Pourquoi Nexity a remplacé son DSI par un « Directeur du Digital »
Nexity s'est engagé dans une « transformation digitale » profonde avec Microsoft et AWS. A tel point que le poste de DSI a disparu au profit d’un Directeur du Digital, au profil moins IT et plus Marketing.
Frédéric Augier, Directeur du Digital de Nexity ne s'en cache pas, c'est un homme du marketing. C'est pourtant lui qui est venu présenter sur la scène de l'Enterprise Summit organisé par Amazon Web Services pour présenter la stratégie Cloud de Nexity. « Nous avons engagé un vaste programme de transformation voici deux ans et c'est cette année que nous avons activé notre projet de transformation de notre IT vers le Cloud, pour aller notamment vers Amazon Web Services ».
Un DSI remercié
Avant d'engager cette migration vers le Cloud, la société immobilière a commencé par revoir son organisation. Hervé Tahon, DSI de Nexity depuis 2006, a été remercié et sa direction remplacée par une Direction du Digital, dirigée par Frédéric Augier. « Notre Direction du Digital a cette particularité de combiner à la fois la fonction marketing client et IT. Nous avons une double vision et une double compétence, à la fois sur la stratégie et l'usage du client final et sur le volet applicatif ».
Comme dans de nombreuses entreprises, assurer l'exploitation en 24/7 de datacenters internes, faire face à l'obsolescence des ressources informatiques alors que les volumes de données et de transactions à traiter s'envolent était devenu bien trop couteux à assumer.
« Il était temps de faire évoluer notre infrastructure et nos manières de faire » ajoute le responsable. « Jusqu'à présent, nous étions très repliés sur nous même, avec la sensation que de tout faire de manière intégrée on pouvait faire mieux que nos concurrents. C'est avec ce mouvement de transformation que nous avons pris conscience qu'il était temps pour nous de nous ouvrir aux nouvelles technologies ».
Le Cloud, solution idéale pour le marché cyclique de Nexity
Pour les dirigeants de Nexity, le Cloud est apparu comme la solution pour faire face à cette transformation.
« Très clairement, au-delà de son intérêt économique, le passage au Cloud présente deux enjeux pour nous. Il y a d'une part un enjeu d'agilité et un enjeu lié à la performance ». Nexity est notamment confronté aux grands cycles qui régissent le marché de la construction et des ventes de logements. Aux périodes de stagnation, voire de baisse du marché, succède des phases d'échauffement et d'intense activité et le système d'information doit se caler sur ces fluctuations brutales d'activité.
En outre, l'environnement réglementaire fluctue lui-aussi d'un ministre du logement à l'autre. « Sans cesse nous devons nous adapter et nous avons besoin de trouver dans notre IT cette capacité à bénéficier de services à la demande, à développer de manière rapide et en continu, avec des mises en production automatisées, et de bénéficier d'une réelle flexibilité sur l'ensemble de ces moyens » résume Frédéric Augier.
Office 365, Dynamics 365 mais pas Azure
La transition du système d'information de Nexity vers le Cloud s'opère dans trois grands domaines : la bureautique, le CRM et enfin le volet purement applicatif.
Pour les deux premiers volets, Nexity s'est tourné vers Microsoft. L'entreprise a déployé Office 365 auprès de ses 7.000 employés, tandis que Dynamics CRM est devenue la plateforme de relation client transverses à toute l'entreprise.
Restait la partie la plus complexe à mener pour une entreprise de la taille de Nexity, la migration du parc applicatif vers le Cloud.
Avant de migrer cet existant, il a été décidé que toutes les nouvelles applications du groupe seraient nativement développées et hébergées dans le Cloud. Amazon Web Services est alors choisi. En préambule de cette cloudification, Frédéric Augier a lancé un vaste plan de formation des équipes informatique à son futur environnement IT.
« Un sujet essentiel dans ce type de projet, c'est la formation. A la base, nos équipes n'étaient pas "Cloud Ready" et beaucoup de nos techniciens doivent évoluer vers le métier de pilote de services managés. Dans ce but, nous les faisons suivre le cursus de formations AWS avec des cours assez génériques qui permettent à tous de partager un vocabulaire commun. Plus de 50 collaborateurs en ont bénéficié à ce jour. De plus, nous leur faisons suivre des formations beaucoup plus pointues sur les systèmes, sur l'architecture, le développement, selon les métiers ciblés ».
L'objectif est de faire passer à l'ensemble des collaborateurs impactés par le projet une formation certifiante. Cette politique de certification systématique s'étend aussi aux partenaires sélectionnés : Ekino, pour le volet développement, et Edifixio pour la migration des applications existantes.
Une capacité réseau multipliée par 7 pour faire face à la montée de la "Data"
En parallèle à cette campagne de formation, de lourds investissements ont été décidés afin de faire monter en puissance le réseau qui interconnecte les 200 sites français de Nexity. « Nous multiplions en moyenne par 7 notre bande passante disponibles sans même être certains que cette progression sera suffisante pour supporter la charge engendrée par les "data" et le multimédias de plus en plus omniprésent dans nos échanges ».
En outre, un gros travail est mené sur le volet mesure de la performance des infrastructures et applicatifs afin de pouvoir faire évoluer l'infrastructure au même rythme que la demande. Ce sera bien évidemment le cas des instances Amazon Web Services dont le niveau de performance sera mesuré en temps réel. « Nous mesurerons aussi la performance des infrastructures AWS. Nous sommes sereins quant à l'expérience d'Amazon Web Services, mais la confiance n'exclue pas le contrôle ! Sur nos applications, tout l'enjeu, c'est d'être capable d'avoir une mesure permanente de la disponibilité et des temps de réponse ».
Enfin, Nexity travaille sur la mise en place de nouveaux processus de développement et d'exploitation afin d'aller progressivement vers DevOps et l'intégration en continu. « Nos métiers le réclament et nous devons nous y adapter ».
Pour Frédéric Augier cette transformation digitale est inéluctable : « ceux qui ne l'ont pas encore compris sont en train de se marginaliser et de s'exclure des marchés de demain, que ce soit au niveau des entreprises, mais aussi des collaborateurs. Refuser ce changement, c'est compromettre ses chances de réussite ».