Rainer Zinow, SAP, : "L'ajout de fonctions est entre les mains de nos partenaires"
Dans un entretien exclusif avec LeMagIT, Rainer Zinow, senior vice président de ByDesign chez SAP décrypte la stratégie ByDesign du groupe et du rôle que joueront les partenaires dans l'éco-système. Un Paas qui se peaufine, un SAP Store qui grandit, le géant de l'ERP poursuit son offensive Cloud.
LeMagIT : Quel est le niveau d'adoption de ByDesign ?
Rainer Zinow : Nous sommes dans la 4e année de ByDesign. Nous avons démarré le projet en 2007 pour entamer une reconstruction vers 2008 - 2009. il ne s'agissait pas de ré-architecturer dans son ensemble l'application, mais d'en refondre ses fondamentaux, comme le passage du single-tenancy au multi-tenancy. Et ce notamment pour des raisons commerciales : nous devions réduire nos coûts opérationnels. Car dans le monde du OnDemand, vous êtes à la fois fournisseur de logiciels et fournisseur de services. Et donc le modèle fonctionne si vous parvenez à fournir des services à un coût acceptable.
Nous avons aujourd'hui presque 700 clients de Business ByDesign dans le monde. Je ne connais pas les chiffres pour la France [Vincent de Poret, directeur du développement SAP ByDesign, affirme que la base de clients hexagonaux a triplé depuis le début de la commercialisation, NDLR]. Nous enregistrons également une demande soutenue en Chine et en Inde. Nous avons également modifié quelque peu l'orientation de la solution. Nous confirmons notre positionnement PME de ByDesign, mais depuis le début de l'année, nous avons lancé un kit de développement pour ByDesign. Nous sommes désormais liés à des partenaires qui ont la possibilité d'étendre la portée de la solution. L'ajout de fonctions n'est plus uniquement dans les mains de SAP, mais également dans celles de nos partenaires. Nous entrons donc dans le domaine du Paas. Nous proposons la brique Saas ainsi que Paas pour permettre à nos partenaires d'étendre le spectre fonctionnel ou encore de développer de nouvelles applications que nous n'avions pas envisagées. Cela sera notre stratégie pour les trois prochaines années.
LeMagIT : Vous mentionnez 700 clients de ByDesign. Mais s'agit-il uniquement de PME ou y retrouve-t-on des grands comptes, déjà utilisateurs SAP ?
R.Z : On y trouve les 2 profils. La majorité sont des entreprises à forte croissance, aujourd'hui petites, mais dont le potentiel de progression est élevé. [il cite par exemple la société Skullcandy, fabricant d'écouteurs très tendance, NDLR]. L'autre profil correspond à des entreprises du marché des fournisseurs de services dont le modèle économique repose sur la propriété intellectuelle : les consultants, les éditeurs de logiciels, les juristes, etc. Ils représentent 50 % de notre clientèle ByDesign et sont des PME indépendantes, de 20 à 100 employés. Elles correspondent à notre plus importante clientèle. Le troisième profil sont les filiales de multinationales.La plupart de nos clients nous expliquent utiliser ByDesign parce ce que c'est rapide à déployer et bon marché.
LeMagIT : Ce 3e profil est-il lié à un déploiement SAP existant dans la maison mère ?
R.Z : ça dépend. Car parfois, lorsque le siège d'une multinationale utilise SAP, les filiales souhaitent faire autrement. Généralement, elles ne souhaitent pas installer le même système que celui de la maison-mère. Mais ce qu'il faut retenir, c'est que ByDesign est attractif pour les PME : l'interface utilisateur, la flexibilité ainsi que les possibilités d'intégration sont performantes. Et surtout ByDesign s'intègre à SAP Business Suite.
LeMagIT : Les socles technologiques de ByDesign et Business Suite sont différents. Existe-t-il des connexions entre ces deux socles, si je souhaite par exemple rapatrier mes données ByDesign en interne ?
R.Z : ByDesign est également bâti sur un socle Netweaver. Les caractéristiques architecturales font ici la différence entre les deux plates-formes. SAP Business Suite concerne l'intégration de tous les processus et cela est réalisé via une base de données dont les tables sont partagées. C'est le modèle que nous avons adopté au début des années 90. Le problème est qu'il difficile de rompre avec ce modèle. Avec la re-modélisation de ByDesign, nous disons à votre clientèle que nous ne souhaitons plus ce type de limitations. ByDesign ne repose ainsi pas sur une unique base de données partagée. Si un module 1 veut avoir une information du module 2, par exemple, il envoie un message et n'a plus à se connecter à la base de données. Cette architecture orientée message constitue la plus grande différence entre ByDesign et Netweaver. Et cela donne la réponse à votre question : cette architecture facilite l'intégration et la communication avec des systèmes externes. Vous étendez le bus de services vers ce système.
LeMagIT : Donc le rapatriement on-premise de données s'effectue sans encombre ?
