RH : Thales teste le métavers
Pour s’adapter à l’hybridation du travail, Thales développe un jumeau numérique de son université interne en version 3D immersive. Premier cas d’usage : l’onboarding.
La hype du métavers s’est un peu atténuée. Les projets n’ont cependant pas tous été dépriorisés. Thales en est un bon exemple. Le groupe français a fait ses débuts dans le métavers dans le domaine des RH avec un premier cas d’usage autour de l’onboarding des nouveaux collaborateurs, comme d’ailleurs Sopra Steria via la solution Teemew de Manzalab.
Thales a opté pour un autre fournisseur avec Metakwark de Kwark Education, plus axé sur la formation. Le Covid n’a pas eu d’impact que sur les modes de travail, rappelle Amélie Bideau, Head of Digital Learning, lors de la conférence Métavers de l’IMA. « Notre manière de former nos collaborateurs a fondamentalement changé », souligne-t-elle.
Dans ce cadre, Thales expérimente de nouvelles approches. En octobre 2022, les représentants de l’entreprise rencontraient Kwark avec comme objectif de repenser son université interne basée à Velizy. « Cette université est un peu désertée. Nous arrivons progressivement à faire revenir les salariés, mais moins qu’avant la pandémie », commente la responsable formation.
Avec Metakwark, Thales imagine ce que pourrait être le jumeau numérique de son campus. Le groupe n’entend pas se précipiter toutefois. Pas question de « tout révolutionner » en mode big bang. Un premier cas d’usage a donc été sélectionné : l’onboarding.
« Comme dans toute l’industrie, nous sommes dans une phase de recrutements assez importante. Plus de 11 000 collaborateurs par an rejoignent nos équipes », chiffre Amélie Bideau. Avant la crise sanitaire, l’entreprise organisait plusieurs séminaires durant l’année. Les collaborateurs de l’ensemble de ses bureaux dans le monde étaient réunis sur Velizy.
L’ambition est donc de lui substituer (ou de la compléter) une version dématérialisée en mode métavers. Thales précise concevoir actuellement « cette expérience ». Durant quatre matinées consécutives, via des sessions de 2 h 30, l’industriel accueillera 100 collaborateurs, d’Europe dans un premier temps.
L’entreprise ne souhaite pas uniquement les réunir virtuellement, mais aussi les faire participer à des activités.
Des activités d’onboarding adaptées au métavers
Pour concevoir ces activités, Thales s’appuie donc sur Kwark Education. Comme le souligne Amélie Bideau, les formats habituels ne peuvent pas simplement être transposés. « Nous disposons d’une équipe d’ingénieurs pédagogiques. Nous savons concevoir en présentiel. Nous avons appris à concevoir en classe virtuelle. Le métavers oblige une conception hybride. On prend le meilleur des deux mondes et on essaie de le faire vivre. »
Amélie BideauHead of Digital Learning chez Thales
Des premières activités ont été définies. Elles sont qualifiées de « descendantes ». C’est par exemple l’intervention du PDG de Thales pour une présentation de la société.
L’équipe learning prévoit aussi des « activités collaboratives, en sous-groupes », et « ludiques, en tout cas aussi ludiques que la technologie nous le permet et que nous allons tester. »
Thales compte ainsi réaliser un escape game dans le métavers avec pour ambition d’introduire de « la gamification ».
L’industriel a-t-il trouvé une réponse efficace à l’hybridation du travail ? Il doit encore expérimenter pour le démontrer.
L’initiative menée par Capgemini sur son campus SK Les Fontaines, en partenariat avec Maestria Blockchain, suggère toutefois que le potentiel est réel. Ici pas de 3D, mais de la 2D isométrique pour proposer une reproduction numérique du site de formation. Pour son directeur, Bertrand Cheyrou, les outils de visioconférence sont insatisfaisants. « Il manquait la rencontre. J’ai demandé à Maestria de travailler, non pas sur une plateforme, mais sur un lieu », déclare-t-il. Ce lieu prend la forme d’un environnement en 2D permettant networking, rencontres et « collisions heureuses », comme Bertrand Cheyrou qualifie les interactions fortuites permises par le présentiel.
Une barrière à l’entrée pour les utilisateurs
Comme souvent dans ces expériences de réalité immersive, le casque de réalité virtuelle n’est pas nécessaire. L’accès s’effectue depuis un ordinateur ou un smartphone. Les participants sont représentés sous forme d’un avatar et se déplacent entre des espaces et des services. Ils naviguent de cette façon entre conférences et ateliers.
Des solutions de visioconférence sont interfacées pour permettre les échanges. Le pendant virtuel du campus SK Les Fontaines accueillera cette année les opérations d’onboarding de Capgemini, à l’image de Sopra Steria, qui a sélectionné une autre plateforme.
Précisons enfin que sur des activités d’événementiel, plusieurs grands groupes, dont Thales (pour son support clients), ont recours à la solution Viberla. Cet usage du métavers visait à permettre la tenue du rendez-vous annuel interne de l’innovation en contexte de crise Covid. Les contraintes de sécurité réseau ont toutefois complexifié la réalisation de cet événement virtuel, témoigne David Gazeau, responsable innovation CSS.
Outre des problèmes de latence et de son, dus aux contraintes techniques de la DSI et malgré le recours à des machines virtuelles pour y répondre, le cadre identifie une autre barrière à l’entrée. Tous les salariés ne sont pas familiers des univers virtuels, prévient-il. Reste que les moins réticents ont exprimé leur satisfaction vis-à-vis de l’expérience proposée, se réjouit David Gazeau.
« Les avatars sont un sujet récurrent dans ce type de projet. J’ai finalement été surpris de voir les visiteurs prendre le temps de construire leur avatar à leur image plutôt que d’en prendre un par défaut », déclare-t-il également. Thales a ainsi échappé à une invasion de clones dans le métavers.