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Tournoi des Six Nations : encore plus de données pour les fans de rugby
Cette année, les fans de rugby bénéficieront de nouveaux indicateurs en temps réel et (d’un peu) d’analyse prédictive. Le partenariat entre AWS et les Six Nations n’en est qu’« à effleurer la surface » du potentiel des données, promet l’ex-capitaine du XV de la Rose, Will Curling.
Améliorer l’expérience des téléspectateurs grâce à la donnée : tel est l’un des objectifs majeurs du partenariat qu’ont passé l’organisation du Guinness Six Nations et Amazon Web Services (AWS) depuis l’année dernière.
Le but était de fournir des informations plus fouillées et plus immersives sur le jeu. De fait, grâce au portefeuille d’outils analytiques et de Machine Learning d’AWS, les diffuseurs de la compétition dans 170 pays ont déjà pu donner aux téléspectateurs quelques informations en temps réel sur les matchs de 2019 – comme des métrics sur les mêlées, des schémas de jeu, l’origine des essais et des tendances clefs sur chaque équipe.
Des données bienvenues, certes, mais assez classiques – le temps, certainement, pour l’équipe digitale du Tournoi de bien prendre en main les outils d’AWS. Quoi qu’il en soit, cette année, l’équipe des Six Nations va passer à la vitesse supérieure, notamment en partageant le fruit de modèles prédictifs (à base de Machine Learning) qu’elle a créés, entraînés et déployés avec SageMaker.
Tournoi des Six Nations 2020 : des statistiques plus fouillées
Concrètement, lors de l’édition 2020 du Tournoi des Six Nations, le géant du cloud présentera un éventail de statistiques beaucoup plus large et précis sur le jeu – et toujours en temps réels – comme le nombre de ballons gagnés, la fréquence des plaquages entraînant un changement de possession ou des prévisions sur la probabilité qu’un buteur passe sa pénalité.
Cette dernière fonction, appelée Kick Predictor, s’appuie sur un algorithme de Machine Learning qui analyse les données de la pénalité en cours en les comparant à une variété d’indicateurs qu’il a compulsés lors de son apprentissage et qui déterminent de manière pertinente (en tout cas sur le papier) si une tentative a des chances d’être transformée. L’algorithme prend par exemple en compte l’endroit sur le terrain d’où la pénalité est tentée, le moment du match, si l’équipe joue à domicile ou à l’extérieur, ou encore le score.
Ces jeux de données sont affinés et croisés avec l’historique des pénalités du joueur pour générer une prédiction sous forme de probabilité.
AWS fournira également des informations sur les rucks – qui sont un des compartiments du jeu les plus difficiles à comprendre pour les téléspectateurs néophytes. Des cartes de chaleur permettront de voir plus en détail quelle équipe domine la possession, qui « gratte » le plus de ballons, et où sur le terrain, ce qui permettra de mieux modéliser l’attaque (et la défense) de chaque équipe pendant le match.
Un autre indicateur d’AWS suivra avec plus de précision la zone des 22. Les spectateurs sauront combien de fois une équipe est entrée dans les 22 mètres adverses, pour combien d’essais (transformés ou non), de pénalités provoquées (réussies ou non) et de drops (passés entre les poteaux ou non). Un bon moyen d’ajouter un élément d’efficacité à celui d’occupation du terrain, si important dans ce sport.
« Cette profondeur [d’indicateurs (insights)] est quelque chose que [les fans] n’ont jamais eu auparavant », se réjouit l’ancien capitaine du XV anglais, Will Carling, à nos collègues de ComputerWeekly (groupe TechTarget, également propriétaire du MagIT) lors du lancement officiel du Tournoi 2020 aux Tobacco Docks de Londres.
Will CarlingAncien capitaine de l'équipe d'Angleterre de rugby et quadruple vainqueur du Tournoi des Cinq Nations
« Cela permettra aux nouveaux venus de comprendre plus facilement certaines parties critiques du rugby. Et pour les connaisseurs, cela leur donnera plus d’informations sur le jeu », vante l’ancien trois-quarts qui a remporté trois Grands Chelems (1991, 1992, 1995) ainsi que l’édition 1996 de ce qui était à l’époque le Tournoi des Cinq Nations – après avoir néanmoins perdu contre la France en match d’ouverture.
« Nous avions déjà le nombre de placages, mais maintenant vous allez avoir les placages offensifs [et ceux qui ont un impact sur la possession]… ce sont ceux-là qui font vraiment la différence dans un match, parce qu’ils stoppent les phases de jeu ».
« On pourra aussi savoir que l’équipe X a dominé l’équipe Y parce qu’elle a été plus chirurgicale et plus efficace dans les 22 ».
Un rugby de plus en plus « data-driven »
« Je pense que cela fera aussi probablement prendre conscience de l’importance de la donnée aux équipes [qui ne sont] pas trop au faîte des informations qu’elles peuvent vous apporter », ajoute celui qui a porté le maillot de l’Angleterre à soixante-douze reprises et disputé dix Tournois. « Cela devrait leur montrer qu’elles sont des éléments de base [à la compréhension] du rugby et qu’à partir de ces éléments, nous pouvons déterminer pourquoi des équipes réussissent et pourquoi d’autres ne réussissent pas aussi bien ».
Vu que le partenariat entre AWS et le Tournoi des Six Nations n’a que deux ans, Will Carling estime que l’on « effleure encore la surface » des améliorations que les données peuvent apporter aux matchs et à la compétition.
« Je regarde mes jeunes enfants et ils sont obnubilés par les données ! » confie l’ex-capitaine anglais. « À la fin du tournoi, ils veulent savoir qui est le meilleur joueur, qui a couru le plus de kilomètres, qui a le plus cassé la ligne adverse, ce genre de choses […] De nos jours, ce sont les données qui font les héros, parce qu’elles permettent aux supporters de mieux voir qui joue vraiment bien ».
Will Carling pense également que les données et les enseignements qu’elles génèrent pourraient aider au décollage du rugby féminin. « Tout ce qui peut aider les gens à comprendre pourquoi le jeu féminin est différent du jeu masculin – et surtout quels sont les domaines clefs du rugby féminin qui ne sont pas forcément les mêmes que le rugby masculin – c’est vraiment super. Cela permettra d’accompagner les spectateurs pour qu’ils apprécient les points forts de chaque rugby ».