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L’Open Data dans l’énergie : la valorisation des données est en marche

Dans ce second article, Nicolas Terpollili, Chief Data Officer chez OpenDataSoft, revient sur l’évolution de l’Open Data dans le secteur très critique de l’énergie en France. Un secteur qui doit encore s’approprié les concepts et la mécanique. Mais poussés par la législation, les énergéticiens hexagonaux avancent leurs pions.

C’est une succession de textes de lois qui ont fait entrer le monde de l’énergie en France avec fracas dans l’Open Data. L’action de la Commission de Régulation de l’Energie en parallèle de la Loi de Transition Energétique et son article 179 ont poussé un secteur peu numérisé à ouvrir ses données et à collaborer. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les grands acteurs se sont accaparés la démarche : ils ont décidé de faire de la contrainte réglementaire une opportunité. Comme le précise le cadre d’un des géants français engagé dans une démarche Open Data: “Si on ne le fait pas maintenant, d’autres le feront à notre place.”

Les premiers cas d’usages sont donc simples mais efficaces. Enedis (ex-ERDF, en charge du réseau électrique en France) publie par exemple en Open Data un bilan électrique au pas journalier. On y retrouve les volumes d'énergie injectés, soutirés, produits ou consommés ainsi que des variables permettant de préciser l’analyse comme la température. Au-delà de l’intérêt pour le grand public et pour la multitude de startups de la Green Tech, l’ouverture de ces données a aussi bénéficié en interne. Elles y  sont en effet consommées sous forme de dashboard. Un autre grand du secteur va plus loin dans l'opportunité métier et utilise dorénavant ses données pour calculer les meilleurs parcours possibles pour assurer la maintenance ou le relevé des compteurs de son réseau en fonction de plusieurs facteurs (temps passé, distance, etc). En utilisant ensuite les API de la plateforme, il compose  un parcours en l’agrémentant de données statistiques contextuelles pour aider les personnes sur le terrain.

Si ces initiatives constituent des premiers pas francs vers une meilleure valorisation des données, les différentes lois votées poussent à aller encore plus loin. En effet, tous ces acteurs naviguent au gré de multiples restructurations suite à la libéralisation du marché. Cela a provoqué un nombre important de frictions et on tente aujourd'hui de rattraper le coup en les poussant à partager entre eux leurs données. Cette démarche ne s'inscrit pas nécessairement dans l'Open Data, mais elle participe clairement à cette découverte de nouveaux modes d'échanges de données. La perspective du développement d'un réel réseau de données, impliquant producteurs et transporteurs, laisse entrevoir le socle numérique d'une gestion future de l'énergie en smart-grid. 

A la recherche du bon modèle de partage

Dans le cas particulier du gaz, la CRE (Commission Régulation de l’Energie – le gendarme des marchés de l’électricité et du gaz en France) oblige dorénavant les transporteurs à mettre des résultats en commun. C’est le cas de deux acteurs du métier, qui , ,  viaun sous-domaine commun à leurs domaines respectifs,partagent simplement leurs données utiles. Et ce,sans avoir à se préoccuper de questions d'architecture ou d'interface entre différents systèmes d'informations.

Si le ROI est très clair dans le cas de l'optimisation des tournées de relevé et de maintenance des compteurs, l'impact de ces nouvelles collaborations reste encore à mesurer plus précisément. La montée en puissance des startups de la Green Tech reste encore à confirmer, mais l'ouverture récente de nouvelles bases de données provenant de l'écosystème - comme les données des Diagnostiques de Performance Energétique par l'Ademe (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) - devraient venir consolider ces innovations. On voit déjà arriver des solutions de réduction de consommation énergétique dans les entreprises et même chez les particuliers,. Ce ne sont là que des premiers pas.  et desopportunités restent à saisir :c’est le cas avec la publication récente des données sur le bio-méthane et dans un futur proche la mise à disposition potientielle des données Linky. 

Le monde de l’énergie est un monde de réseaux. Il n’est finalement pas surprenant que l’infrastructure de données vienne épouser ce réseau. Reste cependant un certain nombre de questions : 

  • Comment arriver à ouvrir des données à une granularité suffisamment fine pour qu’elles deviennent  exploitables directement sans menacer la vie privée des particuliers ?
  • Si les premières initiatives sont très encourageantes, jusqu’où iront les acteurs du secteur dans le partage de données ? 
  • Comment la construction d’un réseau de données énergétiques pourrait contribuer au développement et à la dynamique d’un nouveau mixe énergétique, à l’échelle de la France mais surtout de l’Europe ?

Cet article est le second d’une série rédigée par Nicolas Terpollili CDO chez OpenDataSoft, portant sur l’Open Data dans l’industrie en France. Le premier est intitulé « L’Open Data dans les media : une voie vers la modernisation ».

 

Passionné d'Open Data depuis 5 ans maintenant, Nicolas Terpollili a rejoint OpenDataSoft en tant que Chief Data Officer. OpenDataSoft propose un outil qui permet à de plus en plus de clients de valoriser leurs données simplement et efficacement. Son rôle est de faire en sorte qu'il y ait de plus en plus de données disponibles sur la plateforme, qu'elles circulent de plus en plus facilement et, surtout, qu'elles soient de plus en plus réutilisées.Nicolas est diplômé de l'Ecole Centrale de Lille. Après avoir travaillé sur l'Open Data à Manchester, il fait l'aller retour entre activités d'entrepreneur et de freelance avant de rejoindre OpenDataSoft à l'été 2015.

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