Rolandino - Fotolia
Les piliers de l’architecture IT du Groupement Les Mousquetaires (1/2)
Dans le cadre de la transformation numérique du Groupement Les Mousquetaires, sa DSI, la Stime, revoit son architecture IT à l’aune de piliers et de préceptes mis en place par la direction de l’Architecture et de l’Urbanisme. Cette vision a poussé l’adoption d’une plateforme d’intégration hybride.
Acteur majeur de la grande distribution en France, en Belgique, en Pologne et au Portugal, le Groupement Les Mousquetaires représente 3 969 points de vente en Europe et a généré un chiffre d’affaires de 46,3 milliards d’euros en 2020.
Au total, le Groupement emploie 150 000 personnes et détient sept enseignes : Intermarché, Netto, BricoMarché, BricoCash, Bricorama, Roady et Rapid Pare-Brise. À cela s’ajoutent 59 unités de production agroalimentaires dirigées par la filiale Agro-Mousquetaires, et 42 bases logistiques. Le Groupement se développe en se concentrant sur trois activités : l’alimentaire, l’équipement de la maison et la mobilité.
À des fins de coordination, il dispose d’une DSI centrale, la Stime. « La Stime est la DSI du Groupement Les Mousquetaires, à l’exception du pôle Agro-Mousquetaires qui a sa propre DSI spécialisée dans l’industrie », précise Yannick Brahy, Directeur de l’Architecture et de l’Urbanisme de la Stime.
« Nous sommes maîtres d’œuvre de l’ensemble des projets IT du Groupement. Nous nous adressons à des directions de l’organisation (DOSI) qui se font le relais des métiers et de leurs besoins par le biais de BPO (Business Process Owner), avec qui nous montons des équipes communes. Nous nous occupons de la réalisation des projets avec les équipes de la direction des études, d’exploitation, de l’architecture et de la sécurité, une direction support des applications au point de vente, une entité de conseil interne et une entité régalienne ».
Après douze ans d’activité chez Arismore (une entreprise de conseil depuis rachetée par Accenture) et trois ans en tant que directeur de l’architecture à La Mutuelle Générale, Yannick Brahy a repris ce rôle au sein de la Stime en juin 2018.
« C’est à la fois une création d’activité et de poste », indique le directeur de l’Architecture et de l’Urbanisme. « À mon arrivée, il n’y avait aucune culture autour de l’architecture. Il fallait vraiment mettre en place la pratique, créer une direction transverse rattachée à la DSI. Bref, construire cela de toutes pièces ».
Les défis du Groupement Les Mousquetaires
Mais la création d’une telle entité n’émerge pas sans raison. La Grande distribution évolue fortement et rapidement. « D’ailleurs, la Covid a renforcé la mutation profonde de ce secteur », note Yannick Brahy. Selon lui, le Groupement doit faire face à plusieurs défis liés aux évolutions du secteur de la Grande distribution. « Nos préoccupations concernent notamment le e-commerce, la concurrence de plus en plus forte des pure-players du e-commerce, les Drive, le mieux consommer, l’agriculture biologique, l’information aux consommateurs, la compétitivité des prix, les exigences opérationnelles à respecter, ou encore les différentes stratégies à établir suivant nos activités », liste-t-il.
Yannick BrahyDirecteur de l’Architecture et de l’Urbanisme de la Stime.
« Notre système d’information, déjà performant, devait évoluer et être modernisé pour faire face à ces nouveaux besoins, qui n’existaient pas au moment de sa conception historique ».
Cette réflexion coïncide avec l’arrivée d’un nouveau DSI au sein de la Stime, Christophe Leray, qui a pris ce poste en 2017 et revu l’organisation et les équipes au cours de l’année suivante. Selon Yannick Brahy, « cela a engagé un vaste plan de transformation métier et SI incluant deux grands programmes que l’on rattache à la gestion commerciale, c’est-à-dire toute l’administration du réapprovisionnement des points de vente pour l’alimentaire et l’équipement de la maison ».
À cela s’ajoutent des projets connexes consacrés à l’engagement client, la logistique, ou encore la gestion des données.
Les quatre piliers de l’architecture IT de la Stime
Il fallait mettre en place des piliers non seulement pour soutenir l’architecture IT, mais aussi les projets.
« J’ai une vision bout en bout de l’architecture. Depuis les processus métiers, à la main des directions métier, jusqu’à l’architecture technique » en passant par l’architecture fonctionnelle, data et applicative, déclare Yannick Brahy. « Le premier pilier de cette transformation repose sur ce que j’appelle les fondations. Ces fondations sont la gestion et l’intégration de données, les patterns d’intégration, le data hub d’entreprise, les infrastructures d’hébergement et d’exécution des applications, la sécurité (nous avons une très grande proximité avec la direction de la sécurité), la définition des standards technologiques ou la gestion des accès et des identités », indique-t-il.
Un deuxième pilier est consacré à l’accompagnement des projets. « Tout projet lancé aujourd’hui donne lieu à un cadrage, appelé Étude de Faisabilité, et mené par un binôme chef de projet/architecte. Ce cadrage produit un dossier d’architecture qui est validé en Comité d’Architecture avec les parties prenantes du projet et des membres du comité de direction de la DSI. Cela permet de valider solidairement et au plus haut niveau les choix structurants qui conditionnent la transformation de notre SI ».
Le troisième levier repose sur la connaissance du SI. « Quand je suis arrivé, le SI n’était pas forcément très bien documenté. Nous nous sommes donc attelés à cartographier toutes les applications, tous les flux, toutes les fonctions, tous les composants techniques existants et à venir », affirme le directeur.
Enfin, le quatrième pilier vise à conserver une forme de logique au sein des SI. « Quand l’on mène beaucoup de programmes et de projets en parallèle, il faut s’assurer d’une forme de cohérence. J’ai mis en place des architectes qui ont un rôle de garant de la cohérence par enseigne et par domaine métier ».
Selon Yannick Brahy, « Il ne faut pas oublier la conduite du changement autour de l’architecture avec la mise en place d’une communauté de l’architecture et de plénières régulières afin de communiquer sur le rôle de l’équipe architecture dans notre transformation ».
Cette vision a mené au déploiement d’une plateforme d’intégration hybride (Hybrid Integration Platform ou HIP). « Nous nous devons de construire un SI pérenne et évolutif. En ce sens, l’intégration des applications doit être correctement effectuée ».
À lire aussi la partie 2 de cet article, sur la mise en œuvre de la plateforme d’intégration hybride du Groupement Les Mousquetaires.