Mohamed Bouighamedane, Team Partners : "Quand je suis arrivé, les managers ne se parlaient plus !"
Pertes importantes, fusions ratées, dettes abyssales. En arrivant à la tête de Team Partners début 2008, Mohamed Bouighamedane, ex-dirigeant de Assystem, a trouvé une société qu'il décrit comme "en grande difficulté". Qui plus est largement positionnée sur un secteur en plein écroulement, la presse. Le Pdg explique son plan pour faire revivre Team Partners.
Arrivé à la tête de Team Partners début 2008, en provenance d'Assystem, Mohamed Bouighamedane a trouvé une société en grande difficulté. Echec de l'intégration des sociétés acquises, dette bancaire à restructurer, pertes importantes en 2007 (20 millions d'euros) : la nouvelle direction a entamé une restructuration importante, passant par l'abandon de certains contrats déficitaires, notamment dans la presse, une des activités historiques du groupe.
Sur les 9 premiers mois de l'année (voir notre article sur les chiffres de la société au troisième trimestre), Team Partners n'a ainsi dégagé que 79,2 millions d'euros, 15,8 % de moins que sur la période comparable de 2008. Les explications du Pdg, en poste depuis 18 mois à la tête de cette société de services qui réalise 54 % de son chiffre d'affaires dans la relation client, pour moitié dans le secteur de la presse.
LeMagIT : Sur quelles priorités vous êtes-vous concentré pour restructurer la société ?
Mohamed Bouighamedane : Quand je suis arrivé, la société était en grande difficulté. Avec, notamment, une dette fiscale et sociale, l'incapacité de la société à tenir ses engagements bancaires (covenants) et une fusion qui s'était mal déroulée. Le premier chantier a été d'identifier les endroits où la société perdait de l'argent. A la fin du premier semestre 2009, nous avons fermé les sites qu'on ne pouvait pas conserver et nous nous sommes débarrassés des contrats qui étaient déficitaires, notamment ceux avec certains clients de la presse. Un segment où nous avions des contrats largement dans le rouge. Ca s'est traduit par une baisse de nos effectifs, à hauteur de 150 personnes (plus autant d'intérimaires, ndlr). En parallèle, nous avons négocié notre dette fiscale et sociale et obtenu un moratoire sur notre dette bancaire. Aujourd'hui, dans un marché difficile, on a rétabli une situation normale.
LeMagIT : La restructuration s'est déroulée dans un contexte de crise peu propice à ce type d'opération. Qu'est que le retournement du marché a changé dans vos plans ?
M.B. : La crise nous a obligé à être plus sélectif sur nos coûts. A fin juin, la société fait certes 10 millions de chiffre d'affaires de moins en un an, mais elle a conservé un résultat opérationnel positif (de 0,4 million, mais pour une perte nette de 1,6 million, NDLR). Surtout on a reconquis des clients, notamment en utilisant nos compétences venues de la relation client dans la presse sur d'autres marchés, comme les télécoms, l'industrie ou la banque (un mouvement concernant environ 200 personnes, NDLR). Je suis tranquille pour compenser la décroissance de nos activités dans le secteur de la presse. Nous ferons des annonces en ce sens dans quelques temps. Par ailleurs, sur la presse, nous ne perdons plus d'argent. Ce qui ne veut pas dire qu'on en gagne non plus... Notre objectif est de sortir un résultat opérationnel courant à l'équilibre ou légèrement positif au second semestre. Et ce sera fait.
LeMagIT : Vous parlez aussi de "fusion ratée" qui handicapait la société. Quelle situation avez-vous trouvée ?
M.B. : Team Partners a fusionné avec CGBI en 2005, une société qui sortait d'un plan de continuation d'activité. Puis avec Datem en 2006, une structure plus grosse que Team Partners puisqu'elle réalisait alors de 65 à 70 millions de chiffre d'affaires par an, à deux-tiers dans la presse. Il aurait fallu déjà prendre le temps de digérer le premier rachat. Quand je suis arrivé à la tête de la société, les managers issus des trois entités ne se parlaient plus ! La seule solution a donc été de faire partir tout le monde.
Team Partners se renforce dans les télécoms
Mohamed Bouighamedane fait ses emplettes dans son ancienne boutique. Team Partners vient en effet d'annoncer le rachat de l'activité QoS de Assytem, l'ex-employeur de l'actuel Pdg de Team Partners. QoS (15 personnes aujourd'hui) est spécialisée dans la mesure de performances des réseaux et l'étude de la perception de la qualité des services télécoms par leurs clients. Selon le communiqué, "grâce à la complémentarité commerciale, cette activité devrait représenter, en 2010, un chiffre d’affaires de 3 M€ environ pour un effectif total de 35 collaborateurs". Le montant du rachat n'a pas été précisé.
LeMagIT : Comment se comporte l'autre activité du groupe, les services informatiques (44 % du total) ?
M.B. : Nous souffrons comme tout le monde. Notre activité, basée sur de la régie à 70 %, a été affectée par les décisions de gel d'investissement des banques, des opérateurs télécoms ou des industriels. Le taux d'activité (congés exclus, NDLR) ne tourne qu'autour de 80 %. Mais on sent une inversion de tendance, qui devrait se matérialiser en fin d'année. Notre taux d'intercontrat est en train de se réduire. Notre objectif est de gagner 10 points sur cet indicateur d'ici à la fin 2009.
LeMagIT : Quel est aujourd'hui l'état d'endettement de Team Partners ?
M.B. : Au total, y compris le factoring (recouvrement de créances, NDLR), il reste 38 millions d'euros de dettes. Entre avril 2008 et juin 2009, nous avons remboursé 25 millions, sans constituer de dette supplémentaire, plus environ 5 millions de dettes de factoring. Nous sommes donc dans notre plan de marche, même si notre trésorerie est tendue. Nous ne négocions plus de nouveaux étalements de dettes. Si nous avons du étaler notre dette fiscale et sociale, c'est parce que nous avons découvert entre 4 et 4,5 millions d'irrégularités sur les exercices allant de 2003 à 2006.