Netco Sports : le champion français des applications sportives change de Cloud
Le créateur d’applications pour l’Euro 2016, la FIFA, Roland Garros, le Racing Metro 92 ou l’Hippodrome de Vincennes connait un succès international. Après avoir migré son back-end d'AWS vers Google, la start-up française regarde aujourd’hui vers les conteneurs.
Le sport est un terrain de jeux privilégié pour l’informatique. L’IT est utilisé en temps réel, pendant le match (comme IBM avec l’équipe de Rugby anglaise) ou en décalé ; dans la préparation (comme Leicester ou la WTA) ou dans l’après match (comme la Mannschaft avec SAP).
L’IT est présente dans le recrutement (le « scouting » qui s’appuie sur le Big Data… depuis 1964) ou dans la mise au point de machines de haute technologie (comme en F1 ou lors de l’America’s Cup).
Elle l’est encore autour d’une équipe dans le marketing (comme Tibco avec le Stade Toulousain) ou autour d’un évènement pour transformer l’expérience des spectateurs en un vrai spectacle (modélisation des courses de montagne ou des sports nautiques).
Et pour les spectateurs justement, l’informatique a commencé à donner accès à d’autres informations : les statistiques des joueurs et de la partie en cours. On pense par exemple au Tournoi des 6 Nations ou à Roland Garros - où des portails webs permettaient de consulter des données chiffrées, voire, pour le tournois parisien du grand chelem, des probabilités prédictives (qui s’appuyaient sur Watson d’IBM).
Le « deuxième écran » et le triomphe de la data pour le grand public
Cette nouvelle tendance se retrouve également dans ce que les chaines appellent « le deuxième écran » - la diffusion sur internet ou via une application mobile du match (ou de la course) augmentée de « bonus ».
La start-up française Netco Sports est un bon exemple de cette nouvelle approche grand publique qui transforme en profondeur le métier des diffuseurs.
Son offre est à la croisée des chemins. Elle développe des applications en marque blanche pour des grands noms du secteur allant des chaînes (Canal+, France Télévision, BeIn Sport) aux instances et organisateurs (UEFA, FIFA, ASO) en passant par les clubs (PSG, Monaco, ou en Rugby le Racing-Métro 92) et les gestionnaires de stades (Stade de France).
Ces applications mobiles proposent la vidéo en temps réel (comme la télévision à l’ancienne donc), le replay à la demande, le mutli-caméra en direct, les résultats en temps réels, l’accès aux réseaux sociaux, des sondages (« Y’a-t-il penalty ou pas sur cette action ? Carton jaune, rouge, ou pas carton ? »), des statistiques (lors d’une course hippique : performances détaillées d’un cheval, taux de réussite du driver à l’entrainement, du cheval en course, etc. ; ou pour une course automobile : profil des pilotes, positions des voitures sur la pistes, tableaux des temps de passages, etc.).
A toutes ces fonctions et informations s’ajoutent des fonctionnalités pour les spectateurs sur place (cartes, géolocalisation par balise - beacon - dans un stade, etc.).
Plus de 400 applications en marques blanches pour un back-end chez Google
Créé en 2008 par Jean-Sebastien Cruz, fondateur du site Even.fr, Netco Sports revendique plus de 400 applications (conçues par des développeurs basés pour moitié en France et pour moitié en Biélorussie, à Minsk exactement) et pas moins de 35 millions de téléchargements en 2014.
Pour relever le défi de la masse d’informations à traiter et des pics cycliques que doit encaisser le back-end de ces applications, la start-up a choisi de ne pas gérer l’infrastructure mais de faire appel à des ressources Cloud. En l’occurrence, AWS puis Google Cloud Platform.
Lors d’un témoignage au Google Next de Paris, son CTO Stéphane Guérin, explique que cette décision a permis de ne pas avoir à planifier des planchers et des plafonds de capacités, et donc de ne pas se préoccuper de provisionner un nombre préétabli de serveurs ou de VMs.
« Avec Google Cloud Platform nous pouvons automatiser et mettre des serveurs en production en quelques minutes. Pas plus », se réjouit-il. « Quant aux outils de monitoring, ils nous permettent d’identifier un dysfonctionnement pendant un match et de réagir en temps réel ».
Le premier essai dans le Cloud de Netco Sports n’était cependant pas chez Google mais chez son grand concurrent (avec Azure) Amazon Web Services. Mais la tarification posait problème. Sur AWS, il est en effet nécessaire de choisir un grand type d’instance avant de lancer un projet. « Or comme on travaille pour des clients, leur faire payer des instances en avance n'est pas une chose facile à faire passer », constate Stéphane Guérin. Une tarification totalement linéaire, à l’usage réel a permis de résoudre ce problème.
Et demain ? Du sport dans Docker
Le CTO n’entend pas s’arrêter là. S’il utilise aujourd’hui des VMs, il regarde avec beaucoup d’attention les conteneurs pour affiner encore l’utilisation des ressources et augmenter sa flexibilité. Un conteneur pourrait par exemple permettre de ne faire monter en puissance qu’une partie d’une application – et pas la totalité de celle-ci comme avec un VM – du fait que les fonctionnalités peuvent être conteneurisées séparément sous la forme de micro-services.
« Nous expérimentons actuellement cette technologie. Nous espérons les mettre plus largement en production l'année prochaine », confirme le CTO. Parmi ces applications qui s’appuieront peut-être sur Docker, se trouvera certainement celle de l’Euro 2016.
Avec cette compétition qui se déroulera en France, Netco Sports – qui est fournisseur officiel de l’UEFA et de la FIFA - s’attend à une explosion des téléchargements (et donc des ressources nécessaires à son back-end). Tout comme la société avait connu boom avec la Coupe du Monde au Brésil.
Avec un CA prévisionnel de 10 millions d’euros sur 2015 (en augmentation de 100 % par rapport à 2014) et des comptes dans le vert, la start-up d’une soixantaine de personnes (dont une vingtaine en Bielorussie) est incontestablement un succès. Aussi parce qu’elle a su livrer des apps fiables grâce au Cloud.
Un succès qui n’est d’ailleurs pas passé inaperçu puisque Netco Sports vient d’être racheté par Euro Media Group.