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Paris 2024 : comment les résultats des athlètes seront diffusés
Pour diffuser les résultats des Jeux olympiques et paralympiques 2024, Atos et le Comité d’organisation s’appuient sur une architecture animée par Apache Kafka. Le dispositif devra diffuser 100 millions de messages.
Parmi les systèmes que devront superviser Atos et le comité des jeux olympiques et Paralympiques, la suite Olympic Diffusion System (ODS) prend une place importante.
L’un des éléments principaux d’ODS est le système de publication et de partage des résultats sportifs. Un instrument essentiel pour la presse, les athlètes et les 4 milliards de téléspectateurs à travers le monde qui suivront les Jeux olympiques d’été de Paris 2024.
Celui sera en partie géré par les 60 responsables des résultats sur site. Ceux-ci devront s’assurer la bonne collecte des événements, des statistiques et des résultats lors des jeux olympiques et paralympiques.
Plus spécifiquement, ce système est fonction de la bonne collaboration entre Atos, Omega, Panasonic, Orange et Alibaba Cloud.
Récupérer et distribuer les messages des systèmes Omega
Avec son système « On venue Record » (OVR), Omega mettra en place les appareillages de chronométrage et de notations, ainsi que les capteurs nécessaires à la collecte des informations et la création des messages. Pour les Jeux olympiques de Tokyo 2020, l’horloger a déployé 530 chronomètres et 400 tonnes d’équipements avec l’aide de 900 volontaires.
Omega développe des pistolets électroniques, des caméras spécialisées dans la prise de la « photofinish », ainsi que des capteurs de mouvements et de positions. Ceux-ci émettent des messages.
Ces messages sont traités sur site à l’aide d’au moins deux serveurs (davantage suivant le nombre de compétitions différentes par site) par Atos. Puis, elles sont directement distribuées aux systèmes d’information des commentateurs sur site à travers les équipements du réseau opéré par Orange, aux panneaux d’affichage – à savoir des TV Panasonic.
Le système de diffusion des scores s’articule autour d’une architecture distribuée établie sur Kubernetes, plus spécifiquement sur Red Hat OpenShift (qui supporte des microservices connectés à Apache Kafka, le cœur du système de messagerie), et Redis (qui sert ici de couche de cache). Pour gérer la diffusion à distance, une partie du système est hébergé sur Alibaba Cloud, un des partenaires technologiques du COJOP.
Les informations sont centralisées, traitées, puis redistribuées vers le système de commentaires à distance, vers MyInfo, le site Web consacré à la centralisation des résultats et des statistiques, ainsi que vers les médias qui auront demandé à recevoir les messages.
« Ce système principalement basé sur Kafka a déjà été utilisé lors des Jeux de Tokyo 2020, ayant eu lieu en 2021, et les Jeux de Pékin », relate Damien Chauvet, responsable de l’intégration de services pour Paris 2024, chez Atos. « Il est éprouvé, robuste et nous maîtrisons les technologies déployées ».
Olympic Data Feed, le format de données officiel des Jeux
Omega, Atos et les médias prennent en charge le même format de données propriétaire imposé par le Comité International Olympique (CIO) depuis 2010, dans le cadre des Jeux d’hiver de Vancouver. L’Olympic Data Feed (ODF) définit plus spécifiquement la manière dont sont construits les messages XML, qui sont envoyés par défaut via HTTP et le protocole TCP/IP aux différents supports de consultation des scores et des statistiques.
Le choix de XML est simple à expliquer : les fichiers doivent pouvoir être adaptés en plusieurs langues, même si l’anglais est la langue utilisée par défaut. ODF doit également apporter l’unification des principales informations auxquelles l’on s’attend, au moment de recevoir des résultats sportifs. Une documentation particulièrement dense permet toutefois d’appréhender les spécificités des différentes disciplines.
Dans le cadre de Paris 2024, l’équipe responsable de l’ODF a déjà développé 45 librairies de données correspondant à autant de disciplines.
