Philippe Pech, RES Software : «la demande pour la gestion des environnements est forte»
Après un premier semestre 2010 dense, l’intérêt autour de la gestion des environnements utilisateurs pouvait donner l’impression d’être retombé. Le premier semestre 2011 contribuera à contredire une telle analyse. Mais alors que VMware et Citrix ont commencé à proposer des briques de base de ces fonctionnalités en standard, se pose la question de la place des tiers tels qu’App Sense, Liquidware Labs, RES Software, Tricerat ou encore Unidesk. Philippe Pech, directeur France de RES Software, en profite pour faire le point sur l’état du marché français et sur la place de ces solutions.
LeMagIT : À ce jour, quel constat faites-vous de l’état du marché français de la virtualisation du poste de travail ?
Philippe Pech : Nous sommes l’un des acteurs de ce marché, en effet. A ce jour, ce que l’on a vu, c’est que beaucoup de sociétés ont regardé ces solutions pour quitter le poste lourd, pour tout centraliser dans le centre de calcul. Les solutions VDI commencent à être abouties mais peu d’entreprises ont toutefois fait le pas vers le tout VDI. Aujourd’hui, il s’agit plus de répondre à des besoins spécifiques.
Et l’on observe deux freins pour expliquer cela - qui sauteront dans les prochaines années, mais cela prendra du temps. Tout d’abord, il y a la question de la gestion du mode déconnecté. VMware et Citrix commencent à proposer des offres qui adressent cette problématique. Mais ce n’est que le début et ce n’est peut-être pas perçu comme suffisamment mature pour passer en production. Le second, c’est le stockage. Tout centraliser demande des investissements importants dans ce domaine. Et puis il faut compter avec l’infrastructure réseau qui doit être à même de supporter un trafic beaucoup plus conséquent... Mais, clairement, le ROI est surtout impacté par la question du stockage.
LeMagIT : Quel état des lieux faites-vous de votre marché, celui de la gestion des environnements utilisateurs ?
P.P : Le marché a beaucoup évolué au cours des dernières années. Tout d’abord, il y a deux ans, il n’y avait pas encore cet engouement pour renouveler les postes de travail avec Windows 7 et Terminal Server. Depuis 2010, il y a eu beaucoup de chantiers : de nombreuses sociétés se sont dites que leur SI devait évoluer en se posant la question des endroits où trouver des gains en termes d’exploitation. Tout ce qui est scripts, règles de groupes, gestion des profils, etc. coûte cher à créer et à maintenir dans le temps et bride la réactivité des entreprises. Beaucoup ont donc cherché à remettre tout cela à plat et à intégrer la gestion des environnements utilisateurs à leur infrastructure.
En outre, autant il y a quelques années, la relation était forte entre l’utilisateur et son poste de travail. Mais aujourd’hui, un DSI se doit de proposer de nouveaux services comme l’accès à distance. Le profil était donc très lié au poste de travail alors qu’il doit désormais pouvoir suivre l’utilisateur, qu’il se connecte sur un poste en libre service, son portable ou le poste d’un collègue. Et ça, c’est impossible sans gestion de l’environnement utilisateur.
Et puis les offres ont évolué considérablement. Mais tout dépendra de ce que veut faire le client. Il commence même à y avoir des produits gratuits qui se limitent à la gestion du profil. La gestion de l’environnement utilisateur va au-delà : il faut identifier d’où se connecte l’utilisateur et lui délivrer un contenu adapté à l’endroit d’où il se connecte - données, imprimantes, etc. On commence à voir une hiérarchie entre les solutions.
LeMagIT : Comment appréhendez-vous la concurrence d’Appsense ou encore de Liquidware Labs ?
P.P : Il y a de nombreuses solutions ponctuelles, qui adressent un problème en particulier. Lorsque l’on parle de gestion l’environnement utilisateur, nous sommes deux à nous distinguer : AppSense et RES Software. Mais ce développement de l’offre montre aussi qu’il y a une demande réelle du marché. AppSense a fait des annonces sur le marché, nous avons fait les nôtres; d’autres arriveront à Barcelone, fin octobre, à l’occasion de Citrix Synergy.
Mais si l’on examine les offres, App Sense ne nous concurrence que sur une partie de notre offre. Ils ont certes une solution qui entre en compétition avec notre Workspace Manager, mais pas de quoi proposer une gestion dynamique du poste de travail, ce que l’on appelle Dynamic Desktop Studio. Avec une simple solution de gestion de l’environnement utilisateur, on retrouve ce que l’utilisateur a sur son poste en fonction de son contexte de connexion. Nous ajoutons à cela la possibilité, pour l’utilisateur de faire ses propres demandes de services dans un portail. Qu’il s’agisse d’une application, d’un nouveau mappage réseau, d’une imprimante, d’une réinitialisation de mot de passe, etc. Tous les services que l’on peut mettre à la disposition de l’utilisateur. Derrière, nous proposons une solution pour automatiser cela. La solution de gestion de l’environnement utilisateur ajoutera la gestion du contexte. Et l’on peut aussi définir des règles pour que certains services ne soient accessibles que dans un certain contexte. Cela va dans le sens du mouvement vers l’IT as a Service. Notre vision de la gestion dynamique, c’est que l’utilisateur reprend la main.
LeMagIT : Comment vous positionnez-vous sur le marché face au développement de l’offre chez Citrix et VMware ?
P.P : En tant qu’éditeur, on se doit de continuer à innover. C’est pourquoi nous avons développé cette notion de portail de services. Alors oui, Citrix et VMware commencent à intégrer des fonctions de base dans leurs packages. Mais beaucoup de clients se disent que, si c’est bien sur le papier, c’est assez moyen dans la réalité. En particulier, les offres de Citrix et de VMware sont limitées à leurs environnements respectifs. Se pose alors la question : comment faire pour retrouver mon environnement utilisateur lorsque je sors de mon environnement Citrix ou VMware ? Certains ont peut-être choisi du 100 % Citrix ou du 100 % VMware, mais ils sont rares.
Bien sûr, nos solutions s’intègrent aux leurs et nous supportons leurs technologies mais il n’est pas question d’enfermer nos clients. Si notre client décide demain d’aller vers Citrix ou VMware, nous pourrons continuer à le suivre.
Citrix et VMware ont fait des achats mais, sur le plan technologique, ils n’ont peut-être pas racheté les meilleurs... Nous devons rester vigilants et continuer à innover mais nous garderons notre place sur le marché.
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