Patrick Bensabat, Business et Décision : "nous avons dépassé le point bas de la crise"
Simple trou d'air ou difficultés plus structurelles ? La belle mécanique de croissance de Business et Décision, SSII spécialiste de la BI, s'est enrayée depuis le printemps. Entraînant de nombreuses spéculations sur l'avenir de la société. Patrick Bensabat, le Pdg, tente de tordre le cou aux rumeurs et assure que l'activité est désormais stabilisée. Avec une fin d'année prometteuse.
Le spécialiste de la BI Business et Décision est victime d'un brutal trou d'air, avec un recul de l'activité de 12 % au second trimestre et même de 15 % au troisième (à taux de change constant). A tel point que le retournement de tendance pose question quant à la capacité de cette SSII (plus de 2 700 personnes) à tenir ses échéances de remboursement de la dette.
La belle machine de croissance qu'était B&D ces dernières années s'est-elle durablement enrayée ? La société devra-t-elle procéder à des cessions d'actifs ou à une augmentation de capital pour assurer son avenir ? A ces questions, Patrick Bensabat, Pdg de Business & Decision, répond par la négative. Et s'emploie à rassurer, en misant sur un quatrième trimestre qu'il dit bien engagé. Sur l'année 2009, Patrick Bensabat s'attend à un recul de l'activité limité à entre 2 et 5 %.
LeMagIT : Quelles décisions avez-vous prises pour pallier le retournement de tendance qui a vous durement touché à partir du printemps ?
Patrick Bensabat : On a redéployé notre organisation pour se placer dans une logique où priment le cash et la profitabilité. On a réduit la voilure de façon ciblée, en allégeant par exemple notre structure à Paris ou aux Etats-Unis, où nous avons mené une importante restructuration. Le tout dans un effectif globalement stable, puisque, dans le même temps, nous avons fait passer notre structure en Tunisie à 150 personnes et nous avons renforcé nos centres en régions. Ce jeu de vases communicants nous permet de réduire globalement les coûts : sur Paris seul, l'économie se chiffre à 4 millions d'euros en rythme annuel. On s'est aussi penché sur les intercontrats, pour les réduire quitte à louper des opportunités.
C'est vrai que le troisième trimestre a été particulièrement morose, mais septembre a été très dynamique et octobre encore meilleur. En fait, pour Business et Décision, c'est un des mois les plus prolifiques depuis plusieurs années.
LeMagIT : Vous semblez donc attendre un quatrième trimestre plus positif...
P.B. : Je pense que nous retrouverons le niveau de chiffre d'affaires du quatrième trimestre 2008 (soit 63,5 millions, à comparer aux 50,6 millions du troisième trimestre, ndlr), peut-être même un peu plus. Surtout, ce quatrième trimestre devrait nous permettre de sortir un second semestre rentable. On a vraiment le sentiment d'avoir atteint le point bas pour repartir aujourd'hui. La remarque vaut aussi pour les prix qui sont, eux aussi, dans une logique d'amélioration.
LeMagIT : Où en êtes-vous de la restructuration de vos activités aux Etats-Unis, où vous avez acquis InForte en 2007 ?
P.B. : Suite à ce rachat, nous avons trois activités aux Etats-Unis. L'une est profitable, celle héritée d'InForte devrait sortir un bénéfice au quatrième trimestre, la troisième devrait revenir dans le vert à partir d'octobre. Le mot d'ordre que j'ai fait passer à toutes les activités est sans ambiguïté : toutes les entités doivent être profitables au second semestre, c'est la priorité absolue.
LeMagIT : La chute brutale de votre chiffre d'affaires a fait naître des craintes quant à votre capacité à rembourser vos dettes... Etudiez-vous des solutions de refinancement, via des cessions ou une augmentation de capital, pour faire face à vos échéances ?
P.B. : On vient de rembourser une échéance, la prochaine est fixée à janvier. Et, ensuite, il nous restera 5 remboursements à effectuer. On ne sera peut être même pas obligé de restructurer la dette. Au cours de l'été, nous avons mis en place une solution de factoring pour couvrir les échéances ; nous étions la seule société de notre taille à ne pas avoir une solution de ce type jusqu'à présent.
En tout cas, je peux affirmer que nous ne travaillons ni sur un scénario de cession d'actifs, ni sur celui d'une augmentation de capital. Et nous n'avons donné aucun mandat pour étudier de telles options.
LeMagIT : En plus de la BI, vous êtes présent sur le CRM (gestion de la relation client) et le e-business. Comment se comportent ces trois marchés ?
P.B. : La BI connaît une évolution importante, avec l'entrée dans un marché de volume. Les contrats se massifient, les clients mettent en place des centres de service spécialisés. Sur le CRM, la tendance générale reste bonne. Même si un de nos gros contrats s'est arrêté en 2009, ce qui nous a un peu déstabilisé. Gérer le brusque retour d'une équipe de 40 personnes n'est pas forcément évident en temps de crise. Sur le e-business, nous avons enregistré de nombreuses signatures en octobre.
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