En ce sens, ODF a l’avantage d’être extensible. Au fil du temps, les équipes ont ajouté des codes pour davantage de sports, de statistiques, d’informations sur les athlètes, la prise en compte des conditions météorologiques ou encore d’événements en tout genre.
Si cela a tendance à alourdir les charges utiles pour le système, c’est surtout le nombre de messages à distribuer qu’il faut bien anticiper.
« Nous avons des contenus différents suivant les sports et les épreuves, il y a un foisonnement d’informations, mais nous n’avons qu’un seul format de message », relate Damien Chauvet. « Ce format existe depuis longtemps, mais il n’est pas évident à faire évoluer. D’un côté, nous sommes poussés par les fédérations pour obtenir plus d’informations. De l’autre, nous cherchons à optimiser en diminuant ou en mutualisant les messages ».
Des systèmes OVR administrés par Omega sur chaque site de compétition, Atos recevra environ 2 millions de messages. Lors des JO de Tokyo 2020, Omega a enregistré plus de 1,3 million de résultats.
Certains sports généreront davantage de messages. « Le golf est sûrement le plus gros consommateur de messages. Ce seront 25 000 à 30 000 messages qui seront envoyés par jour », indique Damien Chauvet auprès du MagIT.
Le système Kafka en redistribuera environ 100 millions. « Nous nous attendons à observer un milliard de pages vues rien que sur les sites officiels des Jeux », anticipe Damien Chauvet.
« Cela ne représente pas une volumétrie de données énormes, malgré le fait que XML soit verbeux. La principale complexité tient dans le fait que beaucoup de compétitions se tiennent en parallèle », précise le responsable de l’intégration des services.
« Les premiers jours de compétition du Tennis ou de Tennis de table, où il y a mécaniquement plus de matchs, sont des bons exemples », illustre-t-il.
Le surf à Tahiti, une contrainte supplémentaire pour les équipes IT parisiennes
Pour le confort des sportifs, des spectateurs et des journalistes, l’équipe de Damien Chauvet doit respecter un SLA de 350 millisecondes entre l’émission d’un message et sa réception par le système des commentateurs sur site. Ce délai passe à 2,35 secondes quand il s’agit de publier les données sur les pages Web officielles des Jeux. Un délai supplémentaire incompressible de 240 ms devra être ajouté pour les messages en provenance de Tahiti. En effet, l’île polynésienne accueillera la compétition de surf.
Damien ChauvetResponsable de l’intégration de services pour Paris 2024, Atos
Ce délai est raisonnable, au vu des 15 720 kilomètres qui séparent Papeete de Paris. En revanche, cela ajoute une contrainte supplémentaire. Les 12 heures de décalage horaire entre les deux villes font que la compétition de surf se déroulera entre 21h et 5h du matin, heures de Paris. « C’est tout à fait nouveau. C’est la première fois qu’il y a des compétitions aussi tard dans la nuit », signale Damien Chauvet. « Nous allons devoir faire avec : auparavant la nuit était dédiée à des maintenances, des mises à jour. Pendant les jours de compétition de surf, nous ne pourrons pas le faire. Il y aura trois/quatre jours sans interruption de services ».
Le responsable ne précise pas si son équipe est soumise à un SLA concernant l’envoi des informations au centre de diffusion des images (International Broadcast center ou IBC). Les contenus de ces messages servent également à habiller les flux d’images retransmis par les chaînes de télévision. « Les chaînes TV vont recevoir les informations avec un peu plus de retard, car elles sont traitées, analysées, puis renvoyées à l’IBC », précise le responsable.
Une centaine de médias TV et Web sont inscrits pour recevoir les flux ODF.
Selon Damien Chauvet, l’élasticité du système est permise par Kubernetes, « ce que nous n’avions pas aux JO de Beijing en 2008 », rappelle-t-il.