Les centrales éoliennes et photovoltaïques de RES se dotent d’une super 4G
Suite à l’arrêt des réseaux RTC par Orange, le producteur d’énergie renouvelable a souhaité piloter ses sites à distance sans enfouir de nouveaux liens dans des tranchées. Mais comment capter un réseau mobile loin des émetteurs ?
Qu’importe leur éloignement de zones urbaines. Les parcs d’éoliennes et de panneaux photovoltaïques ont besoin de connectivité pour remonter leurs informations de production, leurs alarmes, ou encore pour récupérer les commandes qui optimisent à distance l’orientation des voilures et des panneaux selon la météo. Mais comment acheminer en haut d’une falaise ou dans une vallée les 2 à 4 Mbits/s de débit nécessaire, quand le point de raccordement le plus proche se trouve à 20 km ?
« Initialement, Enedis (ex-ERDF) nous demandait de raccorder nos centrales d’énergie renouvelable par un réseau RTC dédié. Comme le RTC passe uniquement par des câbles, nous creusions des tranchées jusqu’au relai pour passer des lignes de cuivre, ce qui pouvait nous coûter de 15 à 100.000 €, selon la distance », raconte Christophe Da Costa, Ingénieur d’Etudes Electriques chez RES France, l’un des principaux constructeurs de parc éolien et photovoltaïque en France.
« Puis, Orange a pris la décision de ne plus fournir de lignes RTC dès 2019 et Enedis a fini par valider l’utilisation de réseaux numériques. L’opportunité d’économiser le coût des tranchées s’est alors présentée, à la condition toutefois de parvenir à trouver un réseau numérique aérien accessible depuis nos sites reculés. »
Le satellite ? Trop instable
RES relie chaque année entre deux et trois sites au réseau Enedis. La décision de passer au numérique étant prise en 2018 pour le lancement des premiers chantiers dès 2019, le constructeur a redoublé d’efforts pour trouver une solution rapidement.
« Nous avions spontanément pensé au satellite, mais nous souhaitions évaluer une alternative car cette solution posait des problèmes de latence. Nos tests ont ainsi montré que l’instabilité du signal perturbait certains équipements, voire les empêchait de communiquer, ce qui n’est pas envisageable sur un site de production. »
Christophe Da Costa et son équipe se mettent alors en quête d’un réseau capable de maintenir au débit d’au moins 2 Mbits/s constant avec, prudence oblige, un signal redondant. Les opérateurs de téléphonie mobile 4G sont consultés, et même des méta-opérateurs capables de proposer deux connexions 4G depuis des fournisseurs différents, pour pallier une panne éventuelle d’infrastructure chez l’un ou l’autre.
Une antenne qui amplifie la 4G pour garantir 8 à 20 Mbits/s malgré l’éloignement
Icow, le prestataire finalement retenu, est justement l’un de ces acteurs capables de constituer une offre à partir de plusieurs réseaux. Sa solution repose sur une box reliée à une antenne, laquelle capte et amplifie les signaux mobiles les plus faibles. Ce dispositif lui permet de garantir un débit de 8 Mbits/s sur les sites éloignés de plusieurs dizaines de kilomètres d’un émetteur. Sur une distance plus courte, la bande passante peut grimper jusqu’à 20 Mbits/s.
« Icow a surtout eu notre faveur car ils vont au-delà d’un simple fournisseur de carte SIM. Ils nous livrent un routeur-passerelle préconfiguré et une antenne à installer à 3,5m de haut sur un mat qu’ils pré-percent en usine. En amont du déploiement, ils travaillent avec nous sur la topologie pour calibrer la puissance de l’antenne. Et le jour de l’installation, ils nous guident à distance pour orienter l’antenne », décrit Christophe Da Costa.
Fournisseur d’accès à Internet, Icow revendique travailler avec les quatre opérateurs mobiles français et retenir sur chaque site les deux meilleurs selon la qualité du signal offert. Le routeur-passerelle proposé à RES est la version Expert, qui bascule automatiquement entre l’opérateur principal et le secondaire en cas d’incident. Il existe une autre version, plus adaptée au besoin de débit qu’à celui de fiabilité, qui répartit la charge entre les deux connexions.
