Direct Energie : les priorités de la nouvelle DSI, Laurence Guillemot
La nouvelle DSI de Direct Energie détaille la façon dont elle entend assurer l’innovation dans un groupe qui doit se transformer. Mais en conservant, et ce fermement, son métier historique lui-aussi en développement.
Elle est le nouveau visage de la DSI du troisième acteur français de fourniture d’électricité et de gaz avec 1.6 millions de clients. Laurence Guillemot, 38 ans, diplômée de l'Ecole d'Ingénieur ENSTA Paris Tech (École Nationale Supérieure de Techniques Avancées) a été nommée en novembre dernier au poste de DSI de Direct Energie.
Elle avait rejoint Direct Energie en 2008 en tant que Responsable marketing offres et services après être passée chez Neuf Telecom pour gérer le marketing produit des offres Triple Play et le programme anti-churn. En 2010, elle dirige la facturation de Direct Energie, avant de devenir directrice de projets du groupe.
Depuis novembre, celle qui vient des métiers est à la tête d’une DSI d’une centaine de personnes sur un effectif de 420 collaborateurs au total dans le groupe.
Comme nombre de DSI, Laurence Guillemot est aujourd’hui confrontée à un casse-tête. D’abord celui de faire évoluer les processus existants en prenant en compte de nouveaux développements sur le métier historique du groupe. « On passe beaucoup de temps à optimiser les outils en place ainsi que les processus », confirme-t-elle. Dans le même temps, la DSI doit travailler à garantir un volant d’innovation pour assurer la mise à disposition de nouveaux services, plus numériques.
Sur ce premier volet, Laurence Guillemot a déjà fort à faire. Depuis un an, Direct Energie est devenu producteur d’énergie. La groupe a procédé à plusieurs rachats de centrales et doit désormais garantir leur maintien opérationnel.
« C’est un nouveau métier », analyse-t-elle. Ce qui a forcément une implication pour la DSI. « Le pilotage de ces centrales est internalisé et nécessite des développements informatiques pointus ». Le groupe compte donc bien capitaliser sur les compétences métiers de sa nouvelle directrice de l’IT.
Parmi les projets majeurs en cours, Laurence Guillemot évoque celui de l’industrialisation de la DSI. « On s’est développé très vite. Il faut désormais renforcer la DSI. Il s’agit de remettre à plat la méthodologie Projets pour être encore plus rapides dans la réalisation des évolutions à venir ».
La mise en place de référentiels (dont ITIL) et l’uniformisation forment d’ailleurs un chantier prioritaire en devenir.
Conjuguer développement du métier historique
Dans ce contexte, la question se pose de savoir comment aborder l’innovation et de sa place chez Direct Energie.
Le groupe travaille déjà sur la fourniture de nouveaux services numériques auprès des consommateurs. Mais « cela va prendre de plus en plus d’ampleur », assure la DSI.
Actuellement, Direct Energie, exploite les données du compteur électrique intelligent Linky. Un pan que Laurence Guillemot connait bien puisqu’en 2014, elle a pris les rênes, en tant que directrice, des nouveaux projets du groupe. La valorisation des données, issues notamment des compteurs connectés, en faisait partie.
« Nous récupérons les données [de Linky sur ] la consommation électrique toutes les 30 minutes, puis nous les stockons afin de restituer l’information aux clients (dans un espace dédié, NDLR) et de les aider à comprendre leur consommation ». Un email d’analyse est également envoyé.
Mais Direct Energie souhaite par exemple développer à terme un système d’alerte. Et cela n’est qu’une partie émergée de l’iceberg. Désormais la stratégie du groupe « est de devenir un acteur intégré de l’énergie ». Comprendre un acteur qui associe un catalogue de services à son métier premier.
L’enjeu est de taille car le groupe est désormais confronté à une concurrence nouvelle : celle des GAFA qui prennent de plus en plus position dans le foyer des consommateurs à l’image de Google et de son thermostat intelligent Nest. Pour lutter contre cette concurrence issue du Web, l’entreprise mise sur son cœur historique. « On pense qu’il est plus intéressant pour le client d’avoir un seul interlocuteur au cœur de son foyer ».
…à une flexibilité nécessaire à l’innovation
Reste à trouver la bonne formule pour faire éclore ces précieux services innovants. « Actuellement, on a tendance à externaliser certains développements qui concernent des projets en tests et pour lesquels nous ne savons pas encore ce qui sera à pérenniser. Nous allons réfléchir dans les prochains mois à la création d’une équipe interne à la DSI pour prendre en charge ces sujets », assure Laurence Guillemot.
Direct Energie cherche globalement à dynamiser ses processus d’innovation – qui sont font parti des relais de croissance du groupe - en créant donc une unité distincte. Une forme de laboratoire qui reste encore à formaliser.
Ce « lab » sera le réservoir à idées du groupe, l’unité dédiée au cycle de développements courts, et sera dissocié des cycles de production classiques du groupe.
« On sait que les projets sont planifiés quelques mois à l’avance par la production », explique la DSI. Seulement voilà : le département marketing, et toute l’équipe en charge des opérations « digitales » ont besoin de cycles de développement courts. « Comment avoir des ressources dédiées plus souples et qui ne sont pas impliquées dans la feuille de route classique ». Avec ce Lab, l’idée est de répondre à cette problématique avec « un volant plus flexible en mode test ».
Structurer la relation avec les métiers
Mais, et parce qu’elle vient des métiers, Laurence Guillemot entend aussi intégrer les départements opérationnels dans l’équation, en structurant plus justement leurs relations avec la DSI.
« Aujourd’hui, la proximité entre les métiers et la DSI est indispensable, notamment sur le digital où les évolutions sont nombreuses et où elles sont ajustées au fur et à mesure des développements ».
Pas question de fermer la DSI ou de créer des silos. Il s’agit plutôt de placer la Direction de l’IT au cœur du réacteur et de la positionner comme un chef d’orchestre de l’entreprise. « Les métiers connaissent très bien les outils et choisissent eux-mêmes leurs produits. La DSI a néanmoins son rôle à jouer dans ces choix et dans leur intégration avec le SI global. C’est un challenge important pour nous aujourd’hui .»