Stanislas de Bentzmann, Devoteam : "Nous irons chercher la croissance hors d'Europe"
Pour le co-président du directoire de la SSII Devoteam, la cure d'austérité qui s'annonce pour les états européens incite à regarder hors de l'Eurozone pour sa croissance future. Et ce, malgré les premiers signes de reprise dans des pays comme la France.
En décroissance de 7 % en 2009 (à périmètre constant), la SSII Devoteam est parvenue en début d'année 2010 à freiner cette tendance, sans toutefois l'inverser. Pour son premier trimestre 2010 avec un chiffre d'affaires de 116,8 M€, la contraction a été limitée à 3 %. Mais elle atteint encore 5 % sur un an. Dans ce contexte de décroissance organique, la SSII a été cherché son salut dans des acquisitions (celle de Danet en Allemagne - une activité que Devoteam a mis du temps à redresser - ou de Teligent en Russie) et dans ses filiales situées en Europe du Nord ou en Turquie. Les commentaires de Stanislas de Bentzmann, co-président du directoire de Devoteam.
Pour 2010, Devoteam prévoit un CA de plus de 480 M€, pour une marge d'environ 6 %.
LeMagIT : Quel est le climat actuel sur le marché des services IT ?
Stanislas de Bentzmann : On décèle des signes clairs de reprise en France, pour l'instant plutôt dans le consulting que dans l'intégration. Mais, par rapport à l'ambiance catastrophiste de 2009, l'atmosphère a changé : les entreprises comprennent qu'il est nécessaire de recommencer à investir.
Cette inversion de tendance mettra encore un peu de temps à se concrétiser dans nos chiffres pour la France, où nous devrions repartir en croissance à partir du troisième trimestre, car c'est un des marchés les plus compétitifs pour nous. Nous sommes plus protégés sur des marchés comme l'Europe du Nord ou le Bénélux.
LeMagIT : La reprise est donc encore fragile. Craignez-vous que le plan de sauvetage de l'euro, et son corollaire qui sont les plans de rigueur des états membres, ne la tue dans l'œuf ?
S. de B. : Les événements de ces dernières semaines vont se traduire par un arrêt ou un affaiblissement des plans de soutien à l'économie. C'est forcément un signal négatif. Le message global est simple : n'attendez pas de croissance dans la zone euro pour les trois ans à venir. Dans ce contexte, la stratégie de Devoteam consiste à aller chercher notre expansion en dehors d'Europe, comme nous l'avons déjà fait au Moyen-Orient ou en Afrique, dans des pays qui sont dans une logique de rattrapage par rapport aux pays occidentaux. Nous regardons en ce moment des dossiers de sociétés en Europe de l'Est, mais sans pression particulière. Et nous envisageons de nous développer en Asie, dans des villes comme Singapour ou Hong-Kong et des pays comme Taïwan.
LeMagIT : Pourtant, la dernière grosse opération que vous avez effectuée - le rachat de l'Allemand Danet - était en Europe continentale...
S. de B. : Nous avions un trou en Allemagne dans notre couverture du continent. Or, des clients nous demandaient de les accompagner dans ce pays. Nous avons ainsi pu renforcer notre présence auprès d'Airbus, de Sanofi-Aventis ou encore Axa. Et au premier trimestre, après quelques mois difficiles, notre filiale allemande a retrouvé la profitabilité.
LeMagIT : On pourrait faire la même remarque concernant le récent rachat des activités de Tieto en France...
S. de B. : C'est plus une acquisition opportuniste : nous connaissions bien cette activité et nous l'avons acquise à bon prix. Cette société était certes en perte en 2009, mais nous pensons qu'en la gérant à l'intérieur de Devoteam, nous devrions revenir à la profitabilité dès 2010. Qui plus est, cette activité réalise une partie significative de son chiffre d'affaires dans les réseaux mobiles en Afrique et au Moyen-Orient. Et ce marché est en train de redémarrer.
LeMagIT : La fin d'année dernière et le premier trimestre ont été marqués par une contraction des tarifs journaliers en SSII. Qu'en est-il chez Devoteam ?
S. de B. : Depuis 2007, nous avons remonté graduellement nos tarifs. Nous avons effectivement connu un accident au quatrième trimestre 2009. Et les prix sont restés à ces niveaux bas début 2010. Nous avons cependant confiance dans notre capacité à inverser cette tendance. Nous pensons qu'en la matière, le pire est derrière nous.
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