Pure//Accelerate 2023 : les baies FlashArray R4 sont 40 % plus rapides
Pure storage renouvelle ses baies FlashArray//X et //C avec des contrôleurs dotés des tout derniers Xeon d’Intel et des modules Flash de 50 à 100 % plus capacitifs.
40 % de performances en plus, 30 % de compression temps réel en plus et 51 % de densité en plus. Telles sont les caractéristiques de la toute dernière génération R4 des baies de stockage SAN FlashArray//X et //C que Charles Giancarlo, le PDG de Pure Storage (en photo), a dévoilé lors de sa keynote d’ouverture de l’événement Pure//Accelerate 2023, lequel se tient cette semaine à Las Vegas.
Au-delà des performances, leurs capacités évoluent. La nouvelle FlashArray//X, dédiée aux 25 % d’applications les plus critiques en termes de vitesse que l’on trouve en grandes entreprises, offre jusqu’à 3,3 Po d’espace de stockage. La nouvelle FlashArray//C, conçue pour le tout venant des travaux, grimpe désormais jusqu’à 8,9 Po.
Les clients de Pure Storage qui ont souscrit au contrat Evergreen//Forever peuvent immédiatement bénéficier du remplacement de leurs baies actuelles par ces nouveaux modèles.
« 3 ans d’avance sur la concurrence »
Dans le détail, les disques Flash, appelés ici DFM et non SSD, avec NAND TLC des FlashArray//X offrent désormais chacun 36 To de capacité, contre 18 auparavant. Les DFMs avec NAND QLC des FlashArray//C passent de 48 à 75 To. Il s’agit ici des mêmes DFMs QLC que ceux proposés dans la nouvelle baie d’entrée de gamme FlashArray//E.
Selon Pure Storage, ces DFMs de dernière génération permettraient, respectivement, de consommer 97 % d’énergie en moins par téraoctet sur la FlashArray//X et 42 % sur la FlashArray//C, comparativement aux modèles de génération R3.
« Clairement, nous avons au moins trois ans d’avance sur nos concurrents en matière de stockage Flash, en ce qui concerne la densité, en ce qui concerne la consommation électrique. Notre autre avantage et que nous ne faisons que du Flash. Lorsque le disque dur disparaîtra des data centers, d’ici à 2028, nos concurrents souffriront de lourdes pertes. Pas nous », argumente Shawn Hansen, le patron de la branche FlashArray chez Pure Storage.
Les DFMs (DirectFlash Modules) sont des modules qui embarquent la même mémoire NAND que les SSDs ; ils contiennent en plus de la RAM, en quantité mille fois moins importante que la capacité des NAND, ainsi que de la NVRAM (mémoire non volatile) pour accélérer les accès.
Autre différence, les DFMs ne disposent pas d’un contrôleur pour gérer ces circuits NAND. Ceux-ci sont pilotés par le système d’exploitation de la baie, Purity, qui s’exécute sur un processeur x86 autrement plus performant que les contrôleurs des SSD. C’est cette architecture qui permet de mettre dans les DFMs en moyenne 2,5 fois plus de capacité de stockage que dans les SSD normaux.
Des baies SAN avec un fonctionnement NAS plus souple
Comparativement aux baies FlashBlade du même constructeur qui sont des NAS conçus pour partager leurs contenus sur le réseau en mode fichier ou objet, les FlashArray sont initialement conçues pour être directement reliées à des serveurs via un protocole NVMe, FC ou iSCSI.
Si elles sont capables depuis 2020 d’offrir elles aussi un mode NAS, ce fonctionnement était toutefois limité. Jusqu’à récemment, il était nécessaire de définir une bonne fois pour toutes à l’installation quelle capacité devait servir de SAN en mode bloc et quelle autre ne serait utilisable qu’en tant que NAS en mode fichiers.
