Jim Hageman Snabe, SAP : "les termes ERP, CRM ou SCM vont disparaître"

En pleine grogne des utilisateurs français contre la hausse des coûts de maintenance, rencontre avec Jim Hageman Snabe, membre du conseil d'administration de SAP en charge du développement des produits et de la plate-forme. Le dirigeant défend la dernière offre de maintenance - Enterprise Support -, qu'il présente comme une façon de réduire les coûts globaux de l'IT. Et détaille la façon dont l'éditeur compte désormais faciliter l'accès des entreprises aux dernières fonctions de sa suite.

jh snabeLes utilisateurs, notamment français, sont toujours vent debout contre votre nouvelle politique de maintenance, Enterprise Support. Que leur répondez-vous ?

Jim Hageman Snabe : Les coûts logiciels ne sont pas l'essentiel des budgets IT. La partie la plus importante est réservée aux dépenses de personnel ou de conseil. Et nous pensons que nous avons trouvé des voies, avec les services proactifs d'Enterprise Support, de réduire cette somme globale, plutôt que d'agir sur la seule partie logicielle de cette équation. Mais nous n'avons pas été bons dans notre communication sur ce point. C'est pourquoi je mise beaucoup sur le dialogue avec les clubs utilisateurs pour transformer une impression négative - une hausse des coûts - en une forme de coopération avec nos clients, pour les aider à réduire leurs budgets IT. Mon but est de montrer à nos clients, mais au-delà au marché tout entier, qu'il existe une offre différente de support des logiciels, qui réduit significativement la complexité et le TCO (prix de revient, ndlr). A mon avis, à l'avenir, la qualité d'une offre de maintenance sera le critère numéro un des donneurs d'ordre avant de choisir un fournisseur.

Dans Business Suite 7, vous allez amener une large part de l'innovation via les Enhancement Packages, livrés dans le cadre du contrat de maintenance. Est-ce le nouveau modèle de licensing de SAP ?

J.H.S. : Il s'agit plutôt d'un moyen inédit de délivrer de nouvelles fonctionnalités à nos clients sans les forcer à des mises à jour. Dans le passé, si vous vouliez accéder au dernier set de fonctionnalités, il fallait en passer par ce long processus. Avec les Enhancements Packages, il n'y a aucun coût additionnel, le client décide très finement des fonctions qu'il veut activer et il dispose de tests très encadrés. L'unique façon d'accélérer l'innovation est d'éviter les ruptures dans les systèmes des entreprises. Plus de 2 000 entreprises utilisent déjà les apports des Enhancements Packages. Et, avec Business Suite 7, nous amenons ce processus sur la totalité de notre suite. Ce qui veut dire aussi que la prochaine version de la suite sera un Enhancement Package.

La condition étant de disposer de la dernière version du coeur...

J.H.S. : Oui, mais ECC 6.0 est maintenant depuis deux ans sur le marché. 13 000 entreprises l'ont d'ores et déjà installé et nous avons assisté à une accélération du passage de la base installée à ECC 6.0 depuis que nous avons annoncé que cette version serait en place pour cinq ans et ne nécessiterait plus de migration via les Enhancements Packages. Et, avec Business Suite 7, les entreprises disposent désormais d'une montée de version synchronisée sur les différents modules.

Vous offrez aussi dans Business Suite 7 des processus métier prépackagés. Est-ce la façon dont vous imaginez vendre le logiciel à l'avenir ?

J.H.S. : Chez nos clients, il y a toujours eu toujours eu un fossé entre la DSI et les métiers. Les premiers parlent en termes technologiques, les seconds par processus. Comme nous avons synchronisé tous les modules de la suite, et qu'ils reposent tous sur une architecture commune, nous pouvons désormais migrer vers des conversations purement métier avec nos clients. Avec par exemple un processus partant de la CRM, puis passant par la gestion de la chaîne logistique avant de se terminer dans l'ERP. Et nous en parlons comme d'un processus intégré de bout en bout.
Si nous parvenons à nos fins, les termes classiques comme ERP, CRM, SCM vont tomber en désuétude, pour être remplacés par les appellations des processus eux-mêmes. C'est essentiel pour avoir une conversation avec nos clients orientée sur la valeur que nous amenons à leurs activités. Nous devons aussi pousser l'écosystème à s'adapter à ce changement.
Cette transformation est également cruciale dans le contexte économique du moment, où les entreprises veulent des projets à 3 mois, et non à 9 mois.

En complément : écouter Jim Hageman Snabe sur la réduction de la durée des projets et la faon dont SAP a adapté son offre à cette contrainte (en anglais).

En France, nous sommes en pleine semaine du développement durable. Est-ce un marché spécifique pour SAP ? Et est-ce déjà un marché déjà actif ou plutôt en devenir ?

J.H.S. : C'est d'ores et déjà un marché actif, particulièrement dans l'industrie chimique - pour respecter la directive Reach - ou dans l'environnement. L'année dernière, nous avons en plus considéré qu'il y avait là une opportunité d'augmenter notre présence sur ce marché, aujourd'hui très fragmenté. Nous pensons être dans une position unique pour gérer les rapports d'émission de carbone. Car, pour réaliser des rapports reflétant la réalité, il faut accéder aux données transactionnelles d'une entreprise et de ses partenaires. SAP propose des solutions dans 24 secteurs d'activité. Et près de 70 % des données transactionnelles dans le monde sont prises en charge par un système SAP. S'y ajoute notre position dans la traçabilité, permettant de remonter à l'origine d'un dysfonctionnement, et les outils analytiques, venant notamment de BO. C'est donc un grand pari, qui redéfinira pour partie l'ERP. Cette année, nous livrerons nos premières offres, notamment l'outil de reporting des émissions de carbone. Nous avons mis sur pied, sur ce sujet spécifiquement, une roadmap à trois ans.

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