Yann Guernion, Sysload : "Nous proposons une démarche basée sur Lean et Six Sigma"
Dans un entretien avec LeMagIT, Yann Guernion, chef de produit chez Orsyp fait le point sur les intégrations en cours entre les logiciels d'Orsyp et ceux de Sysload, rachetés fin 2009. Il revient aussi sur l'intérêt d'appliquer des méthodes venues de l'industrie telles que Lean (Toyota) ou Six Sigma (Motorola) à la gestion des datacenters. Des méthodes dont certains principes sont câblés dans les dernières versions des outils Sysload.
LeMagIT : cela fait maintenant près de 18 mois qu’Orsyp a racheté Sysload, pouvez-vous faire un point sur les intégrations réalisées et sur les intégrations à venir entre les produits des deux sociétés ?
Yann Guernion : Nous avons déjà réalisé un certain nombre d’intégrations en matière d’échange d’informations. Dans Sysload, on peut par exemple monitorer des tâches suivies par Dollar Universe [l’outil phare de job scheduling d’Orsyp]. Ce type d’intégration fournit des informations précieuses. Il permet par exemple de connaître la meilleure période à laquelle exécuter un job. L’info de planification permettant à son tour d’utiliser au mieux la capacité disponibilité.
Après la rentrée, cette intégration entre les produits va se renforcer et nous en dirons beaucoup plus à ce moment. Nous proposerons par exemple dans Dollar Universe de piloter des jobs à partir d’informations de performances remontées par Sysload.
LeMagIT : comment voyez-vous évoluer votre marché de la gestion de performances ?
Y.G : Il y a un glissement de la gestion de performance pure vers la gestion de capacité. La recherche d’optimisations amène beaucoup d’entreprises à s’intéresser à la gestion de capacité. L’intérêt de l’offre Sysload est de proposer une solution unique d’instrumentation des datacenters pour gérer les performances, mais aussi fournir des bases métrologiques et de la gestion de capacité. L’idée derrière ces outils est d’amener de la valeur à deux niveaux : au niveau de la performance tout d’abord, puisque on peut aider à garantir les niveaux de service, mais aussi en matière de gestion de capacités pour aider l’entreprise à aligner les coûts. Beaucoup de clients cherchent aujourd’hui à optimiser leur infrastructure sans impact sur leurs niveaux de service.
LeMagIT : on parle beaucoup aujourd’hui de gérer les datacenters comme des usines. Est-ce dans cette philosophie que vos produits se sont enrichis de concepts tels que Lean ou Six Sigma?
Y.G : Nous proposons dans notre produit SP Portal une démarche qui est basé sur Lean (Toyota) et Six Sigma (Motorola). L’idée est de favoriser l’élimination des gaspillages au sein du datacenter. Pour cela, on aide notamment l’IT à localiser les serveurs ou les VM qui consomment des ressources sans réelle valeur ajoutée pour l’entreprise. Sur des grands parcs, c’est une tâche assez compliquée que de détecter les machines qui ne servent à rien. La méthode permet de classifier les VM et de déterminer une norme sur la base de laquelle on va localiser les serveurs peu productifs afin de les éliminer ou de les faire évoluer pour s’aligner sur la norme. Ce faisant, on rend les niveaux de services plus prédictibles et on produit des économies d’échelles dans le SI tout en préservant la qualité de service.
Dans la pratique, ce que nous proposons n’est rien d’autre qu’une méthode systématique pour optimiser les coûts des opérations informatiques. Et cette idée fait son chemin dans des directions des opérations qui se considèrent de plus en plus comme des usines à produire des services. D’où le credo qui consiste à instrumenter pour améliorer. On ne peut améliorer que ce que l’on connaît bien. Il faut donc mesurer, établir un plan d’action, l’appliquer puis réitérer la mesure.
LeMagIT : un cercle infernal ?
Y.G : Non, plutôt un cercle vertueux. Nous sommes dans une démarche d’automatisation. Les outils de SP Portal 3.70 permettent d’automatiser les mesures ainsi que les analyses et le reporting. Si on a des milliers de serveurs avec des milliers de métriques, tirer des KPI n’est pas si simple.
Un des constats que nous faisons souvent chez les clients par exemple est qu’ils ont tendance à surdimensionner les VM faute de métriques adéquats.
LeMagIT : c’est un remake des marges de sécurité que les exploitants prenaient autrefois dans le monde physique…
Y.G : Oui mais, dans bien des cas c’est injustifié et cela a un impact non seulement sur les coûts mais aussi sur les performances. Car confronté aux demandes des VM, l’hyperviseur va tenter d’allouer les ressources demandées, ce qu’il ne pourra pas toujours faire correctement et ce qui en cascade nuira aux performances. Et c’est sans parler des marges de capacité à prévoir pour les clusters VMware en mode HA… Ces surcoûts ne sont peut-être pas visibles en interne. Mais ils le deviennent quand on projette des VM mal dimensionnées dans le cloud ou dans l’infrastructure d’un prestataire externe. En effet, il faut alors payer le vrai prix de cette surallocation de ressources. C’est aussi ce type de mauvaises surprises que nos outils peuvent aider à éliminer.
LeMagIT : plus généralement quel est le rôle des outils Sysload dans des environnements virtualisés ?
Y.G : La mise en place des chaînes virtualisées a libéré certains utilisateurs des chaînes de validation classiques et il y a eu des déploiements sauvages de VM qui se traduisent aujourd’hui par de vraies peines chez certains clients. Chez d’autres, où la virtualisation est toujours en cours, un autre problème reste l’identification des serveurs candidats à la virtualisation. On recense encore pas mal de mise en œuvre de nos produits pour des utilisations de ce type.
LeMagIT : quelles sont les évolutions à attendre dans les mois à venir ?
Y.G : On s’intéresse actuellement à la notion de simulation, avec l’incorporation de scénarios de type « what if ? ». Ce sont des fonctions qui sont attendues pour la fin de l’année dans nos produits.