« Ce système à double opérateur nous permet de fournir à nos clients un service managé. Les flux de nos clients transitent par nos datacenters et nous pouvons prendre la main à distance sur nos boîtiers, équipés d’un firmware développé en interne, pour reconfigurer à la volée l’opérateur, la bande de fréquence, etc. afin de maintenir la meilleure connexion possible. Tout ceci est transparent pour nos clients », explique au MagIT David Coiron, le PDG d’Icow.
Surtout, le système Icow apporte un élément essentiel au pilotage distant des éoliennes et panneaux photovoltaïques : des IP fixes. « Aucun opérateur mobile n’est aujourd’hui capable d’en fournir directement. Elles sont pourtant nécessaires pour réaliser des connexions privées par VPN », lance-t-il.
Deux parcs photovoltaïques déjà déployés
Depuis le début de l’année, deux centrales photovoltaïques ont déjà été installées avec la connectique d’Icow.
Les équipements d’Icow sont déployés au niveau du poste de distribution, un bâtiment en béton de 19m2, surmonté du mat où est fixé l’antenne. Ce local contient d’une part les onduleurs chargés de réguler la production avant de l’envoyer sur le réseau national de distribution d’électricité. Les paramètres de ces onduleurs sont renseignés en temps réel par un automate de RES, via la connexion d’Icow. D’autre part, on y trouve le système SCADA chargé de surveiller et de piloter le parc. Celui-ci communique avec les serveurs de RES locaux, reliés à Internet par le boîtier d’Icow, qui communique avec l’antenne via un câble coaxial dans le mât.
« L’installation de l’antenne et du boîtier Icow est très rapide, elle n’a duré qu’une heure à chaque fois. En revanche, la configuration de notre partie informatique, qui suppose le paramétrage de nos accès VPN, comme celui de nos automates, prend deux jours. Icow est d’ailleurs venu nous épauler pour adapter notre firewall à leur routeur », témoigne Christophe Da Costa.
Selon des informations que LeMagIT a pu obtenir, Icow facture par mois 99€ la double connexion, plus 7,50€ pour chacune des deux adresses IP fixes demandées par son client. La configuration du routeur en usine et l’assistance à l’installation - de l’orientation de l’antenne au paramétrage du firewall de RES - sont comprises dans ce prix.
Une connexion moins chère, plus fiable et plus facile à dédoubler
Comparativement, RES payait précédemment 400€/mois pour un débit de seulement 2 Mbits/s en SDSL, sur la ligne cuivre d’Orange qui servait aussi à véhiculer les commandes RTC d’Enedis.
« Outre l’économie réalisée, je constate que la connexion 4G fournie par les équipements d’Icow est aussi fluide et constante qu’avec nos précédentes lignes SDSL. Ce qui est une excellente nouvelle car nous redoutions une grande variabilité sur le signal mobile », observe Christophe Da Costa.
« Je me félicite également de la stabilité du système. Sur nos lignes SDSL/RTC, nous avions pris l’habitude de passer le premier mois à ouvrir des tickets de support chez Orange, car leurs routeurs se déconnectaient régulièrement. Et même lorsque leurs techniciens finissaient par trouver la configuration optimale, ces systèmes perdaient par la suite des paquets de données de temps en temps. Avec Icow, la solution a parfaitement fonctionné dès le départ », dit-il, après plus d’un trimestre de mise à l’épreuve.
Le contrat passé entre RES et Icow prévoit la connexion de deux autres parcs, éoliens cette fois-ci, d’ici à la fin de l’année. « Ces chantiers seront plus complexes car les automates qui contrôlent les éoliennes nécessitent le transfert de fichiers plus volumineux lorsque nous devons les reconfigurer ou visualiser leur production. »
Dernier avantage, la facilité d’installation de la solution Icow ouvre la voie au déploiement d’une seconde antenne sur les sites. « Si nous venions à en avoir besoin, nous pourrions très facilement installer un second point d’accès pour assurer la communication des données supplémentaires sans pénaliser les flux déjà existant », conclut-il.