La dernière version du système d’exploitation Purity//FA apporte un fonctionnement plus souple. Désormais, NAS et SAN capturent de la capacité au fur et à mesure que leurs besoins évoluent. La prouesse étant que les fonctions liées aux volumes partagés en NAS – snapshots, snapshots de datastore VMware, règles de quotas, export, etc. – continuent de se dérouler sans que l’élasticité de la capacité ne pose de problème. Selon les observateurs, c’est un fonctionnement qui manque, par exemple, aux baies PowerStore de Dell, elles aussi vendues pour servir à la fois de NAS et de SAN.
Déjà des processeurs Xeon Sapphir Rapids
Cultivant le secret sur ses recettes matérielles, Pure Storage ne livre que de maigres détails techniques concernant la croissance de performance. On apprend que les deux nouvelles baies reposent sur la toute dernière génération de processeurs Xeon d’Intel, la gamme Sapphir Rapids commercialisée en début d’année. Une annonce plutôt impressionnante, dans le sens où les baies de stockage sont historiquement des matériels qui accusent toujours une à deux générations de retard par rapport aux serveurs, les seuls à bénéficier des tout derniers processeurs.
La particularité des Xeon Sapphir Rapids est d’être plus des SOCs – des assemblages de circuits dédiés – que des processeurs classiques. Parmi les circuits ajoutés autour des cœurs x86, Intel a justement choisi d’intégrer par défaut ceux qui accélèrent les opérations de stockage. On dénombre le QAT (Quick Assist Technology) qui accélère la compression et le chiffrement, le DSA (Data Streaming Accelerator), capable de convertir à la volée des groupes de données en trames Ethernet ou en blocs pour la NAND et le DLB (Dynamic Load Balancer) qui répartit les flux de données selon la cohérence des caches.
Ces caractéristiques des Xeon Sapphir Rapids se déclinent notamment chez Pure Storage sous la forme d’une nouvelle accélération DirectCompress – qui n’était auparavant possible que sur les modèles haut de gamme FlashArray//XL, via une carte dédiée. Par ailleurs, les baies de génération R4 supportent à présent tous les protocoles NVMe-over-Fabrics vers les serveurs : NVMe/FC, NVMe/RoCE et NVMe/TCP, soit via des ports FC en 64 Gbit/s, soit via des ports Ethernet en 100 Gbit/s.
PCIe 4.0 : un choix
Accessoirement, les baies de génération R4 bénéficient d’une mémoire DDR5 deux fois plus rapide que la précédente DDR4 et… de bus PCIe 4.0. Un détail qui paraît d’emblée étonnant, puisque les Xeon Sapphir Rapids proposent du PCIe 5.0 deux fois plus rapide. Le PCIe 5.0 aurait été a priori d’autant plus intéressant pour Pure Storage qu’il s’agit du bus sur lequel sont connectés ses disques Flash, sortes de SSDs propriétaires appelés DFM (DirectFlash Module).
Alex McMullanDirecteur technique, Pure Storage.
« D’une part, il s’agit bien d’une accélération par deux, car les précédentes versions des FlashArray//X et //C fonctionnaient avec un bus PCIe 3.0. Seul le modèle haut de gamme FlashArray//XL bénéficiait du PCIe 4.0 », explique Alex McMullan, le directeur technique de Pure Storage.
On se souvient en effet qu’en 2020, lors du lancement des précédentes générations R3, seuls les processeurs Epyc d’AMD offraient le support du PCIe 4.0. Il faudra attendre 2021, année de commercialisation de la FlashArray//XL, pour qu’Intel ajoute le support du PCIe 4.0 dans ses Xeon Ice Lake.
« D’autre part, oui, les baies R4 ont physiquement des bus PCIe 5.0, mais nous avons délibérément choisi de les faire fonctionner en mode PCIe 4.0. Car cela consomme moins d’énergie et parce que le PCIe 5.0 n’est selon nous pas encore assez stable : dans un datacenter, sa haute vitesse est sujette à des interférences. En partant sur du PCIe 4.0, nous nous épargnons des routines de correction d’erreur qui pourraient ralentir le trafic », ajoute Alex McMullan.
Quid des services cloud ?
