Franck Cohen, SAP : « Notre portefeuille innovation porte vraiment ses fruits »
En dépit de la morosité ambiante SAP vient de réaliser un très bon trimestre, notamment en Europe et plus particulièrement en France ou les revenus tirés des ventes de licences ont progressé de 34%. Une croissance importante que l’éditeur estime portée par les innovations technologiques mises en avant depuis quelques trimestres et portant notamment sur la mobilité, le cloud computing et la technologie in memory.
Pour son deuxième trimestre fiscal 2012 SAP enregistre un résultat record avec une croissance de 18% de son chiffre d’affaires – à 3,9 milliards d’euros – mais surtout un bond de 26% des revenus liés à la vente de logiciels – élément clé du modèle économique de l’éditeur – qui dépassent le milliard d’euros. Pesant peu dans l’activité mais déterminantes dans la croissance actuelle et future les innovations autour de Hana (plate-forme in memory), de la mobilité et du cloud ont généré respectivement des revenus de 85 M€, 54 M€ et 69 M€. président de SAP pour la zone Europe, Franck Cohen revient pour LeMagIT sur ce très bon trimestre, notamment en ce qui concerne l’Europe.
LeMagIT : SAP vient d’annoncer un trimestre record avec une croissance de 26% sur les revenus liés aux licences. Qu’en est-il pour l’Europe et plus particulièrement la France ?
Franck Cohen : Nous avons enregistré une croissance de 22% sur l’ensemble de l’Europe et de 34% sur la France. Dans le monde, toutes les régions ont eu une croissance à deux chiffres et il est très rare d’avoir une telle homogénéité dans les résultats. Mais nous avons tout de même une Europe à deux vitesses entre le nord et le sud. La France réalise un très bon 2ème trimestre et rattrape donc les pays plus au nord avec une croissance totale à deux chiffres sur le 1er semestre . Mais les six premiers mois de l’année ont été très durs en Italie, en Espagne, en Grèce ou au Portugal avec une croissance zéro dans ces pays.
Comment expliquez-vous les très bons résultats globaux obtenus sur ce 2ème trimestre ?
Franck Cohen : Au-delà des chiffres record, le portefeuille innovation porte vraiment ses fruits. En Europe par exemple, Hana (l’appliance SAP basée sur une technologie In Memory pour la gestion des données en mémoire, ndlr) et les solutions de mobilité représentent plus de 50% de la croissance sur ce deuxième trimestre. La France par exemple a enregistré sur ces deux segments – Hana et la mobilité – ses premiers deals importants. Atos, au niveau européen puis mondial, a choisi SAP pour ses solutions mobiles et a également adopté Hana. Nous avons également signé un contrat mobilité avec l’Oréal. Au total, au niveau européen, le 2ème trimestre a été l’occasion de signer 8 clients très grands comptes (plus d’un milliard de CA) mais surtout de réaliser un chiffre d’affaires global où les nouveaux clients comptent pour 20%. Sur les PME nous avons enregistré 700 nouveaux clients via notre réseau de partenaires.
Par ailleurs, nous avons su réagir à la pression des entreprises qui demandent des déploiements applicatifs de plus en plus rapides. Nous proposons RDS, notre méthode de déploiement accéléré, qui a fait l’objet de plus de 200 transactions sur le trimestre sachant que les partenaires utilisent également cet ensemble technologique et méthodologique. Nous observons une véritable massification de ces appels à des déploiements rapides.
En termes de tendance qu’en est-il justement du développement européen pour les offres liées au cloud computing ?
Franck Cohen : C’est un segment où nous observons également une grande différence entre le nord et le sud de l’Europe. En France nous avons enregistré quelques belles affaires sur notre offre on demand mais la croissance dans le cloud computing demeure plus importante dans les pays du nord de l’Europe. Selon moi il s’agit surtout d’une question de timing. Les applications répondent souvent à une demande qui nait aux Etats-Unis puis qui essaime dans le monde anglo-saxon avant, un peu plus tard, de s’étendre partout. Aujourd’hui nous avons une structure pan européenne sur le on demand qui intègre désormais By Design, notre ERP disponible en mode SaaS. Concernant la France, nous avons réorganisé les ventes sur ce segment avec une animation indirecte autour du channel et de notre écosystème et une équipe directe, en liaison avec la structure européenne.
De plus en plus d’initiatives apparaissent autour d’Hana, quelle est la stratégie du groupe sur les bases de données ?
Franck Cohen : Concernant Hana, l’objectif est clairement d’en faire un standard du marché. Nous avons donc une vision très ouverte de son développement. Toutes les entreprises souhaitant l’adopter, y compris nos concurrentes, sont les bienvenues. Nous souhaitons vraiment bousculer le statu quo qui existe sur les bases de données relationnelles pour imposer notre vision In Memory, notamment dans un contexte Big Data. Hana sera bientôt disponible en mode OEM, il existe déjà des ventes directes et indirectes et nous souhaitons également promouvoir l’outil comme une plate-forme sur laquelle viennent se greffer un ensemble d’applications tierces. C’est le sens du travail qui est entamé avec les start-up qui nous apparaissent comme des vecteurs d’adoption important pour Hana.
Après ce bon trimestre est-ce que l’objectif de croissance à deux chiffres est maintenu et comment percevez-vous les mois à venir sur fond de crise qui perdurent ?
Franck Cohen : Nous maintenons pour l’Europe un objectif de croissance annuel à deux chiffres compris entre 10 et 12%. La France s’inscrit également dans cette fourchette. Mais ce qui est intéressant, c’est d’observer, en dépit de la crise, le moment exceptionnel que nous vivons au niveau de l’IT et plus particulièrement chez SAP. Trois types de technologies arrivent à maturité en même temps, ce qui est très rare : l’In Memory, la mobilité et le cloud computing. Ces trois technologies, dans leur association, peuvent réellement permettre de réinventer la place des technologies de l’information dans les entreprises. C’est le sens de notre investissement fort dans l’innovation.
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