Il y a dix ans, l’iPhone ouvrait la voie à la transformation digitale
En s'invitant dans nos poches, le smartphone n'a pas seulement bousculé la téléphonie mobile et l'informatique personnelle et d'entreprise. Il a conduit à l'émergence d'une multitude de nouveaux usages et de transformations.
Si l’iPhone fête aujourd’hui ses dix ans, il reste difficile d’oublier l’expérience de son annonce, le 9 janvier 2007. Ce matin-là, Steve Jobs parle d’iPod, de terminal Internet, de téléphone : « un téléphone, un terminal Internet, un iPod », répète-t-il deux fois, avant de lancer « Vous comprenez ? Ce ne sont pas trois appareils ! ». Mais un seul et unique, l’iPhone. La tension est palpable. L’enthousiasme, dans la salle, est tout simplement prodigieux. Il fallait être totalement imperméable pour ne pas le percevoir.
Dans les jours qui suivirent, les critiques – les moqueries, plutôt – n’ont pas manqué de fuser chez des constructeurs historiques de la téléphonie mobiles qui auront ravalé, bien plus vite qu’ils ne l’auraient probablement espéré, leur suffisance.
Mais l’iPhone a fait plus que simplement bousculer l’ordre établi du marché de la téléphonie mobile. Il a tout d’abord fait adopter le smartphone par le public, là où tous les autres avaient, jusqu’alors, échoué. Aujourd’hui largement dépassé, en termes de parts de marché par Android, l’iPhone n’en a pas moins marqué un tournant technologique majeur.
Pour beaucoup d’acteurs et d’observateurs de l’industrie IT, l’iPhone est tout simplement à l’origine de la consumérisation de l’IT. De fait, malgré de nombreuses critiques, plus ou moins justifiées, une réalité s’est rapidement imposée : l’iPhone entrait dans les entreprises, généralement par son sommet, sans que les DSI ou les RSSI ne puissent s’y opposer malgré, parfois, une infraction évidente aux règles internes de sécurité informatique. Sans compter l’aspect disruptif d’un outil informatique non managé dans un environnement d’habitude largement contrôlé.
Mais l’empreinte de l’iPhone sur nos vies et nos sociétés va plus loin. Cette adoption en masse du smartphone est au cœur de ce qu’il est convenu d’appeler la digitalisation. Lk Conseil estime ainsi que cet appareil est devenu « l’inévitable carrefour de nos instants numériques ». Il serait consulté 50 fois par jour en moyenne par 45 % des 18-24 ans. On compterait 35 millions de mobinautes en France, et 85 % d’entre eux surferaient sur Internet quotidiennement. Déjà plus d’un quart des achats en ligne se feraient sur mobile. On est bien loin des usages et de l’adoption du défunt WAP…
Et pourtant, l’iPhone est apparu à une époque où les forfaits de téléphonie mobile n’avaient rien à voir avec ceux dont nous disposons aujourd’hui : les opérateurs ont alors créé des offres taillées sur mesure pour les usages auxquels l’iPhone ouvrait la voie.
Si Steve Jobs s’est initialement opposé à l’ouverture du smartphone d’Apple à des développeurs d’applications, c’est semble-t-il surtout en raison d’inquiétudes quant à leur validation. Il n’avait peut-être pas pris la pleine mesure de la transformation à laquelle l’iPhone ouvrait la voie. Mais déjà en janvier 2007, ce smartphone était présenté comme « l’ultime appareil numérique », celui grâce auquel « votre vie [tient] dans votre poche ».