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Bonnes pratiques pour faire appel au nearshoring dans de bonnes conditions

Le CEO de l’ESN Aymax, Maxime Cariou partage les « best practices » qui permettent de recourir au « nearshoring » dans les meilleures conditions, aussi bien pour les entreprises commanditaires que pour les prestataires. Nearshoring qui, selon lui, est et reste indispensable dans l’IT.

La question de l’externalisation de l’activité n’est pas nouvelle. Dès les années 1980-1990, des entreprises ont choisi de délocaliser des activités, comme la production et les services informatiques, vers des pays avec des coûts de main-d’œuvre inférieurs, comme l’Inde ou les Philippines. Cette tendance, le « offshoring », a été rapidement facilitée par l’essor des nouvelles technologies. Mais les entreprises ont tout aussi rapidement réalisé à quel point la gestion d’équipes opérationnelles à grande distance était complexe.

Elles se sont alors tournées vers le « nearshoring » : l’externalisation vers des pays voisins. Ce système s’est imposé dans les années 2000. Il n’a eu de cesse, depuis, de monter en puissance. Jusqu’à aujourd’hui, il est une des clés de réussite des entreprises européennes et américaines, notamment dans le secteur de l’IT.

Le nearshoring devenu particulièrement populaire en Europe « occidentale », où de nombreuses entreprises ont externalisé vers des régions proches, comme les pays d’Europe de l’Est. Les États-Unis aussi le plébiscitent et travaillent avec des pays d’Amérique latine, comme le Mexique.

Mais comment expliquer cet engouement ? Peut-on réellement s’en passer ? Et quelles en sont les Best Practices pour y recourir ?

Un vivier de talents

Dans certains pays et sur certains secteurs, les entreprises sont confrontées à une forte pénurie de talents. C’est le cas de la France avec les profils IT. Les ESN – comme la nôtre – ont beaucoup de mal à recruter, particulièrement les profils très capés. Le nearshoring, en fonction des pays, peut offrir un nouveau vivier de talents, particulièrement bien formés et ouverts à de nouvelles opportunités.

Personnellement, travailler avec la Tunisie et l’Égypte nous a permis de dénicher des talents et de répondre à des appels d’offres que nous n’aurions pu gagner qu’avec nos équipes françaises. Le nearshoring permet donc d’accéder à une expertise spécialisée qui ne peut parfois pas être disponible localement.

La proximité géographique et culturelle 

Si l’offshoring n’a plus la cote, c’est qu’il engendre des défis d’organisation, de synchronisation et de cohésion. Le nearshoring, lui, répond à toutes ces problématiques : la proximité géographique et culturelle permet des communications fluidifiées, souvent dans des langues communes.

Chez Aymax, nous travaillons en français et en anglais, par exemple. Cela facilite grandement la coordination des missions et la collaboration entre les équipes sur les différents projets menés.

Enfin, dernier effet positif de cette proximité, et non des moindres, aujourd’hui, il n’en résulte quasiment aucun décalage horaire.

Malgré tout, il a pu nous arriver d’être confrontés à certains doutes sur l’aspect culturel, mais la qualité de la communication et de la cohésion, mises en place entre les équipes multinationales, les a rapidement dissipés.

La flexibilité et l’agilité

Le nearshoring est aussi synonyme de flexibilité et d’agilité opérationnelle. En externalisant certaines activités vers des destinations proches, les entreprises peuvent plus facilement ajuster leurs effectifs en fonction des aléas de leur activité ou des besoins d’un projet spécifique. Elles peuvent plus rapidement monter en puissance, vu qu’elles disposent de plusieurs marchés pour recruter leurs talents.

Vous remarquerez que je n’ai pas évoqué la question de la réduction des coûts en premier. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’à mes yeux, elle n’est plus l’atout majeur du nearshoring.

« Si auparavant, il existait une “main-d’œuvre à bas coût”, elle ne concerne plus l’activité nearshore. »
Maxime CariouCEO, Aymax

Je m’explique : si nos clients réalisent des économies et sont gagnants en matière de flexibilité, c’est essentiellement grâce à la différenciation monétaire qui leur est avantageuse. Si auparavant, il existait une « main-d’œuvre à bas coût », elle ne concerne plus l’activité nearshore. En effet, nous parlons ici de pays où les diplômes ont aujourd’hui une valeur plus élevée et où les talents disposent de compétences que l’on ne trouve pas ou plus en France. Penser que les salariés de ces pays auraient des exigences moindres, en termes de rémunération, de considération ou de QVT, serait une grave erreur.

Nearshoring : les best practices

Pour ne pas tomber dans les travers du passé de l’ancien offshoring, nous avons mis en place des dispositifs qui garantissent la cohésion de nos équipes internationales et in fine, l’efficacité de nos collaborateurs, où qu’ils se trouvent. 

Premier élément : une charte de qualité commune à l’ensemble des collaborateurs du Groupe. Celle-ci est un socle qui rappelle à la fois nos exigences, nos valeurs, et chacun doit s’y conformer. Pour moi, il était essentiel de diffuser une culture d’entreprise forte à travers toutes nos business units

Autre point, nous avons dû rassurer les clients. Lorsque nous avons pris le tournant de l’international, ce qui est arrivé assez vite, certains de nos clients voyaient le nearshoring comme un risque.

Nous avons dû les convaincre, par l’efficacité et la franchise, que ce choix était gagnant. Aujourd’hui, nous garantissons encore, par exemple, aux clients qui le souhaitent un chef de projet dans le pays concerné (pour les rassurer) et nous sommes transparents concernant la production en nearshore quand cela est nécessaire. Rien n’est jamais caché ou dissimulé.

Cette confiance est essentielle : l’offshoring, tout comme le nearshoring à ses débuts, a trop souffert de pratiques douteuses basées sur le non-dit. Bref, si vous fonctionnez avec des équipes à l’étranger : dites-le, assumez-le pleinement !

Enfin, dernier point pour garantir la qualité et l’efficacité de toutes nos équipes, nous nous sommes engagés dans une vaste démarche de certification qui garantit un niveau d’exigence à toutes les équipes et qui engage le groupe dans son ensemble : ISO9001 (pour le processus qualité), ISO27001 (pour la sécurité des systèmes d’information et de la donnée), exigences RGPD.

Toutes ces normes viennent aussi rassurer les clients et le marché. Et elles ne sont pas anodines lorsque l’on mène une activité nearshore.

Conclusion

Dans des sociétés multiculturelles et mondialisées comme les nôtres, il serait illusoire de penser qu’une entreprise qui souhaite accélérer pourrait se passer de cette dimension internationale.

Preuve en est qu’aujourd’hui, certains de nos clients (parmi eux, des acteurs du CAC40) ou certains prospects nous demandent cette externalisation sur leurs projets.

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