Claude Molly-Mitton, Président de l'USF : "Nous sommes plus qu'un club d'utilisateurs d'ERP"

A quelques jours de la convention annuelle de l'association, le président du club des utilisateurs SAP francophones (USF) se réjouit de la qualité retrouvée du dialogue qu'entretient cette association indépendante avec l'éditeur. Tout en soulignant le retour des préoccupations des entreprises en matière de tarification du logiciel.

La convention de cette année sera placée sous le signe du Big Data. N'est-ce pas un sujet éloigné de l'ERP? 

Claude Molly-Mitton: C'est un sujet plus large que l'ERP, mais il n'en est pas déconnecté. Notre objectif est d'orienter les débats de la convention vers des sujets touchant l'ensemble des systèmes d'information, avec un angle stratégique. Le Big Data entre tout à fait dans ce cadre. Et il rejoint l'évolution majeure de l'éditeur autour de la technologie Hana, elle aussi tournée vers les problématiques du Big Data. 

Ce choix reflète enfin l'évolution du club lui-même. Nous sommes nés autour de l'ERP, mais nous avons dépassé cette seule problématique en accompagnant les diversifications de l'éditeur, au fil de ses rachats. Le club BO a ainsi fusionné avec l'USF. Nous allons lancer dans les jours qui viennent une commission sur les bases de données (Sybase ASE, IQ et Hana) et nous travaillons à mettre sur pied un groupe de travail autour des logiciels de SuccessFactors ( éditeur de solutions RH en Saas racheté par SAP fin 2011, NDLR). L'USF n'est plus seulement un club d'utilisateurs d'ERP. 

SAP présente Hana comme le centre de sa stratégie, une plate-forme permettant de bâtir de nouvelles applications. Quelle est la vision de l'USF? 

C.M.-M. : La vraie valeur de Hana ne réside pas dans l'accélération de processus existant, même si les entreprises débutent souvent par là. Mais bien dans de nouvelles applications, qui n'étaient jusqu'alors pas pensables car pas faisables. En France, je constate toutefois que ces perspectives se heurtent à un sujet pratico-pratique : le coût de la technologie. Les porteurs des projets en entreprise peinent à démontrer le retour sur investissement, au moins à court terme, que va amener le produit. Le décollage de Hana est moins rapide en France qu'ailleurs. 

SAP met toute sa puissance marketing sur Hana. Mais quelles sont les préoccupations réelles des informaticiens en charge des systèmes SAP? 

C.M.-M. : Elles sont de deux ordres. D'abord ils attendent une meilleure lisibilité de l'évolution stratégique des offres, surtout dans une période où l'éditeur multiplie les rachats. Les perspectives amenées par le rachat d'Ariba, dernière acquisition majeure de SAP, sont ainsi toujours très floues. D'autre part, la crise fait resurgir les préoccupations liées aux aspects tarifaires, aux pratiques commerciales et au licensing. Sur ce sujet, nous allons relancer les travaux que nous avons déjà menés avec le Cigref (Club informatique des grandes entreprises françaises, NDLR) sur les pratiques commerciales de SAP. Sept thèmes y seront abordés (tarification dans le Cloud, devenir des tarifs de maintenance après 2016, accès indirects à SAP, audits de licences…). Je note d'ailleurs que l'éditeur joue totalement le jeu sur ce sujet. 

Il y a un an, vous annonciez lors de la convention le lancement du programme Influence  permettant aux clients, via les clubs présents dans le monde entier, de peser concrètement sur les évolutions des produits SAP. Un an après, quel bilan en tirez-vous? 

C.M.-M. : Sur la partie Customer Connection (qui permet aux clubs de demander à l'éditeur des modifications entre deux versions de logiciels, NDLR), le bilan est très positif. Nous avons certes mis un an à monter en charge, alors que nous espérions pouvoir le faire en 6 mois. Ce retard est dû au processus un peu lourds qui ont été mis en œuvre par l'éditeur. Mais ce bémol ne doit pas occulter la réussite de ce programme. SAP respecte ses engagements. La règle du jeu suscite certes quelques frustrations - car il faut qu'un sujet soit ouvert pour que l'éditeur s'y intéresse -, mais elle est claire. Pour la première fois depuis le lancement, l'USF pilote au sein de Customer Connection deux sujets portant sur des modifications dans WebI BI 4.0 et dans EPM. 

Par contre, sur ce que SAP appelle la Customer Engagement Initiative, consistant à influencer en amont les futures versions de produit via une collaboration avec les labos de l'éditeur, le bilan est plus mitigé. La France n'est clairement pas au niveau de représentativité qu'elle est en droit d'attendre, d'autant plus que des laboratoires de l'éditeur sont implantés en France. Cee qui devrait logiquement favoriser les rapprochements avec nos entreprises. Sur ce point, la responsabilité est partagée entre l'USF et SAP. Mon but est aujourd'hui de rattraper ce retard. 

Comment se porte l'association que vous dirigez? 

C.M.-M. : D'abord, elle est très active. 45 commissions et groupes de travail, mobilisant 60 bénévoles et 5 permanents, auront organisé environ 120 réunions au cours de cette année. Ce qui représente pas loin de 2 000 jours homme de travail. Pour la convention de début octobre, nous dénombrons à ce jour 20 % d'inscrits en plus que l'année dernière à pareille époque. Rappelons que l'édition 2011 avait réuni 1 000 personnes. Enfin, 80 partenaires de l'éditeur ont déjà réservé leur stand sur la manifestation. 

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