Jean-Louis Baffier, Salesforce.com : "la simplicité est dans notre ADN"
Rencontré quelques jours avant l'ouverture DreamForce, la grand-messe annuelle de l’éditeur Salesforce, numéro un de la distribution de logiciels en mode Saas, Jean-Louis Baffier, directeur avant-ventes Europe du Sud, revient sur la stratégie Force.com, la plate-forme "as a service" du groupe, et sur sa vision du cloud computing.
LeMagIT : Comment se porte Force.com, votre plate-forme "as a service", en France mais également dans l’environnement concurrentiel du Paas ?
Jean-Louis Baffier : La plate-forme Force.com a bien pris en France notamment au niveau des grands comptes. Nous avons des clients qui ont débuté avec l’adoption de Salesforce comme outil de CRM et qui en sont finalement venus à faire des choses sur Force.com. Entre autres exemples, GDF a développé une fonctionnalité liée à la gestion de ses expatriés.
Si on regarde bien, les différentes plate-formes Paas (Amazon, Google Apps, etc., NDLR) sont plus complémentaires que concurrentes. De notre côté nous nous positionnons plutôt sur l’efficacité par la simplicité dans le domaine des développements applicatifs. Amazon en revanche est plutôt présent sur les infrastructures serveur. Enfin Google fait autre chose, orienté vers le poste de travail, avec App Engine. Nous avons un système très simple pour le développement d’applications d’entreprises. On est donc plutôt sur un mode partenarial entre les plates-formes. Nous proposons à nos clients les trois solutions en fonction de leurs besoins.
LeMagIT : Une des originalités initiales de Salesforce résidait dans l’accès direct aux directions métiers avec une application dédiée et un mode d’accès pur web. Au niveau du Paas comment atteindre des DSI qui n’étaient pas vos interlocuteurs privilégiés ?
Jean-Louis Baffier : Sur notre CRM au départ, nous avons travaillé au niveau des directions métiers. Mais avec Force.com, nous avons dû évoluer et rééquilibrer l’adressage en faveur des directions des services informatiques. C’est beaucoup plus naturel aujourd’hui qu’hier pour Salesforce de parler avec les DSI. En fait, c’est vraiment l’un des critères de succès de pouvoir tout à la fois prendre les besoins des DSI tout en se consacrant directement au client.
Par ailleurs, Force.com nous a permis d’accéder à des interlocuteurs hors CRM. Aujourd’hui, nous avons notamment des cas de grands comptes qui sont passés par Force.com sans pour autant avoir adopté Salesforce comme outil de CRM. Nous essayons de faire de la vente croisée avec l’idée de faire profiter chaque activité de la base clients des autres piliers.
LeMagIT : La tension monte un peu entre les promoteurs de cloud privés - souvent issus des fournisseurs historiques d’infrastructures – et ceux du cloud public. Comment se positionne Salesforce dans ce débat ?
Jean-Louis Baffier : Nous sommes dans le cloud public. Nous revendiquons même un rôle de leader à ce niveau. Nous entendons bien les critiques des tenants du cloud privé, notamment concernant la sécurité, mais nous ne nous sommes pas concernés. Nous avons mis en place une architecture multi-tenant et nous pouvons même nous intégrer sur du cloud privé. Par ailleurs, la virtualisation (l’un des éléments constitutifs de la mise en place de cloud privés) souffre selon nous d’un certain nombre de problèmes. Notamment, trop peu de couches sont mutualisées, contrairement aux architectures multi-tenant. En plus, on se retrouve certes avec moins de serveurs physiques, mais avec plus de serveurs tout court donc plus de complexité. Et au final plus de risques. Du coup, on multiplie les couches de gestion et la complexité, par exemple dans les architectures proposées par IBM. Nous concernant, la simplicité est dans notre ADN.
LeMagIT : Quels sont les principaux axes de développement autour de Force.com ?
Jean-Louis Baffier : Actuellement, nous avons plusieurs axes de développement. Nous venons d’annoncer un partenariat important avec Adobe autour des technologies Air, afin de permettre le développement de clients mobiles et offline sous Force.com. Cet accord répond à une demande directe des utilisateurs, car Adobe est très fort sur les clients riches. On veut multiplier ce genre de partenariat pour que de nombreux éditeurs nous rejoignent. Un autre axe de développement consiste à gagner en puissance de calcul sur la plate-forme. Aujourd’hui, nous avons quatre centres de données : trois aux Etats-Unis, dont un dévolu aux activités internes, et un qui a été ouvert en Asie. Un cinquième a été annoncé : il sera situé en Europe et construit d’ici à douze mois.
LeMagIT : Justement, la localisation des données n’est elle pas un point clé dans l’adoption des offres Saas ?
Jean-Louis Baffier : Non. Aujourd’hui, ce n’est plus vraiment un frein dès lors que l’on fait la démonstration auprès du client du cadre légal qui existe autour de l’accord Safe Harbor ou que l'on expose les recommandations de la CNIL en France. Une fois ces tabous levés, les clients voient l'avantage de notre offre : le niveau de fiabilité, bien souvent supérieur à ce que les entreprises possèdent en interne, pour un coût inférieur.
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