Jean Mounet, Syntec Informatique : « un ralentissement, pas un effondrement »
En exclusivité pour LeMagIT, le président de Syntec Informatique, la chambre patronale des SSII et éditeurs de logiciels, analyse les conséquences de la crise financière pour l'activité du secteur. Pour lui, contrairement aux précédentes crises, les services informatiques ne subiront pas le ralentissement en cours de plein fouet.
La crise financière qui s'aggrave vous fait-elle redouter un retournement du marché des services informatiques ?
Jean Mounet : Il faut distinguer plusieurs horizons. D'abord 2008. Après un premier semestre très bon - un des meilleurs de l'histoire du secteur -, je pense que la seconde moitié de l'année sera dans la continuité, avec peut être un léger ralentissement de la croissance au second semestre. Mais les perspectives que nous annoncions en mars dernier (soit une croissance de l'activité entre 5 et 7 % sur l'année) seront confirmées, malgré les critiques que nous avons essuyées alors. Je pense même que nous serons dans le haut de la fourchette.
Et pour l'année prochaine ?
J.M. : Pour 2009, nous sommes évidemment très attentifs. Le début d'année devrait être bon, sur la lancée de 2008. Et, normalement, le secteur devrait mieux encaisser le ralentissement que lors des crises précédentes : celle de 2002-2004, qui était la conséquence d'un surinvestissement des entreprises dans l'IT; et celle du début des années 90, époque où l'informatique n'avait pas la place qu'elle occupe aujourd'hui dans les organisations.
La crise des liquidités dans les banques pourrait pousser ces donneurs d'ordre à prendre des décisions radicales. Quelles sont les remontées de vos adhérents aujourd'hui ?
J.M. : La situation aujourd'hui, c'est que les carnets de commandes sont bien remplis. Certes avec une nuance dans la banque. Où l'on enregistre des signes de ralentissement, avec des projets décalés. C'est très net dans la banque de financement et d'investissement. Et sensible aussi dans la banque de détail. Mais la banque ne pèse que 13 % de l'activité du secteur (services, logiciels et R&D externalisée). Dont 3 à 4 % seulement pour la banque de financement. Et je n'imagine pas un effondrement des investissements IT de ce secteur.
Dans le même temps, le secteur public, qui pèse le même poids que la banque pour notre industrie, enregistre une croissance soutenue, avec de grands projets menés à marche forcée.
Cette crise peut-elle aussi apporter son lot d'opportunités aux SSII ou aux éditeurs ?
J.M. : Oui. Je suis par exemple persuadé que, lorsque l'économie rebondira, on assistera à un boom extraordinaire dans le secteur financier, avec d'importants investissements dans la gestion prudentielle des actifs, la gestion des risques, etc. Mais ce ne sera probablement pas avant 2010. D'ici là, les banques vont probablement accélérer leur recours à l'externalisation. Elles vont en effet commencer par geler les embauches, ce qui va augmenter le besoin de ressources externes. Sans oublier le fait que la signature de contrats de ce type se traduit d'abord par une rentrée d'argent frais pour le donneur d'ordre.
Finalement les SSII les plus menacées sont celles qui pratiquent la régie avec le secteur de la finance...
J.M. : Ce sont effectivement les prestations qu'un donneur d'ordre peut arrêter facilement et rapidement. A l'inverse, on ne stoppe pas brutalement un contrat d'externalisation pluri-annuel.
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