Amaury Houdart, DRH Logica France : "on ne fera pas de licenciement"
Quelques jours après avoir mis en place un système de congés sans solde indemnisés à hauteur de 25 % du salaire, le DRH de Logica France explique la logique des mesures prises par la SSII afin de juguler l'intercontrat. Et se pose personnellement en garant contre toute dérive du système. Suffisant pour rassurer les 9 000 consultants de la filiale de la SSII anglaise ?
Quelle a été la réaction des partenaires sociaux lors du dernier comité central d'entreprise où vous avez présenté le projet de congés sans solde indemnisés à hauteur de 25 % du salaire, projet censé juguler l'intercontrat (information révélée par LeMagIT le 18 mai) ?
Amaury Houdart : Les représentants du personnel ont globalement estimé qu'ils s'agissait d'une solution innovante louable. Avec cette proposition, la direction de Logica France est dans l'anticipation : nous n'avons pas un besoin immédiat de cette mesure pour juguler l'intercontrat. Globalement, le secteur des services informatiques résiste mieux que d'autres, même si le contexte est tendu. Notre taux d'intercontrat (que Amaury Houdart s'est refusé à dévoiler, ndlr) reste faible ; il est inférieur à la moyenne de la profession. Mais il a augmenté de plus de 10 % au premier trimestre - suivi par une légère baisse au second - et nous n'en sommes pas satisfait.
La crainte de certains représentants du personnel est que cette mesure, qui repose en théorie sur le volontariat, ne soit détournée par les managers pour mettre la pression individuellement sur les consultants en intercontrat...
A.H. : Je serai extrêmement attentif sur ce point, notamment sur la façon dont les managers appréhenderont la mesure, et j'interviendrai personnellement au besoin. En cas de dérive, je conseille aux salariés de s'exprimer car la règle est très claire : aucune pression des managers ne sera considérée comme légitime. Je compte également sur mon réseau RH : dans chaque entité de Logica France, une personne est en charge de la gestion de l'intercontrat et elle est accompagnée par un salarié de mon service.
Cette mesure s'intègre dans un plan plus vaste... Vous avez notamment déjà mis en place un système d'abondement des congés payés (1 jour offert par l'employeur pour quatre jours posés).
A.H. : A l'échelle de l'Europe, nous avons effectivement mis en place un plan global selon deux axes : la recherche de nouveaux débouchés et celle de davantage de flexibilité. Un séminaire sur le sujet vient d'ailleurs de s'achever, séminaire auquel participaient les partenaires sociaux.
Pour le premier volet, Logica France organise par exemple un concours interne incitant les consultants à chercher de nouveaux contrats - mesure assortie de primes -, a mis en place un système d'étude des besoins futurs en compétences dans chaque entité - afin de détecter les personnes à former ou reconvertir - ou organise encore des sessions internes de formation pour capitaliser sur nos compétences.
Sur le second axe - la flexibilité -, il s'agit de gérer des situations d'interruptions brutales de contrat, pour préserver à la fois la santé de l'entreprise et garder l'emploi de nos salariés. Sur ce plan, nous avons mis en place le système d'abondement des congés payés, si le salarié accepte de poser ses jours dans un délai court. Et venons donc de discuter de la mesure sur les congés sans solde. Lors de notre dernière enquête auprès des salariés, je signale d'ailleurs que nous avions identifié une attente de ces derniers pour mieux gérer l'équilibre entre vie professionnelle et vie privée.
Vous parlez d'une démarche européenne. Cette mesure de congés sans solde a-t-elle été adoptée par d'autres filiales du groupe ?
A.H. : Non, cette mesure n'a pas encore été déclinée dans d'autres pays. Mais elle fait partie des mesures retenues à l'échelle du groupe dans le cadre du plan dont nous avons discuté lors du séminaire RH au niveau européen.
Cette série de mesures suffira-t-elle à éviter les licenciements ?
A.H. : En France, je suis convaincu que nous éviterons les licenciements. Je me prépare, au contraire, à revivre dès le rebond la guerre des talents que nous avons connue il y a seulement quelques mois. D'où notre volonté actuelle de retenir les compétences au sein de notre société en mettant en place des mesures permettant de passer le cap difficile actuel.