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Safran travaille à l’évolution de ses environnements de backup

Expert sauvegarde au sein de la DSI centrale de Safran, Nicolas Munoz a accepté de discuter avec LeMagIT de la façon dont la société aborde et fait évoluer son regard sur le backup. L’occasion d’évoquer également la collaboration historique entre le groupe de Veritas autour de la mise en œuvre de NetBackup.

Le groupe français Safran est un groupe de hautes technologies, qui emploie plus de 58 000 personnes et a réalisé un chiffre d’affaires de 16,5 milliards d’euros en 2017. Connu historiquement pour ses moteurs d’avions et d’hélicoptères et héritier de marques prestigieuses comme SNECMA, Turbomeca ou Hispano Suiza, le groupe s’est profondément diversifié au cours des trente dernières années.

Il est désormais présent sur les secteurs de l’aéronautique (moteurs, aérosystèmes, équipements intérieurs, avioniques, systèmes électriques…), de l’espace (propulsion, lanceurs spatiaux, optiques spatiales) et de la défense (navigation, propulsion et guidage pour missiles, optronique, drones, avionique). Il a récemment finalisé le rachat de Zodiac, une opération qui devrait ajouter environ 32 500 salariés additionnels et plus de 4,5 milliards d’euros de CA.

Un chantier d’unification des solutions de sauvegarde

Chaque entité du groupe dispose aujourd’hui de son propre SI, mais le groupe s’appuie aussi sur une DSI centrale (DSIC) qui a pour mission d’opérer le SI corporate et de définir des solutions globales à même de répondre aux besoins de la société. L’exploitation de ce SI est largement déléguée à Atos, avec lequel Safran a signé un vaste contrat d’infogérance. La DSI centrale assure le pilotage de ce contrat, ainsi que la définition des architectures du groupe. L’un des chantiers en cours est la définition de solutions de sauvegarde à même de répondre aux besoins des différentes entités de la société.

Comme l’explique Nicolas Munoz, expert sauvegarde au sein de la DSI centrale de Safran, la société opère aujourd’hui de multiples solutions de sauvegarde, ce qui complique l’unification des politiques de sauvegarde. « Il y a un chantier à venir d’unification des solutions de sauvegarde ».

L’une des solutions phares mises en œuvre par la DSIC est NetBackup de Veritas, que la société utilise depuis près de 20 ans. Mais les différentes entités de Safran opèrent aussi de multiples autres logiciels de backup répondant à leurs différents besoins métiers. Par exemple, le cloud privé de Safran s’appuie sur Veeam et d’autres entités du groupe utilisent de multiples autres solutions.

Ce qui différencie aujourd’hui les différents acteurs... [c'est] le fait qu’ils aient ou non la maîtrise et l’expertise nécessaire.
Nicolas MunozExpert sauvegarde - Safran

Le constat effectué aujourd’hui par la DSIC est assez simple : « Globalement, tous les acteurs du marché sont capables de sauvegarder ce que nous avons à protéger. Ce qui différencie aujourd’hui les différents acteurs n’est pas simplement les capacités de leurs outils, mais le fait qu’ils aient ou non la maîtrise et l’expertise nécessaire pour permettre un déploiement et une exploitation adaptée de ces outils ».

La sauvegarde : une question de technologie, mais aussi d’expertise

Dans le cas de Veritas, Safran a accumulé une expertise unique qui lui permet aujourd’hui d’opérer le logiciel selon ses besoins. « L’outil est certes un outil “legacy” et il supporte des environnements qui ne sont plus forcément à la mode », indique Nicolas Munoz. « Mais le constat est que ça marche et qu’il y a des experts chez Veritas qui peuvent résoudre des questions complexes ». 

Pour Nicolas Munoz, cela est un avantage face à des acteurs émergents qui sont entrés sur le marché de la sauvegarde par des niches et qui se rendent compte qu’ils doivent se diversifier pour couvrir un plus large spectre d’applications chez leurs clients. « Ils en arrivent à produire des outils complets, mais ont souvent bien moins d’expérience des environnements “legacy” qu’un éditeur présent depuis plus longtemps ».

