Trenitalia parie massivement sur l’IoT avec SAP HANA
Vieille dame d’un secteur en pleine transformation Trenitalia, la SNCF italienne, investit dans les technologies IT pour assurer son avenir. Première étape : l’optimisation de la maintenance de son parc matériel impressionnant. En attendant de révolutionner l’expérience de voyage de ses clients. La compagnie s’appuie sur SAP, choisi pour ses investissements dans l’IoT et le potentiel de sa plateforme In Memory HANA.
Trenitalia, principale compagnie de transport ferroviaire italienne, a choisi SAP pour faire sa révolution digitale. Un engagement pris dès 2014 et qui doit, selon les mots de la PDG du groupe national Barbara Morgante, permettre « de garantir toujours plus de sureté au transport ferroviaire et de modifier positivement l’expérience de voyage des utilisateurs. Un enjeu clé dans un secteur très concurrentiel qui a vu des acteurs pure-players du numérique émerger ces dernières années ».
Cette transformation radicale s’appuie sur l’Internet des objets (IoT) et un projet de 50 millions d’euros. Ce projet, qui comprend un nouveau site de maintenance hautement numérique, une grande quantité de capteurs et la plateforme IT sur base SAP HANA, doit s’achever en 2019. Le plan Industrie 4.0 du groupe s’étendant lui jusqu’en 2026.
Première étape donc : optimiser la maintenance des trains à travers un programme baptisé DMMS (Dynamic Maintenance Management System). Nombre d’équipements des locomotives (notamment moteurs, batteries, freins…) sont désormais équipés de capteurs (plusieurs centaines) qui permettent de remonter quelques 5 000 signaux par seconde. Ces derniers sont hébergés sur une base In-Memory HANA de 6 To puis sauvegardés dans le Cloud pour historique dans un espace de stockage de 1 Po.
L’objectif est détaillé par Marco Caposciutti, CTO du groupe : « il s’agit clairement de gagner en sureté en déployant des outils de diagnostic, mais également d’optimiser le cycle de maintenance et de vie des équipements pour un meilleur RoI. Nous attendons une économie de l’ordre de 8% en base annuelle. Rapidement, nous allons déployer des outils prédictifs et également relier directement cette application à notre supply chain pour optimiser la gestion des flux et des stocks de pièces détachés ».
Concrètement, DMMS utilise l’ensemble des fonctionnalités de traitement temps réel et d’analyse proposées par SAP HANA. La console d’administration profite tout à la fois de l’apport de Plat.one (société italienne spécialisée dans la gestion à grande échelle de composants IoT) et des applications d’analyse et de visualisation des données de SAP. Pour développer l’aspect capteur, Trenitalia s’est appuyé sur le savoir-faire des laboratoires de l’Université de Pise. Les algorithmes d’analyse et ceux – à venir – du prédictif ont été conçus avec l’Université de Milan.
Chaque train du réseau Trenitalia en circulation – le groupe opère un total de 30 000 locomotives et assure 8 000 connexions chaque jour - est relié à la console et assure une transmission au moins toutes les 10 minutes. La transmission se fait à l’aide du Wifi présent sur l’ensemble des infrastructures du réseau. Le dispositif est déjà effectif pour les lignes grande vitesse et en cours de déploiement sur les lignes régionales. Très rapidement le temps réel sera visé.
Anticiper les défaillances et faciliter la maintenance
Un certain nombre d’indicateurs sur l’état des matériels sont remontés. Ils permettent d’anticiper d’éventuelles défaillances et facilitent la mise en maintenance à l’arrivée des locomotives tout en limitant le nombre de mises en arrêt non planifiées. Si Marco Caposciutti se félicite du partenariat avec SAP, il ajoute que beaucoup de discussions avec SAP ont porté sur la sécurisation du système. Alan Southall, Senior Vice-Président de l’ingénierie, en charge des activités IoT Predictive Maintenance pour SAP, confirme qu’il s’agit là d’un enjeu clé pour le développement de l’IoT et de l’industrie 4.0. « Pour adresser la problématique de la sécurité des systèmes, nous avons pris le parti de travailler dès le départ sur la base des standards de sécurité de l’IoT, mais également sur ceux propres au monde industriel qui sont très robustes. Nous nous appuyons également sur notre savoir-faire en matière de prédictif pour l’appliquer à la sécurité des systèmes. »
Si le projet porte pour l’instant sur le back office du groupe, avec cette application liée à la maintenance, des pistes de développements sont d’ores et déjà explorées. Fort de cette expérience dans l’IoT, Trenitalia compte ainsi à terme développer la même approche au niveau des services aux passagers.
Face à l’explosion de l’offre de service de transport et à la concurrence sur le marché du ferroviaire, la prise en compte d’une meilleure expérience utilisateur de bout en bout du voyage sera déterminante pour Danilo Gismondi, DSI du groupe. Connectivité à bord, service à la demande via des applications numériques sont étudiées.
Au niveau IT, l’enjeu est donc de relier rapidement l’ensemble des SI du groupe et de connecter le tout au Big Data afin d’anticiper la demande et de proposer des services personnalisés. Autre piste explorée directement reliée cette fois à l’expérience DMMS : la production et l’exploitation de données issues des locomotives pour les revendre aux opérateurs d’infrastructures ferroviaires et les aider à optimiser le réseau. Tout comme en France, gestion des infrastructures et exploitation ont été séparées pour s’aligner sur les normes européennes de libéralisation du transport ferroviaire. Une contrainte initiale qui, à l’avenir, pourrait se transformer en création de revenus.