« Il faut reconnaître que Pure Storage est certainement le fabricant de baies de stockage qui innove le plus du point de vue matériel et, plus particulièrement sur le stockage Flash. Ce sont les seuls à avoir une vision claire de l’évolution de leurs produits. L’offre est beaucoup plus lisible que chez Dell par exemple, puisque l’on a la même architecture matérielle sur tous les modèles (DFMs), le même OS (Purity) et la même interface d’administration (Pure1) », commente l’analyste Max Mortillaro du cabinet d’études GigaOm.
« Pour autant, je trouve que leur focalisation sur le matériel se fait au détriment des services de données, typiquement les services de stockage en cloud, que des concurrents comme NetApp ou Dell mettent énormément en avant », ponctue-t-il.
En l’occurrence, Pure Storage dispose bel et bien de services de stockage sur AWS et Azure – des services de stockage en mode bloc fonctionnant sur une version de Purity adaptée aux serveurs génériques de ces hyperscalers et pilotables par Pure1. Sauf que le constructeur n’en parle… jamais.
« Leur discours consiste à dire qu’ils vont remplacer les disques durs par du stockage Flash. C’est très bien, sauf que c’est déjà arrivé. Aujourd’hui, n’importe quelle entreprise qui achète une baie milieu de gamme va choisir une baie 100 % Flash. Ces entreprises n’ont plus besoin d’être convaincues d’abandonner les disques durs. Elles veulent qu’on leur parle gestion de données. Sur ce point NetApp a une offre plus cohérente », martèle Max Mortillaro.
Shawn HansenVP et directeur de la branche FlashArray, Pure Storage.
« Nous ne parlons pas de la même chose », rétorque Shawn Hansen. « Nos concurrents vont vous proposer des services cloud sur des fichiers, c’est ce que les entreprises migrent en cloud. Nous, nous disons à nos clients qu’ils peuvent réduire leur facture de stockage en mode bloc en utilisant des baies physiques sur site. Parce que nous nous utilisons la compression, la déduplication, des fonctions d’économie de capacité qui n’existent pas en cloud. »
« Ensuite, oui, nous avons déporté chez Azure et AWS ces mêmes services de stockage en mode bloc qui réduisent la taille des données. Pourquoi nous n’en parlons pas beaucoup ? Parce que cela ne représente qu’un tout petit pourcentage des demandes de nos clients », insiste le patron des FlashArray.
Demain : des DFMs chez les hyperscalers, la montée en puissance de Fusion
Au-delà des opportunités invérifiables d’utiliser des services de stockage en mode bloc compatibles avec Purity dans les différents clouds publics, LeMagIT a pu apprendre que Pure Storage travaille surtout à vendre ses matériels – du moins ses DFMs – aux acteurs du cloud. En l’occurrence, si NetApp est si présent en cloud, c’est notamment parce qu’il y exécute son système d’exploitation OnTap sur ses propres matériels. Dès que les négociations en ce sens auront abouti, il est permis de supposer que Pure Storage abordera la question des services de stockage en cloud avec plus d’enthousiasme.
« Sur ce sujet, attendez-vous à voir les choses évoluer d’ici à un an », lâche Alex McMullan.
Plus spécifiquement, plusieurs observateurs interrogés par LeMagIT, sur l’événement Pure//Accelerate 2023, reprochent qu’il ne soit pas trivial de faire fonctionner ensemble différentes baies – physiques ou en service cloud. À l’heure actuelle, chaque baie dispose de sa propre console d’administration Pure1.
« Oui, c’est l’objectif de la métaconsole Fusion que nous avons lancée l’année dernière. Pour l’heure, Fusion permet d’exporter le contenu en mode bloc d’une baie vers une autre, y compris entre deux modèles différents. Toutes les règles de déplacements automatiques, qui permettent de gérer une flotte de baies comme un seul cluster de stockage avec différents tiers et qui prennent aussi en charge les FlashBlade, arriveront avant la fin de l’année », promet Ajay Singh, le directeur Produits de Pure Storage.