Stratégies DSI : Vers un nouveau cycle d’investissements IT positifs en 2015 et 2016, selon IDC
Cloud, Big Data, mobilité et sécurité seront les piliers des investissements IT des entreprises en France en 2015. Karim Bahloul, directeur de recherche du cabinet d’analystes IDC, revient avec la rédaction sur ce qui dynamisera les dépenses IT en 2015 et 2016 en France. Vous avez dit transformation numérique ?
Cloud, Big Data, mobilité et sécurité seront les piliers des investissements IT des entreprises en France en 2015. Karim Bahloul, directeur de recherche du cabinet d’analystes IDC, revient avec la rédaction sur ce qui dynamisera les dépenses IT en 2015 et 2016 en France. Vous avez dit transformation numérique ?
LeMagIT.fr : Quel est désormais le lien entre le contexte économique et la croissance de l’investissement informatique des entreprises françaises ?
Karim Bahloul : Il est très étroit, mais l’évolution technologique actuelle peut pousser à une accélération de l’investissement informatique. Avec la crise, l’investissement dans les technologies de l’information s’est réduit. Mais nous pouvons considérer que le marché français IT s’est reconstruit au cours de ces 5 dernières années (entre 2010 et 2014). D’ailleurs, 2014 correspond au moment où le marché IT (hors ventes de smartphones et téléphones mobiles) retrouve la valeur qu’il avait avant la crise de septembre 2008 dont les effets ont été violement ressentis dès 2009 (le marché a baissé de -7% en 2009 en valeur).
Cette période s’est aussi accompagnée d’une remise en cause profonde des modèles sur les marchés informatiques : développement des environnements Cloud public et surtout privé, démocratisation des solutions mobiles auprès du grand public mais aussi au sein des entreprises (tablettes, smartphones, applications mobiles, sécurité des environnements mobiles), repositionnement des grands acteurs traditionnels du marché (IBM, SAP, Microsoft, HP …) et développement de l’activité des nouveaux entrants (Google, Amazon, Salesforce…)
En définitive, la croissance du marché informatique reprend de la vigueur et devrait croître plus rapidement en 2015 que la croissance économique attendue en France.
Le MagIT.fr : il serait donc bon que les DSI ne soient pas trop frileux dans le déploiement de nouveaux projets IT ?
Karim Bahloul : Le lien entre contexte économique et croissance IT joue bien entendu, mais plusieurs dynamiques sont en œuvre. La première est une corrélation purement négative : quand la croissance économique se tasse, les marges de manœuvre se réduisent et contraignent les dépenses IT (l’administration centrale en est le parfait exemple). Mais ce phénomène est amorti, parfois compensé, par la place des technologies IT dans le développement des entreprises. La transformation numérique commence à s’imposer dans de nombreuses entreprises face aux leviers de croissance qu’elle peut générer : amélioration des processus d’entreprise (Cloud, collaboration, mobilité), développement de nouveaux produits et services (mobilité, IoT, PaaS), valorisation du patrimoine informationnel de l’entreprise (Internet des objets, Analytique/BigData).
LeMagIT.fr : Si les entreprises devaient choisir de sur-investir dans l’IT cette année, dans quels domaines devraient-elles le faire ?
Karim Bahloul : Les quatre technologies qui pourraient "sur performer" nos prévisions sont portées par les technologies et solutions sur lesquelles s’appuie cette transformation numérique : le Cloud (+26%), le Big Data (+26%), la mobilité (+10%), la sécurité informatique (+4%). Au-delà des technologies, les prestations de conseil IT sont également portées par ses besoins de transformation.
LeMagIT.fr : Justement dans cette transformation numérique, on a l’impression que les décideurs IT perdent un peu la main. C’est du moins une des craintes qu’ils expriment sur le Shadow IT dans nos différentes enquêtes portant sur leurs modes de décision d’investissements. Qu’en pensez- vous ?
Karim Bahloul : Le shadow IT est identifié, en premier lieu, comme un danger par la direction informatique dans la mesure où il a des conséquences négatives sur la sécurité des environnements et des données de l’entreprise. Les données issues de ces environnements, non consolidées dans le SI, ne sont par ailleurs pas exploitables par le reste de l’entreprise.
Mais le Shadow IT a une vertu importante : il oblige la DSI à se mettre en mouvement pour proposer aux utilisateurs des solutions adaptées, innovantes et dans des délais de delivery compatibles avec les contraintes inhérentes aux métiers (time-to-market). Les technologies IaaS et PaaS représentent d’ailleurs des moyens de développer rapidement des solutions pour les proposer aux métiers, avec un ticket d’entrée raisonnable. Cela devient un levier permettant aux directions informatiques de proposer rapidement aux directions utilisatrices des environnements en production d’idées. En ce sens, le Shadow IT bouscule l’ordre établi, mais il est souvent vécu par les DSI comme l’opportunité de reprendre la main et démontrer leur valeur aux métiers sur des sujets liés à l’innovation, aux nouveaux modèles de business. Les DSI et leurs équipes restent au cœur des décisions dans la plupart des grands projets structurants comme lorsqu’il s’agit d’intégrer la mobilité dans la proposition de valeur de l’entreprise ou de développer de nouveaux modèles économiques grâce aux solutions IoT, un domaine complexe qui demande le savoir faire des directions informatiques.