Pure//Accelerate 2023 : une baie SAN elle aussi à 20 centimes du Go
Après avoir commercialisé le NAS FlashBlade//E au prix d’une baie de disques durs, Pure Storage décline sa recette à une baie SAN FlashArray//E. Elle offre 4 Po de capacité dans seulement 5U.
Une baie de stockage SAN à prix cassé. En plus des gammes existantes FlashArray//X et //XL, très rapides pour les bases de données intensives, ainsi que FlashArray//C, très capacitives pour les volumes de travail d’un cluster, Pure Storage lance l’entrée de gamme FlashArray//E. Elle reprend la recette d’un stockage Flash à 20 centimes par Go (soit aussi peu cher qu’avec des disques durs) déjà vue sur les NAS FlashBlade//E que le constructeur a lancés plus tôt cette année.
« Avec ce tarif record, nous allons abolir l’utilisation des disques durs, qui coûtent peu cher à l’achat par rapport aux SSD, mais occupent trop d’espace et avalent trop d’énergie dans les datacenters. Grâce à nous, plus personne n’achètera de disques durs d’ici à 2028 », prophétise Charles GianCarlo, le PDG de Pure Storage, lors de l’événement Pure//Accelerate 2023, qui se tient cette semaine à Las Vegas.
Une baie d’entrée de gamme pour… les grands comptes
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette nouvelle baie FlashArray//E à prix cassé n’est pas destinée au tout venant des entreprises. Les FlashArray de Pure Storage sont vendues à des grands comptes (banques…) et cela restera vrai pour le nouveau modèle //E :
« Tout d’abord, la capacité minimale proposée est de 1 Po. Cela va au-delà des besoins des PME », commence Shawn Hansen, le directeur général de la division FlashArray (en photo).
« Notre situation est plutôt la suivante : dans une grande entreprise, 25 % des applications ont besoin de rapidité et 75 % de capacité. Nous fournissions les 25 % en haut de la pyramide avec nos baies //X et //XL, mais nous ne répondions pas à tous les besoins avec nos baies //C. Tout au bas de la pyramide, vous trouvez des applications pour lesquelles le prix de la capacité est la caractéristique la plus importante. C’est à ce besoin-là que répond la FlashArray//E », explique-t-il.
« À présent nous répondons à tous les besoins de la pyramide des usages. L’important pour les entreprises est que, grâce à nous, elles peuvent gérer tous leurs tiers de stockage avec la même interface d’administration, Pure1. Toutes nos baies fonctionnent avec le même système, Purity, ce qui permet de déployer facilement les mêmes règles sur toute votre flotte de baies de stockage. »
La recette « secrète » d’un prix cassé
Comme les baies FlashArray//C, les nouvelles FlashArray//E utilisent des circuits NAND QLC dans leurs SSDs – ici appelés DFM (DirectFlash Module). Mais leurs contrôleurs sont moins performants que sur toutes les autres baies FlashArray. C’est la conjugaison de ces deux caractéristiques qui permet de parvenir au tarif record de seulement 20 centimes par Go brut.
Malgré tous les efforts que LeMagIT a déployés, il n’a pas été possible de savoir exactement ce qui différenciait le contrôleur d’une FlashArray//C de celui d’une FlashArray//E. « Ce sont des recettes secrètes », tranche Alex McMullan, le directeur technique de Pure Storage.
« Tout ce que vous devez savoir est que la proportion entre la quantité de mémoire et le nombre de cœurs est différente sur la FlashArray//E. Il y a moins de puissance CPU sur cette dernière, tout en conservant assez de RAM pour gérer une capacité de stockage maximale de 4 Po. Car, la base de notre système d’exploitation Purity est que la capacité de stockage supportée correspond à la quantité de RAM présente », dit-il.
Pour mémoire, Pure Storage utilise les mêmes circuits NAND que ses concurrents. En revanche, il les assemble lui-même dans des SSDs particuliers, les DFMs.
De nouveaux disques Flash de 75 To
D’ordinaire, les FlashArray//C, et FlashBlade//E contiennent des DFMs QLC de 48 To de capacité chacun. Néanmoins, le lancement de la FlashArray//E va de pair avec l’arrivée d’un nouveau modèle de DFM QLC dont la capacité grimpe à 75 To.
Ces modules DFM sont en l’occurrence dépourvus du petit contrôleur qui, sur les SSDs classiques, gère l’accès aux différents circuits NAND depuis le bus NVMe. Pure Storage considère que ce contrôleur est le véritable talon d’Achile des SSDs dans le sens où ses performances nécessairement limitées ne lui permettent pas de prendre en charge plusieurs jeux de circuits NAND.
