Lenny Descamps, APMG : « l’amélioration de la formation aux projets est source de productivité »
Spécialiste de la certification en matière de gestion de projets APMG estime que des progrès sont encore à faire en France pour optimiser la manière dont les solutions IT sont déployées. Une méthodologie à revoir, notamment dans le cas d’un événement qui se tiendra le 18 avril prochain et que nous présente Lenny Descamps, Directeur Général d’APMG en France.
LeMagIT.fr : APMG est une petite structure mais joue un rôle important dans la certification et la formation sur la gestion de projet, pouvez-vous nous en dire plus ? Lenny Descamps : APMG est une société d’origine anglaise qui depuis 1996, notamment dans son pays d’origine, joue un rôle très important dans l’accréditation et le développement d’examens spécifiques pour les organismes de formation sur les méthodologies standards de gestion de projets (Prince2, ITIL) qui viennent compléter les processus de qualité ISO9001 et CCMI. APMG est notamment l’accréditeur officiel d’ITIL depuis 2007 avec, à son actif, plus de 250 000 examens traduits dans plus de 20 langues. APMG a certes un positionnement un peu particulier puisque notre métier consiste à fabriquer des examens certifiants pour les organismes de formation. Du coup, nous occupons, de par notre modèle, une place centrale. En France, nous sommes présents depuis 2010, notamment sur ITIL qui occupe une place significativedans cette région. Nous sommes également très présents auprès d’ITSMF (également originaire de Grande-Bretagne) et dans le domaine de la gouvernance, notamment autour des méthodologies COBIT. LeMagIT.fr : Pourquoi pensez-vous que dans le contexte actuel une meilleure maîtrise du cycle de gestion de projet est quelque chose de crucial pour les DSI ? Lenny Descamps : vous avez raison de parler de cycle de gestion de projet parce qu’il est devenu essentiel que les entreprises et leurs DSI puissent maitriser la totalité du cycle. Il ne faut pas se focaliser uniquement sur les méthodologies de gestion de projet mais aussi sur la conduite du changement et la mesure économique. Par ailleurs, il est nécessaire que les DSI généralisent l’approche des projets informatiques à travers une meilleure gestion de portefeuille des projets. Cela permet de mieux caler les développements technologiques sur la stratégie de l’entreprise. Notre constat, c’est que nous avons aujourd’hui en France une formation des directeurs de projets et des DSI qui reste trop limitée à l’approche méthodologique de la gestion de projet, avec à la clé un fort taux d’échec. Le MagIT.fr : Est-ce que l’on dispose de statistiques précises sur les taux d’échec des projets ? Lenny Descamps : la notion d’échec est large dans le domaine informatique mais certaines études montrent qu’aujourd’hui un projet sur deux n’est pas livré dans les délais ou avec des fonctionnalités ne correspondant pas complètement aux objectifs de départ. Si je prends les chiffres de l’ Observatoire des projets France, qui est réalisé par Daylight, l’ENSIIE et l’IAE de Lille, on note que dans 46 % des cas, il n’y a pas de véritable référentiel ou méthode de management de projets. Or, utiliser des bonnes pratiques, c’est utiliser un langage commun, permettre de monter en maturité et donc de mieux maîtriser les changements. De plus cet observatoire nous apprends que seulement 51 % des projets donnent lieu à une véritable lettre de mission avec le commanditaire, et que dans seulement 34 % des cas est signé un contrat de projet avec des exigences, une stratégie de développement, des hypothèses et un planning. Enfin, seulement 14 % donnent lieu à un véritable plan projet incluant l’organisation avec des rôles et de la comitologie. Cette étude met également en exergue le manque d’encadrement des projets : 62% des répondants expliquent ainsi ne pas avoir de structures pérennes d’appui ou de support aux projets. LeMagIT.fr : Quelles sont les évolutions actuelles qui rendent nécessaire un changement dans la formation à la gestion de projet ? Lenny Descamps : Il est clair que les évolutions à l’œuvre sont nombreuses. Les projets sont de plus en plus étendus soit à des fournisseurs soit à des clients et ils ne sont plus strictement internes. Ils sont de plus en plus au cœur de la stratégie des entreprises - on le voit bien actuellement dans le cadre du CRM ou encore de projets innovants autour du Big Data. Et enfin les projets informatiques sont de plus en plus intégrés aux processus des entreprises. Il faut donc des méthodologies qui tiennent compte de ses nouvelles contraintes. Il faut notamment prendre en compte la réalisation des bénéfices et des méthodologies qui facilitent l’agilité. Dans notre cas, nous avons ainsi développé une approche innovante dont le nom est Agile Project Management et qui permet de gérer le projet dans un cycle complet en intégrant les aspects techniques et aussi de viabilité économique. LeMagIT.fr : Vous organisez le 18 avril prochain un évènement destiné aux DSI et aux directeurs de projets sur vos approches en matière de projets, est-ce que l’on pourra y entendre des témoignages d’expériences ? Lenny Descamps : Pour faire le point sur les évolutions actuelles autour de la gestion des projets, on organise effectivement un évènement le 18 avril prochain à La Défense avec notamment des études de cas. Il est prévu que plusieurs experts interviennent. Au niveau des entreprises, EDF prendra la parole sur Prince2 mais on aura également d’autres témoignages intéressants et dans des secteurs qui ont besoin aujourd’hui de mettre en place une véritable gestion de portefeuille des projets informatiques. On aura notamment le témoignage de l’Hopital de Charleroi et celui du gouvernement canadien. Pour en savoir plus sur l’événement Télécharger le livre blanc