Transformation digitale : les achats de Michelin en route vers le SaaS
Le champion des pneumatiques s’est lancé en 2015 dans un vaste programme de transformation numérique. Dans le domaine des achats et des relations fournisseurs, Michelin avance par étapes depuis 2012 avec un prestataire cloud français.
En 2015, Michelin lançait un plan mondial de transformation digitale baptisé « Engage » (avec de l’IoT, Industrie 4.0, etc.). L’objectif était en particulier de mieux connaître ses clients. L’exploitation de la donnée était alors clé. Dans ce cadre, l’industriel s’est notamment appuyé sur une grande plateforme du marché : Salesforce.
Au sein du domaine des achats, stratégique dans un groupe comme Michelin, l’approche repose également sur une plateforme. L’entreprise développe ainsi progressivement ses usages des briques de l’éditeur SaaS français Ivalua fondé en 2000.
Les premières réalisations remontent à 2012, comme est venue en témoigner Janel Longfellow, Sourcing Expert and Purchasing Data Admin chez Michelin, lors de la conférence Ivalua Now.
Une première étape de consolidation des données fournisseurs
Les achats n’étaient cependant pas en avance sur les autres métiers du groupe en matière de transformation digitale.
La priorité en 2012 était dans un premier temps la consolidation des données et la collaboration accrue au sein de ce métier. Michelin cherchait avant tout à améliorer la connaissance de ses fournisseurs et sa gestion des contrats.
Pour progresser dans ces différents secteurs, l’industriel a adopté une « approche modulaire », avec l’implémentation de premiers modules d’Ivalua (fournisseurs, contrats et évaluation des dépenses). Trois ans plus tard, en 2015, Michelin s’attelait au déploiement de la brique de suivi des économies, puis en 2018 de celle de sourcing.
Ce dernier module « ajoute un nouveau niveau de numérisation à notre processus d’achat avec des appels d’offres et des enchères en ligne », précise la responsable de Michelin. Mais avant d’atteindre cette maturité, Michelin a dû construire des fondations.
Retour six ans plus tôt. En 2012, les données d’achats étaient disséminées dans plusieurs pays et ERP. La première étape a donc consisté en une consolidation des données fournisseurs, mais aussi à optimiser la collaboration. Pour Janel Longfellow, ces notions étaient indispensables à « l’établissement d’une base solide » pour la stratégie d’achats du groupe.
Les différents ERP fournisseurs ont par exemple été réunis au sein d’un seul et même outil, à savoir le module de gestion des informations fournisseurs d’Ivalua. Les données étaient dès lors accessibles à l’ensemble des responsables des achats. Une base nécessaire à la collaboration au sein du réseau d’achats.
Amélioration de la qualité des données
Ce travail de consolidation a aussi été étendu aux contrats fournisseurs. Par le biais du module d’analyse des dépenses, la direction a pu consolider les données relatives aux commandes et aux factures, également disséminées sur différents systèmes. Ces briques intégrées en 2012 donnaient ainsi la capacité aux acheteurs d’améliorer la connaissance et la compréhension de leurs activités.
En ce qui concerne les fournisseurs, ils ont pu être catégorisés, par exemple pour mieux identifier les acteurs stratégiques et leur couverture géographique (locale, régionale ou mondiale). La consolidation et la collaboration établies, Michelin s’attaque ensuite au suivi des économies. Ces opérations étaient jusqu’alors éclatées entre de multiples structures, sans réelle vision centralisée.
Pour y remédier, le fabricant de pneumatiques a déployé le module dédié de la plateforme SaaS, puis il a commencé à consolider la vision des coûts au niveau local et mondial. Le reporting a par ailleurs été automatisé. Toutefois, ces chantiers ont mis en lumière la nécessité d’améliorer la qualité des données d’achat.
« La gestion de la qualité des données est devenue une sorte de point d’ancrage », se souvient Janel Longfellow. Grâce à des efforts de centralisation, cette qualité des données a été améliorée – qu’il s’agisse de celles intégrées automatiquement aux ERP ou de celles saisies manuellement par les utilisateurs.
Ce travail d’amélioration a porté en particulier sur les données des contrats, des dépenses, ainsi que des fournisseurs stratégiques. Lors de cette étape, Michelin a pu identifier les données manquantes et détecter des anomalies dans les données issues des ERP.
Place au sourcing en ligne
Enfin en 2018, après avoir envisagé un temps de développer sa propre application, le groupe adoptait le module de sourcing d’Ivalua. « Pendant les dix-huit premiers mois, nous nous sommes principalement consacrés à la mise en place de la plateforme, à l’onboarding des acheteurs finaux avec des formations en présentiel et en ligne, à la rationalisation des demandes d’accès des acheteurs et fournisseurs », liste l’experte.
Janel LongfellowMichelin
Pour favoriser l’appropriation de l’outil, Michelin a en outre fédéré un réseau d’utilisateurs « champions ». Ce dispositif a été complété par l’installation d’une équipe de support pour les problèmes techniques.
Aujourd’hui, Michelin revendique un processus d’achat digitalisé. Mais la route est loin d’être terminée. L’industriel compte en particulier tirer profit de sa démarche pour améliorer le cycle de vie de ses fournisseurs. Il réfléchit aussi à la manière de dématérialiser l’évaluation des performances de ces acteurs.
La raison ? « Faire un grand nettoyage parmi ces fournisseurs ».
Dans le domaine du sourcing, Michelin souhaite aller plus loin encore. Les opérations en ligne dans ce secteur restent très récentes. Pour accroître cet usage, l’entreprise réalise des sessions de formation et propose des services automatisés – dont des chatbots – afin d’aider les acheteurs.
« Et nous développons et promouvons des fonctionnalités plus avancées afin de favoriser l’utilisation de l’outil, notamment en ce qui concerne les processus de contrat de confidentialité et l’analyse des prix », annonce Janel Longfellow.
L’ambition de Michelin porte également sur une numérisation accrue du volet contrat, au travers de la signature électronique, mais aussi de la coordination de la rédaction des contrats entre acheteurs, service juridique et partenaires internes.