Laurent Py, SmartTesting : "avec la SOA et le PGI, les tests tournent au casse-tête"
Fondé en 2003, sur la base d'une technique de génération de jeux de tests imaginée dans un laboratoire commun du CNRS et de l'Inria à Besançon, Leirios (un million d'euros en 2007) s'est peu à peu orienté vers un modèle d'éditeur. Une évolution consacrée par le changement de nom de l'entreprise, qui prend désormais l'appellation de sa solution, SmartTesting. Le témoignage du Pdg, Laurent Py, sur l'évolution galopante du marché des tests.
Quelle est la vocation de la solution SmartTesting ?
Laurent Py : Notre solution se positionne dans la tendance actuelle à l'industrialisation des tests. En amont de notre outil, on trouve les solutions de définition d'exigence. En aval, celles assurant l'exécution des tests, un créneau où se positionnent Mercury (aujourd'hui dans le giron de HP, ndlr), Compuware ou Rational (racheté par IBM, ndlr). SmartTesting, en automatisant la production de jeux de données et de plans de tests, se définit comme un pont entre ces deux mondes. Et cible les grands comptes ou grands intégrateurs, engagés dans une démarche d'industrialisation de leurs tests.
Les tests ont longtemps été le parent pauvre des projets informatiques, la variable d'ajustement pour tenir délais et/ou budget. Les choses évoluent-elles ?
L.P. : Si HP a racheté Mercury, ce n'est pas un hasard. C'est parce que c'est un marché où la valeur se concentre. Les tests pesaient moins de 23 % des budgets des projets informatiques en 2004. Ils dépassent les 30 % en 2008. Cette évolution résulte de la criticité croissante des applications et de la complexité des développements. La refondation des architectures applicatives sur la base des concepts de la SOA ainsi que la généralisation des applications packagées ont multiplié les combinatoires par dix par rapport aux développements spécifiques. Par exemple, calculer les régressions possibles lors d'une montée de version de SAP tourne au casse-tête. Cette complexité a été bien absorbée au niveau des développements, mais on a continué pendant des années à effectuer les tests manuellement.
Vous êtes en passe de développer une implantation en Inde après avoir signé un partenariat sur place avec Qualitree, une société de services spécialisée dans les tests. Pourquoi ces développements ?
L.P. : Parce que c'est là que les grands intégrateurs implantent leurs centres de services. L'ensemble du test pour le marché américain a déjà été externalisé en Inde. Des acteurs locaux comme Infosys ont monté de véritables usines de test logiciel regroupant plusieurs milliers de personnes. On observe le même phénomène chez les grands du service à l'international, comme Accenture, Capgemini ou Atos-Origin. Le marché des intégrateurs pèse aujourd'hui environ 15 % de notre activité, et nous comptons nous développer sur ce segment.
L'activité du test n'est-elle pas appelée à se concentrer autour d'une poignée d'acteurs maîtrisant toute la chaîne ?
L.P. : A terme, c'est inévitable. Je pense que la concentration qui va s'opérer verra se dégager HP et IBM. Peut être un Indien viendra-t-il se joindre à la fête.