Alex McMullanDirecteur technique, Pure Storage
À la place, Pure Storage aligne plusieurs jeux de NAND sur le bus de ses DFMs et gère leur accès directement depuis le contrôleur de la baie, en l’occurrence un processeur x86. Toute la logique est confiée à Purity, le système d’exploitation de la baie. C’est ainsi que la capacité des DFMs dépasse celle des SSDs courants, dont le modèle le plus capacitif plafonne aujourd’hui à 30 To.
« Pour entrer plus exactement dans le détail de nos DFMs, ceux-ci sont composés de trois choses. De la RAM, tout d’abord, qui est proportionnelle à la capacité de stockage avec un rapport 1/1000. Un DFM de 75 To intègre ainsi 75 Go de RAM. Ensuite, en cas de panne, cette RAM est sauvegardée sur une NVRAM qui est en l’occurrence composée de circuits SLC [une cellule SLC contient 1 bit d’information et s’use quatre fois moins vite qu’une cellule QLC qui contient 4 bits d’informations, NDR]. Puis, vous avez les 75 To de NAND QLC », explique Alex McMullan.
Auparavant, Pure Storage accélérait l’accès à des DFM dépourvus de RAM en plaçant dans certains slots de ses baies des modules Optane d’Intel, dont la fabrication a entretemps été arrêtée. L’architecture qui consiste à mettre de la RAM et de la NVRAM sur les DFMs avait été inventée à l’occasion du lancement des baies FlashBlade. C’est aujourd’hui celle qui s’applique aux DFMs de toutes les baies FlashArray.
Différences entre FlashArray//E et FlashBlade//E
Deux caractéristiques différencient la nouvelle FlashArray//E de la récente FlashBlade//E. D’abord, il s’agit d’une baie SAN, qui fonctionne en mode bloc, bien qu’il reste possible de partager ses volumes en mode NAS. Elle s’utilise donc avec des bases de données qui ont besoin de stocker des blocs d’informations ou des systèmes qui ont besoin de manipuler des disques virtuels, comme l’hyperviseur de VMware.
De son côté, la FlashBlade//E est un NAS dont la vocation est de stocker des données plus ou moins dormantes, qu’il s’agisse de sauvegardes, d’une base documentaire interrogée en mode objet, ou de médias téléchargeables en mode fichier.
Ensuite, ses capacités vont de 1 à 3,6 Po, tandis que celles de la FlashBlade//E commencent à 4 Po. Ces limites relèvent en l’occurrence plus d’une décision commerciale que d’une contrainte technique. Pure Storage semble considérer qu’il est relativement improbable qu’une base de données critique ou que les volumes système d’une flotte de machines virtuelles atteignent 6 Po, la capacité maximale d’une baie SAN FlashArray.
En revanche, l’amoncellement de toutes les bases documentaires et de tous les fichiers de travail d’une entreprise n’a théoriquement pas de limite. C’est pourquoi la FlashBlade//E est aujourd’hui extensible à presque 10 Po.
Au-delà de ces différences, physiquement, les FlashArray//E et FlashBlade//E sont exactement les mêmes machines : un contrôleur haut de 3U contenant 20 DFMs (soit 1,5 Po), plus un certain nom de tiroir de 2U contenant chacun 28 DFMs (2,1 Po). La FlashArray//E ne peut avoir qu’un seul tiroir, tandis que la FlashBlade//E en supporte quatre.
Des DFMs de 300 To en 2026
Pure Storage avance que le gain de place permis par ses DFMs plus denses et l’utilisation de moins de contrôleurs par Go contribue à une consommation électrique quatre fois moins importante entre une baie Pure Storage //E et une autre baie Flash QLC de marque concurrente.
Shawn RosemarinResponsable de la R&D, Pure Storage
« Nous capitalisons sur 13 ans d’expertise en développement Flash pour nous revendiquer les plus aptes à savoir remplacer les disques durs. Tout simplement parce que nous sommes capables d’offrir une densité 2 à 5 fois meilleure que celle des baies Flash de marques concurrentes. À l’heure actuelle, les fabricants de SSD ont juste un agenda jusqu’à 50 To de capacité par disque. Nous proposons 75 To aujourd’hui, puis ce sera 100 To en 2024 et 300 To en 2026 », argumente Shawn Rosemarin, responsable de la R&D chez Pure Storage.
Ces DFM de 100, puis 300 To (éventuellement avec une déclinaison en 150 To vers 2025) ne seront pas compatibles avec le contrôleur actuel des FlashArray//E et FlashBlade//E. Mais qu’importe : Pure Storage compte proposer ces machines d’entrée de gamme sous le contrat commercial Evergreen//Forever.
Celui-ci autorise le remplacement par le constructeur des contrôleurs des baies par des versions plus récentes à chaque fois que l’entreprise cliente souhaite bénéficier de DFMs plus capacitifs.