Or, l’expertise d’une large gamme d’environnements est essentielle pour un groupe comme Safran. « Le groupe opère beaucoup de technologies différentes et pas mal d’environnements “legacy”. Ces technologies sont difficiles à appréhender pour des acteurs émergents ». « Cela fait peser des contraintes spécifiques dans la définition de nos architectures de backup. Les architectures physiques ne sont pas comme chez certains une verrue que l’on peut isoler dans un petit périmètre. Cela fait peser des règles spécifiques sur nos projets d’urbanisation », observe Nicolas Munoz.

De la sauvegarde à la gestion et à la valorisation de la donnée

L’un des enjeux de la société actuellement est de valoriser le processus de sauvegarde et de protection de données.

« Mon cheval de bataille est que le backup n’est pas qu’un centre de coût, pas qu’une assurance » explique Nicolas Munoz. « Il est possible de créer de la valeur autour du backup, car toutes les données passent par ce filtre. Ce que l’on est en train de faire comprendre est que la sauvegarde peut générer de la valeur pour le groupe Safran. Et en la matière, Veritas a une carte à jouer, car ils sont reconnus historiquement dans le monde de la donnée ».

Concrètement, l’infrastructure de Safran est aujourd’hui externalisée chez Atos, qui exploite aussi les outils de sauvegarde de la firme. « Atos a une expérience de l’outil NetBackup, mais il est compliqué de tout déléguer à l’infogérant. Car pour bien sauvegarder, il faut être au courant de ce que l’on protège. Même si l’on délègue beaucoup de choses, on maintient la définition et la validation de nos besoins. Car cela reste difficile pour un infogéreur d’identifier de nouveaux besoins métiers. Cette compétence continue à être une prérogative de la DSI ».

Le processus de backup est aujourd’hui largement centralisé et laisse peu de champ libre aux opérateurs. « Si on laisse les exploitants des applications opérer leurs sauvegardes en self-service, on court le risque de perdre le contrôle de la donnée et des espaces de stockage. Notre architecture est donc plutôt centralisée et pilotée en central par un orchestrateur ».

Les données sauvegardées sont stockées sur des baies de stockage dédupliquées - selon nos informations des baies HPE StoreOnce et Quantum DXi. Pour des contraintes légales, Safran fait également de la rétention à long terme de ses sauvegardes sur des librairies de bandes LTO.

Comme l’explique Nicolas Munoz, Safran a évalué la possibilité de remplacer la bande par des systèmes de stockage objet, mais n’a pour l’instant pas donné suite du fait du caractère flou des textes de lois qui régissent ses obligations de conservation de données. Certaines des données techniques de la firme, notamment dans le domaine aéronautique, doivent en effet être conservées plusieurs dizaines d’années. « Perdre les données de test d’un moteur serait catastrophique », affirme ainsi Nicolas Munoz.

La relation tissée avec Veritas ne se limite aujourd’hui plus au seul backup, mais s’étend plus généralement à la protection et à la gestion de données. « Nous discutons avec eux de leurs nouvelles solutions d’infrastructure. Ils ont raison de faire évoluer leur offre en ce sens. Le backup reste indispensable, mais à terme on fera moins de sauvegarde que de la gestion de données. »

Cette évolution du dialogue avec son fournisseur ne détourne toutefois pas Safran de la nécessite d’opérer de vrais backups et de ne pas mélanger sauvegarde, disponibilité et gestion de données.

Nous continuons à faire la distinction entre backup et RPO/RTO.
Nicolas MunozExpert sauvegarde - Safran

« Mon discours reste clair », explique ainsi Nicolas Munoz. « Nous continuons à faire la distinction entre backup et RPO/RTO. La réduction des RPO et RTO passe par la mise en œuvre de solutions ad hoc de continuité ou de haute disponibilité. Il est louable de vouloir mettre la protection de données sous une organisation unique, mais il ne faut pas mélanger les deux besoins. »

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