Olivier Bailly, DSI de Nîmes : « La DSI doit être créative et pragmatique »
DSI de la ville de Nîmes, Olivier Bailly a fait le choix du cloud privé pour supporter une approche « durable » du SI. Une décision qui a conduit à des changements d’envergure, tant côté DSI qu’au niveau des utilisateurs. Avec désormais une vision en termes de services internes, étendue à l’ensemble de l’agglomération nîmoise.
Dès 2008, la DSI de Nîmes a une réflexion autour du cloud computing et plus particulièrement du cloud privé. Comment le cloud s’est-il imposé à vous ? Par choix délibéré ou par pragmatisme ?
Olivier Bailly : Le contexte nous a amenés à mettre en place une solution de cloud privé. En 2008, j’ai remis à plat et réécris le schéma directeur du système d’information. L’un des objectifs était d’aboutir à un SI durable. C’est-à-dire avec un coût énergétique moindre, une meilleure durée de vie et une réduction du recyclage. Bref, bénéficier d’un SI « économique » avec un coût de possession en baisse. Sans oublier, un élément clé : avoir à un véritable RoI. C’était aussi avoir une vision sociale de l’IT, dans le sens où le système d’information doit être un confort pour l’utilisateur et rendre un service de haut niveau aux citoyens.
L’informatique publique impose-t-elle des contraintes ou des pressions supplémentaires comme le budget ou la demande de résultats des mairies ?
Olivier Bailly : La contrainte financière était importante. La collectivité n’est pas très riche. Nous repartions de zéro pour la refonte de notre SI. Nous nous devions d’optimiser l’informatique et l’infrastructure, à budget constant et sans alourdir la masse salariale de la DSI. La mutualisation des ressources est apparue comme « la » solution. Ces changements concernent l’informatique mais aussi l’organisation des équipes, les compétences. Avoir une seule infrastructure pour l’agglomération, les communes environnantes et la ville, est incontestablement un vecteur d’efficience. Quand on prend toutes ces contraintes et l’ensemble des besoins, le cloud s’est naturellement imposé à nous.
L’une des caractéristiques de votre infrastructure mutualisée est d’être un centre de services. Pouvez-vous expliquer cette démarche ?
Olivier Bailly : Les petites communes ne sont pas structurées pour avoir une DSI. La mutualisation permet de faire bénéficier à ces communes des compétences d’une DSI expérimentée et d’une infrastructure disposant d’une qualité de services élevée. La DSI dispose d’un catalogue de services pour toutes les communes qui ne peuvent pas les mettre en place et qui ne possèdent pas les compétences. Le projet de transformation IT a été réalisé dans cet esprit. Nous avons défini un certain nombre de services « prêt à l’emploi » : l’accès web, la messagerie, le réseau, la fibre optique, la ToIP, la vidéosurveillance, etc. Chaque commune pioche dans ce catalogue et surtout, c’est évolutif. Précisons que le déploiement de cette infrastructure a permis de jouer un rôle moteur dans l’aménagement numérique du territoire grâce à la fibre optique.
Avec le cloud, on évoque souvent la mutation du métier et du rôle du DSI. Vous sentez-vous menacer par le cloud ? Votre métier va-t-il disparaître ?
Olivier Bailly : Je ne suis pas du tout inquiet. C’est un peu comme le DRH il y a quelques années. Certaines directions fonctionnelles ont voulu supplanter la direction informatique. Cela pose différents problèmes, notamment celui de la compétence qui est une dimension importance de la DSI : il faut comprendre le métier, suivre et accompagner le changement, intégrer les différents métiers. Prendre du cloud public ne me dérange pas. Mais notre plus-value est de pouvoir accompagner le changement selon le contexte local, ce qu’un fournisseur de cloud public ne peut pas faire. Nous ne sommes plus là pour déployer des PC, même si nous le faisons encore. La DSI a des enjeux de productivité et business. Nous gérons et contrôlons la qualité de service, le SLA. Une direction fonctionnelle ne peut pas le faire.
Ce que l’on appelle aujourd’hui « transformation IT », vous l’aviez déjà en tête avec la refonte de votre infrastructure et la mutation que cela a engendré dans votre SI ?
Olivier Bailly : Oui c’est vrai. On s’est remis en cause. L’organisation a changé. Le projet est plus transverse que vertical. L’utilisateur a progressé. Ainsi, il ne nous appelle plus pour dire que son PC ne fonctionne pas. Il est plus autonome. Nous avons moins de problèmes et d’incidents mais ceux-ci sont plus complexes et surtout plus proches des besoins de l’utilisateur.
Que représente pour vous le prix « cloud privé » décerné lors des Trophées du Cloud ?
Olivier Bailly : C’est une reconnaissance de ses pairs. C’est aussi la démonstration que le service public sait (bien) faire, qu’il sait innover et être créatif. C’est important aussi pour le politique : cela signifie que l’on ne jette pas l’argent du contribuable par les fenêtres.