Voyages-SNCF
Voyages-SNCF.com remplace Akamai par une solution maison
Le site de réservation de la SNCF a cessé d’utiliser le service de cache bien connu et l’a remplacé par des serveurs avec des logiciels Open source chez des hébergeurs. Ce qui lui coûte quatre fois moins cher.
Ne plus passer par Akamai pour accélérer l’accès à son site tout ayant le même service quatre fois moins cher et, surtout, avec bien plus d’informations sur ses visiteurs. C’est ce que vient de faire Voyages-SNCF.com, dont la DSI - la filiale VSC Technologies - a pris l’initiative de construire son propre réseau de cache (ou CDN, alias Content Delivery Network).
« Voyages-SCNF.com a deux datacenters sur le territoire, l’un à Lille et l’autre à St-Denis, hébergé chez IBM. Nous utilisions auparavant le CDN d’Akamai surtout comme un répartiteur de charge entre les deux, pour que les internautes puissent afficher rapidement le site, même en période de trafic élevé. Mais avec désormais 60 millions de visites par mois, nous nous sommes dits il y a un an et demi que la solution d’Akamai, facturée au nombre de connexions, commençait à nous coûter très cher. D’autant qu’Akamai est surtout conçu pour donner aux internautes locaux un accès rapide à un site étrangers, alors que notre trafic est essentiellement franco-français », explique Gilles de Richemond, directeur de VSC Technologies.
« De plus, un service comme Akamai ne nous permet pas d’avoir des informations précises sur les moyens de connexion de nos internautes. Leur vitesse de connexion, leur navigateur, depuis quels fournisseurs d’accès. Ce sont des informations importantes pour améliorer la qualité du site », ajoute-t-il.
Toutes les briques existent en Open Source
VSC Technologies est donc parti visiter plusieurs hébergeurs répartis sur tout le territoire pour évaluer la pertinence d’installer un cache chez eux. L’équipe de Gilles de Richemond a retenu quatre hébergeurs, totalisant six datacenters.
« Le plus important dans ce choix n’est pas de trouver la meilleure répartition géographique, mais plutôt d’identifier qui va avoir les meilleures performances réseau dans un maillage global. Il nous a aussi fallu estimer quels candidats étaient les mieux placés pour construire notre maillage au fur et à mesure, de sorte qu’il augmente en performance de manière linéaire à chaque fois que nous ajoutions un datacenter. L’enjeu est d’arriver à toujours délivrer à nos visiteurs la bonne qualité de service », analyse Gilles de Richemond.
Il estime que, techniquement, construire un tel CDN n’est pas très compliqué.
« Il suffit de déployer chez chaque hébergeur des serveurs et d’installer dessus des briques logicielles qui existent toutes en Open source. La difficulté consiste surtout à bien assembler ensemble ces briques et à bien les monitorer. Or, bien faire de l’IT, est la raison d’être de VSC Technologies », dit-il, expliquant incarner la « digital factory » de Voyages-SNCF.com.
« Acheter une solution clés en main, ou tout confier à un partenaire, n’est utile que lorsque vous avez des contraintes de Time-to-Market. En ce qui nous concerne, nous n’avions pas de délai de livraison à respecter, le site fonctionnant déjà. Nous avons donc jugé que notre expertise technologique aurait plus de valeur pour faire la différence sur le marché ».
Quatre ingénieurs de VSC Technologies mettront au point la solution durant le second semestre 2015. Elle consiste en 15 serveurs physiques chez chaque hébergeur, chaque machine disposant de 128 Go de RAM.
Dessus, sont installés les logiciels Open source Nginx (proxy web), HAProxy (répartiteur de charge) et Varnish (cache). Ces serveurs sont supervisés avec les logiciels Open source Zabbix (monitoring réseau), Nagios (monitoring système), le duo Graphite et Grafana (affichage des métriques) ainsi que le duo ElasticSearch et Kibana (traitement des logs).
Le tout est déployé automatiquement avec Ansible. « Nous fonctionnons beaucoup en mode DevOps, c’est-à-dire que nous industrialisons nos processus pour assurer la fluidité des déploiements. Typiquement, nous utilisons en amont d’Ansible l’outil Open source Jenkins pour packager en continu les mises à jour des logiciels », détaille le directeur de VSC Technologies.
Une solution sur mesure, parfaite et qui ouvre de nouvelles perspectives
Il faudra encore six mois pour déployer les serveurs ainsi configurés dans les six datacenters externes identifiés par VSC Technologies.
« Il faut bien comprendre que, durant le déploiement, le trafic ne s’arrête jamais et qu’il est hors de question de provoquer un incident. Si bien que, une fois les machines installées chez un hébergeur, nous menons de centaines de tests avant de les activer dans le circuit. Ces tests concernent la résilience, le vieillissement de la répartition de charge, la qualité du monitoring et, aussi, les compétences des gens en charge de l’exploitation des machines chez les hébergeurs ».
Il fait le choix d’activer les caches au fur et à mesure, datacenter après datacenter. « Encore une fois, nous nous prévalons d’avoir la culture de la qualité de bout en bout, d’être les spécialistes face à l’incident d’exploitation. Nous avons donc avancé avec beaucoup de prudence, toujours sans contrainte de délai », affirme-t-il.
Le CDN maison de VSC Technologies est opérationnel depuis l’été 2016. Il assure en moyenne un trafic entrant de 1 Gbit/s, soit 8000 requêtes par seconde et permet au site Voyages-SNCF.com de rester rapide, même lors du pic d’activité saisonnier d’octobre - lorsque les billets des fêtes de fin d’année sont mis à la vente et que toutes les places d’un TGV se réservent en moins de 10 secondes.
Nouvelles perspectives
Remplissant parfaitement sa mission, le CDN de VSC Technologies ouvre à présent de nouvelles perspectives.
« Techniquement, ce CDN nous permet de répartir la charge comme nous le souhaitons entre différents datacenters, c’est-à-dire qu’il nous donne la flexibilité d’aller faire héberger de nouveaux sites web ou d’autres applications ailleurs que dans nos deux datacenters historiques. C’est une opportunité nouvelle que nous pourrions, à l’avenir, considérer comme stratégique », imagine Gilles de Richemond.
Dans l’immédiat, le CDN endosse déjà un rôle additionnel. En cas de pic d’activité et de saturation de deux datacenters à Lille et Saint-Denis, il route les requêtes vers OVH, chez qui VSC Technologies loue ponctuellement des ressources pour exécuter des instances additionnelles. « Typiquement, OVH pourrait servir à autre chose qu’à un réservoir pour les débordements », conclut-il.