R.Z : cela est un peu exagéré, mais cela est très réalisable.
LeMagIT : Sales est le premier module bâti sur ByDesign. Qu'en est-il du second, Travel OnDemand ?
R.Z : Ce sera le prochain en effet et il sera suivi de Carrier OnDemand. Il s'agit d'une application RH de gestion des talents qui associe tous les processus autour de ce métier.
Travel OnDemand est prévu pour quatrième trimestre, Carrier au premier trimestre de l'année prochaine.
LeMagIT : Comment le Paas de SAP est perçu par la communauté de développeurs et par les utilisateurs ?
R.Z : De façon positive parce que nous avons par exemple opté pour un environnement qui n'est traditionnellement pas celui de SAP (Netweaver et Business Suite). Nous avons opté pour Microsoft Visual Studio et .NET comme environnement. Tout comme le langage Abap qui est troqué pour C#. Nous avons également greffé à C# des possibilités de PHP. Nous essayons de le rendre attractif à des personnes qui n'ont pas été confrontées au monde SAP.
LeMagIT : Et la communauté va grandissante ?
R.Z : Elle est appelée à grossir. Pour le moment, nous n'en sommes qu'au début. Nous avons livré la première version en janvier 2011, et la seconde est prévue pour très bientôt. Mais nous sommes actuellement dans un processus de contrôle de version, et ce jusqu'à la mi-2012.
LeMagIT : Comme vous l'avez mentionné, le coût est clé dans le choix de ByDesign. Mais quelle est la force de ByDesign par rapport à la concurrence ?
R.Z : Il y a deux types d'acteurs sur le marché. Ceux positionnés sur des métiers spécifiques comme Salesforce et Taleo. Ils sont habiles à identifier les processus qui ne nécessitent pas de grosses intégrations, mais ces processus sont très demandés par une grande partie de la clientèle. La seconde catégorie d'acteurs, comme Netsuite, offre une gestion des processus de bout en bout dans le Cloud. Nous somm es sur ce marché depuis de nombreuses années. Un marché qui n'est certes pas aussi exponentiel que celui sur lequel est positionné Taleo, mais qui progresse. Les éditeurs comme Salesforce connaissent une bonne progression sur le marché. Mais ils travaillent également sur des niches et souhaitent avoir des processus plus longs, pour créer au final, peut-être une suite. Ils scellent actuellement de nombreuses alliances. De notre côté, nous partons de notre suite.
LeMagIT : Quels sont les objectifs pour le SAP Store (store.sap.com) ?
R.Z : Elle est opérée par le Cloud SAP. Les opérations européennes sont opérées depuis l'Allemagne, depuis les Etats-Unis pour nos clients américains et depuis la Chine pour nos clients chinois (avec China Telecom). Elle s'appuie sur l'architecture suivante : A la base, nous trouvons le technologie OnDemand et Netweaver (une version allégée) puis la plate-forme d'applications ByDesign. Encore au dessus, on retrouve nos applicatifs Sales, Travel et Carrier. Nos partenaires viennent ainsi s'insérer au centre. Une fois qu'un module est développé, ils peuvent le publier sur le SAP Store [Rainer Zinow nous apprendra plus tard que SAP s'est entretenu avec Apple sur le fonctionnement d'une boutique d'applications, NDLR]. Elle propose toutes les fonctions que l'on est en droit d'attendre d'un magasin applicatif (review, note, commentaires, descriptif, tarif). Quelque 30 partenaires ont publié des applications sur le store. Et nous espérons avoir 100 applications recensées sur notre plate-forme d'ici à la fin de l'année. Cela devrait s'accélérer à la mi-2012 [coordonné à la montée en gamme du Paas, NDLR]
LeMagIT : On a vu la France en pointe avec l'accord sur le CRM signé entre IBM et SAP
R.Z : Nous nous sommes aperçu que les PME de grandes tailles préféraient utiliser Business Suite CRM en mode hébergé, et ne pas avoir de compétences sur le sujet en interne. IBM est parfaitement équipé pour remplir cette mission et prend en charge la gestion globale ainsi que la connectivité
LeMagIT : Et Amazon ?
R.Z : Amazon est déjà un partenaire de SAP dans le Cloud. J'ai eu une discussion il y a un an avec une grande entreprise du secteur de l'énergie, me demandant d'installer Business Suite sur EC2. Je pensais qu'il blaguait. Pourquoi souhaitez vous placer votre imposante infrastructure SAP, couplée avec vos politiques de sécurité internes, sur un public Cloud ? Sa réponse a été d'utiliser Amazon comme le maillon d'un plan de récupération après sinistre Cela est très couteux d'installer SAP Business Suite sur Amazon car la facturation est calculée sur le I/O et SAP n'est pas économique en la matière. En revanche - et c'est devenue une tendance - cette entreprise place ses systèmes SAP en pré-production [également pour effectuer des tests, NDLR] sur le Cloud d'Amazon. Amazon est donc une composante de notre éco-système.