IFS : un nouveau PDG pour une nouvelle phase de croissance
Mark Moffat a remplacé Darren Roos au poste de PDG d’IFS. Sa stratégie restera concentrée sur six verticaux et sur l’IA. Mais une nouvelle ère s’ouvre, avec l’objectif de devenir « le Salesforce ou le Workday » des ERP industriels.
Darren Roos, le PDG tatoué d’IFS, avait été nommé à la tête de l’éditeur en 2018. Cinq ans ont passé. Devenu, en début d’année, président du conseil d’administration, Darren Roos a passé la main à Mark Moffat, son ex-directeur commercial venu de PwC.
La succession ne sera pas simple tant l’ère Darren Roos a transformé IFS. La société est passée d’un éditeur d’ERP sur site à un fournisseur de plateforme SaaS (IFS Cloud) – qui s’est même élargie à l’EAM – et avec une forte présence dans le FSM. Les revenus cloud d’IFS sont passés de 36 % en 2018 à 80 %.
IFS a également recentré ses produits pour se concentrer sur six industries (l’aérospatiale et la défense, l’énergie et les services publics, la construction et l’ingénierie, l’industrie manufacturière, les services, et les télécommunications).
Son successeur, Mark Moffat aura donc fort à faire pour ne pas décevoir. Il s’est confié sur ses projets et sur sa vision de l’avenir d’IFS, dont il a désormais la responsabilité.
LeMagIT : Vous êtes le nouveau PDG d’IFS et Darren Roos préside le conseil d’administration. Comment s’est déroulée cette transition ?
Mark Moffat : Au cours des six derniers mois, [Darren Roos] et moi avons travaillé de consort pour mener cette transition, la plupart du temps à l’abri des regards. Ce passage de témoin s’est fait en douceur et m’a permis de bénéficier de toute l’expérience [de Darren].
Ce changement est aussi l’occasion d’apporter un nouveau leadership, une nouvelle énergie, et une nouvelle équipe pour concrétiser ce que nous envisageons pour la suite d’IFS. Car si IFS a connu un parcours incroyable – avec une croissance de 30 % par an sur cinq ans, et un revenu d’environ 1,5 milliard $ – l’entreprise n’en a pas fini avec sa transformation.
Notre potentiel de croissance est tel que nous visons les 5 à 6 milliards $. Mais ce qu’il faudra faire pour y parvenir sera très différent de ce que nous avons fait dans le passé.
LeMagIT : IFS était à l’origine un éditeur de logiciels ERP sur site pour l’industrie manufacturière, puis vous avez proposé des solutions cloud, dédiées à des industries. Quelle est la prochaine étape pour IFS ? Et quelle place y tiendra l’IA ?
Mark Moffat : L’évolution technologique ne s’arrête jamais. Il se trouve qu’en 2023, le monde est devenu fou d’Intelligence artificielle. Il s’agit donc d’une évolution logique pour la feuille de route de nos produits.
[IFS] est en plus très bien placé sur ce sujet. Nous avons déjà une solution exceptionnelle qui exploite l’IA, en particulier dans les domaines de la planification, de l’ordonnancement et de l’optimisation. Nous avons démarré avant d’autres.
L’autre objectif est de continuer à pénétrer les segments que nous ciblons – que nous décrivons comme ceux qui sont au croisement des actifs (assets) et du service. C’est notre mission n° 1. Notre potentiel est encore très supérieur à notre part de marché.
Pour faire une comparaison, nous voulons devenir dans la gestion des actifs industriels une sorte de réponse réflexe des DSI qui remplacent leurs existants – un peu comme peuvent l’être Salesforce dans le CRM, Workday dans le HCM, ou, sans doute encore, SAP pour la finance.
Tout aussi important, nous allons passer à la vitesse supérieure avec notre écosystème de partenaires. Il y a cinq ans, nous n’avions pas vraiment de partenaires. Aujourd’hui, nous en avons 400 et cet écosystème est très actif.
Enfin, il faut que nous améliorions la notoriété de notre marque. Nous investissons aussi pour notre image.
LeMagIT : IFS a fait plusieurs acquisitions au cours des années récentes. D’autres vont-elles suivre et, si oui, pour faire quoi ?
Mark Moffat : C’est vrai. Nous sommes très « fusions acquisitions ». Darren Roos prévoit de consacrer une grande partie de son temps de président du conseil d’administration à examiner la stratégie globale du secteur et à identifier des acquisitions possibles, qui permettront, soit d’étendre l’empreinte fonctionnelle de notre solution, soit de mieux nous implanter dans des régions géographiques.
Mais, j’insiste, toutes ces acquisitions resteront dans les secteurs que nous ciblons. Falkonry en est un bon exemple. C’est un système de détection d’anomalies par IA, leader dans l’aérospatiale et de la défense. Poka est un peu différent parce qu’il s’agit d’une technologie de travailleurs connectés, mais pour les ateliers des usines.
Et il faut aussi qu’il y ait un retour sur investissement raisonnable. Il y a 18 mois, il y avait beaucoup de choses à vendre, mais elles étaient clairement surévaluées. La situation a changé, mais peu de personnes sont prêtes à vendre à des prix aussi bas.
Nous attendons donc que le marché se calme. Les fusions et les acquisitions sont résolument au cœur de nos actions, mais nous n’allons pas non plus jeter l’argent par les fenêtres pour acheter des choses trop cher.
LeMagIT : Avez-vous encore d’autres plans pour faire croître IFS ?
Mark Moffat : Nous envisageons de nouvelles sources de revenus. Un autre objectif est d’évaluer les marchés B2B2B et B2B2C.
Par exemple, un de nos clients nous a dit être très intéressé par le fait de mettre à la disposition de ses propres clients notre logiciel dans une sorte de service packagé – avec de la détection des anomalies et du Machine Learning.
Ce client nous a expliqué que quand ses machines sont en panne, cela lui coûte beaucoup d’argent. Si notre IA lui permet d’anticiper des anomalies et de faire de la maintenance prédictive, il peut à la fois éviter les coûts de ces pannes, et en plus facturer une option premium à ses clients.
Et de notre côté, cela ouvre une nouvelle source gigantesque de revenus pour IFS.
Propos recueillis par notre collègue Jim O’Donnell de TechTarget (groupe propriétaire du MagIT)