le temps est loin où l’on cherchait uniquement les quelques services “non-critiques” à déployer sur le cloud public, en complément d’un “cloud privé”. La sécurité ne doit plus être un argument systématique et quasi-automatique pour bloquer tout projet vers le “cloud public”.
Le centre de gravité se déplace résolument vers le Cloud public, accéléré par les possibilités de développements autour du PaaS, avec des solutions qui ne sont disponibles qu’en cloud public. Les besoins de pure infrastructure (IaaS) vont se réduire de plus en plus.
Et si l’on complète l’approche avec l’utilisation de services en “cloud privatif”, pour des besoins spécifiques, la disparition complète du Cloud privé peut s’envisager !
Mais cette cible implique encore de nombreuses transformations, à piloter de manière cohérente : réduire l’hétérogénéité des OS pour aller vers Linux, refondre la planification des opérations de production pour tenir compte des coûts à l’usage, adapter les outils de production aux différents sourcing, …, sans parler des changements dans les organisations et les compétences.
Il faut noter que ces problématiques concernent essentiellement les grands comptes, avec un legacy important : les entreprises plus petites, et a fortiori celles qui démarrent , ne se posent même pas la question pour construire leur SI.
Aborder la transformation Cloud en visant la disparition du Cloud privé comme cible ultime, permet de rester pleinement aligné sur les principes de gestion “Cloud” et de définir une trajectoire de transformation en rupture claire…. même si l’on doit maintenir temporairement des infrastructures “on premise” et si la vitesse de transformation varie d’un secteur d’activités à l’autre.
Après près de 15 ans passés au sein de Capgemini Consulting dans le conseil en management, Régis Tatala rejoint Devoteam en qualité de Managing Partner du département Consulting France. Depuis 2013, il prend en charge l’ensemble des activités de Devoteam (conseil & ESN) pour la région Méditerranée. Il a une expérience approfondie de la définition et de l’accompagnement de grands programmes de stratégie, d’organisation et de gouvernance de la DSI de grands groupes mais également une expertise en conduite de changement dans des environnements complexes.
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