BI en langage naturel : les cinq points différenciants d'Ask Data (de Tableau)
Tableau vient de sortir un outil qui permet de poser des questions écrites en anglais à son outil de BI en libre service. Baptisé Ask Data, cet assistant en rappelle d'autres. Le Chief Product Officer de l'éditeur promet l'arrivée rapide du français et explicite ses points différenciants au MagIT.
L'entretien qui suit a été réalisé avec François Ajenstat, Chief Product Officer de Tableau, quelques jours avant la sortie officielle d'Ask Data, le 13 février.
Il est retranscrit dans son intégralité mais a été retravaillé pour le confort de lecture.
LeMagIT : quelle technologie motorise Ask Data ? S'agit-il d'une technologie Tableau ou utilisez-vous des services tiers, comme beaucoup d'éditeurs ?
François Ajenstat : C'est une technologie maison. Il y a 18 mois, nous avons acquis une société appelée ClearGraph. C'est une startup de la Silicon Valley qui a été parmi les premières à travailler sur les questions en langage naturel appliquées à des données métier. L'outil traduisait les questions en anglais des utilisateurs en requêtes pour les bases de données. Nous avons racheté cette technologie, et nous l'avons intégrée à notre plate-forme. C'est cette technologie propriétaire qui motorise Ask Data aujourd'hui.
LeMagIT : Tous vos concurrents ont fait à peu près le même genre d'annonces - MicroStrategy, Oracle, Qlik. Qu'est-ce qui différencie Ask Data ?
François Ajenstat : Bonne question. Je pense que toutes les solutions de BI incluront une certaine dose de langage naturel. C'est l'avenir ; de la même façon que tout le monde a ajouté de la visualisation de données après avoir vu Tableau.
La grande différence entre l'approche de Tableau et les autres, c'est d'abord qu'il n'y a aucune configuration à faire. Il vous suffit de connecter les données et vous pouvez automatiquement commencer à poser des questions. La plupart des autres solutions exigent beaucoup de travail de préparation des données, il faut les modéliser et ajouter de la sémantique avant de pouvoir poser les questions. Chez nous, c'est automatique.
Deuxième point, Ask Data fonctionne avec toutes les données que Tableau prend déjà en charge, là où elles sont. Nous supportons plus de 65 sources de données différentes. La plupart des autres plates-formes exigent que vous déplaciez d'abord les données vers leur plateforme avant de pouvoir les requêter. Donc non seulement vous avez beaucoup de configuration, mais vous devez aussi dupliquer les données. Ce n'est pas le cas avec Ask Data.
Troisièmement, Ask Data est disponible dans notre Cloud, sur site ou dans le Cloud public. Certains éditeurs proposent ce genre de fonctionnalité uniquement dans le Cloud. D'autres nécessitent le déploiement préalable d'une appliance. Chez Tableau, peu importe l'endroit où le client déploie Ask Data.
Quatrième point, ce que Tableau a réussi à faire dans le passé, c'est de rendre les données accessibles. Nous démocratisons l'analytique poussée, avec des bonnes pratiques de DataViz intégrées. Tout cela est également disponible dans Ask Data.
Enfin, Ask Data est totalement gratuit. Tout ce que le client a à faire est de passer à la version 2019.1 de Tableau. Et si vous utilisez Tableau online, notre version SaaS, Ask Data est intégré sans frais supplémentaire.
Ce que nous avons aussi constaté : de nombreuses fonctionnalités de requêtage en langage naturel du marché permettent de répondre à des questions simples - voire simplistes. Ce que nous avons essayé de faire, c'est de répondre d'une manière simple mais à des questions complexes.
LeMagIT : Vous dites qu'Ask Data est prêt à l'emploi. Est-ce à dire qu'il n'y a pas de phase d'apprentissage du bot ? En tant que journaliste IT, j'utilise un vocabulaire qui n'est pas le même que celui des professionnels des services financiers, qui utilisent eux-mêmes des termes différents de l'industrie manufacturière et de la distribution...
François Ajenstat :Non, il n'y a rien à lui apprendre. Souvent, les données des entreprises intègrent déjà une partie de contexte, comme les termes et les dimensions à utiliser. Ask data reprend cela automatiquement.
En revanche, vous pouvez enrichir le modèle au fur et à mesure que vous l'utiliser. Vous pouvez ajouter des pseudonymes ou d'autres caractéristiques. Par exemple, vous pouvez expliciter différentes façons de dire "Ventes". Peut-être que "ventes", dans votre entreprise, c'est la même chose que "revenus" ou que "réservations".
LeMagIT : Quand vous dites qu'il peut être utilisé sur site, est-ce entièrement sur site - ce qui signifie que tout le traitement, la compréhension et la génération du langage naturel sont intégrés dans le code de la version serveur de Tableau -, ou est-ce une sorte de déploiement hybride avec une partie sur site et tout le traitement du langage dans le Cloud ?
François Ajenstat : Si Ask Data est déployé sur site, tout est sur site. C'est très important pour les banques ou les agences gouvernementales qui ne veulent pas que leurs données quittent les murs de l'organisation. Sur site, tout fonctionne de façon autonome.
Cela a été un travail acharné pour faire fonctionner Ask Data de cette manière, mais cela signifie aussi que lorsqu'un client l'utilise, le logiciel devient plus intelligent dans son environnement à lui.
LeMagIT : Ask Data est actuellement disponible en anglais. Le sera-t-il dans d'autres langues, dont le français ?
François Ajenstat : La première version est uniquement en anglais. Mais les autres langues que Tableau supporte (Français, Allemand, Espagnol, Allemand, etc.) sont sur notre feuille de route.
Ce que nous voulions faire pour la v1, c'était de nous assurer que les gens puissent poser des questions naturellement, en anglais, et que cela fonctionnait bien. Maintenant que nous l'avons fait, nous allons travailler pour ajouter d'autres langues.
La façon dont vous posez la question en français est différente de celle dont vous la posez en anglais et en allemand. Nous sommes donc en train de construire ces différentes structures de phrase en ce moment même.
LeMagIT : Quels sont les retours des entreprises qui ont bêta-testé Ask Data ?
François Ajenstat : Nous avons eu pas mal de bêta-testeurs. D'une manière générale, les retours montrent qu'ils voient Ask Data comme un moyen d'élargir leur base d'employés à même de tirer des réponses des données.
Ils ne le voient pas comme un substitut aux outils existants ou comme un moyen de se passer des Data Scientists. Ask Data ne remplace pas non plus les outils historiques de Tableau.
Pour eux, il s'agit de permettre à une catégorie de personnes - principalement les métiers - de poser des questions aux données alors que ces non spécialistes ont été jusqu'ici intimidés par les logiciels de BI qu'ils pensaient être trop complexes à utiliser.
François Ajenstat est directeur produit chez Tableau. Il est responsable de la stratégie produit mondiale et supervise le portefeuille de solutions (prix, positionnement, etc.). Il est également chargé d'intégrer les feedbacks clients dans la vision stratégique du portefeuille de l'éditeur.
Avant de rejoindre Tableau, il a travaillé chez Microsoft pendant 10 ans, notamment dans les équipes SQL Server. Auparavant, il s'occupait pour Cognos des alliances stratégiques avec des partenaires comme IBM, HP ou Microsoft.