Subvention des portables low cost : "une pression concurrentielle plus forte"
Au début de l’année, avec l’EeePC d’Asus, SFR a ouvert la porte à la subvention par les opérateurs mobiles des PC portables communicants à bas coût. The Phone House vient de s’engouffrer dans la brèche avec son clone d’EeePC, le Kira 740. Nous avons interrogé Marc Bourreau, professeur d’économie à l’ENST, afin d’y voir plus clair dans ce nouveau mode de commercialisation de l’informatique.
LeMagIT : La commercialisation d’ordinateurs portables avec subvention par un opérateur mobile dans le cadre de la souscription d’une offre data vous semble-t-elle surprenante ? Cette démarche peut-elle être durable ?
Marc Bourreau : Le modèle de la subvention fonctionne en téléphonie mobile car les terminaux et les abonnements sont complémentaires : la demande pour l’un des deux augmente si le prix de l’autre diminue. Le téléphone mobile et l’abonnement sont un même « système », c’est-à-dire que l’un n’a qu’une utilité très limitée sans l’autre.
On peut voir la même complémentarité entre l’ordinateur portable à bas coût et l’abonnement data : en dehors de la connexion à Internet, les ordinateurs comme l’EeePC n’ont que peu d’intérêt.
LeMagIT : Né avec l’EeePC et son premier clone, le modèle de la subvention de l’ordinateur portable peut-il s’étendre à des modèles plus évolués, d’une part, mais aussi aux professionnels ?
M.B. : Je ne pense pas : la complémentarité est moins forte. Les ordinateurs portables « conventionnels » sont plus polyvalents dans leurs usages. D’ailleurs, l’absence d’offre data très intéressante n’a pas empêché le développement du marché des ordinateurs portables. Néanmoins, la subvention des portables communicants à bas coût est susceptible de créer une pression concurrentielle plus intense sur l’ensemble du marché des ordinateurs portables. Quant à l’extension du modèle aux entreprises, il dépendra de leur sensibilité au prix du terminal.
LeMagIT : Les portables communicants à bas coût vont-ils réussir à faire décoller le marché de la data mobile ?
M.B. : J’ai l’impression que le marché de la data mobile démarre vraiment avec l’émergence des offres « flat rate » (un forfait tout compris, ndlr). Les offres data précédentes constituaient un frein certain au développement du marché. Mais avec des offres comme celles de SFR et The Phone House, les industriels testent le marché de plusieurs manières. Il y a d’abord le test du couplage terminal/offre. Mais il y a surtout celui des terminaux, qui doit permettre de répondre à la question du terminal le plus adapté à la data mobile, entre ordinateur portable, smartphone, iPhone, Blackberry, ordinateur de poche… Jusqu'à présent, les terminaux ont aussi constitué un frein au développement du marché de la data mobile.