Le ZooParc de Beauval préfère finalement l’hyperconvergence au cloud
Lancé dans un chantier de modernisation de son SI, le zoo avait initialement pensé migrer ses applications sur AWS. Mais des problèmes de latence et de coût l’ont incité à rester sur site.
Lorsque l’imposant tigre blanc vous regarde droit dans les yeux, c’est un sentiment de majesté et de respect qui vous traverse. Il fait partie des 35 000 animaux et 800 espèces habitant le ZooParc de Beauval, situé dans le Loir-et-Cher, et classé comme 4e plus beau zoo du monde. Il abrite notamment les fameux pandas prêtés par la Chine, que viennent voir les 1,6 million de visiteurs chaque année. En constante évolution, il a été créé il y a plus de quarante ans.
Ce qui n’est pas le cas de son informatique qui n’a commencé à prendre corps qu’il y a cinq ans. Ce SI supporte aujourd’hui toutes les activités du zoo, de la gestion des animaux à l’accueil des visiteurs dans les hôtels, restaurants, boutiques, mais aussi la billetterie. Le réseau informatique a été le premier grand chantier : il est passé il y a cinq ans de 20 Mbit/s à 1 Gbit/s. « Surtout nous avons mis en place des réseaux de secours en 4G, des réseaux hertziens, et nous faisons appel à plusieurs opérateurs, car Beauval est quand même au centre de nulle part », s’amuse Sylvain Spodar, arrivé au zoo en 2016 pour prendre la responsabilité du SI et le moderniser.
L’enjeu de moderniser pour éviter les pannes et les cyberattaques
Les déclencheurs de cette modernisation ont été une grosse panne informatique, suivie d’une attaque par ransomware, toutes deux survenues il y a un peu plus de cinq ans. Le zoo en était convaincu, la cause profonde de ces problèmes était à chercher dans une informatique défaillante.
La fibre optique avait déjà été installée, mais le fonctionnement du réseau était chaotique, mal géré, entraînant des incidents d’autant plus fréquents que le nombre de visiteurs quotidien varie fortement selon les périodes ; il peut atteindre 30 000 certains jours. Un serveur d’applications fonctionnait aussi sans sauvegarde et était ouvert à l’extérieur, sans filtrage.
Quand Sylvain Spodar prend ses fonctions, l’informatique de Beauval fonctionnait sur le principe d’un logiciel par serveur physique, certaines applications hôtelières nécessitant même quatre serveurs. La première solution envisagée a été de migrer ces applications hôtelières dans le cloud, en l’occurrence chez AWS, que Sylvain Spodar connaissait bien.
Sylvain SpodarDirecteur des Systèmes d'Information, ZooParc de Beauval
« Il fallait juste une latence ne dépassant pas 20 millisecondes. Les premières semaines se sont bien déroulées. Puis, mal conçu, le logiciel s’est mis à ramer au fur et à mesure de l’augmentation des réservations de chambres. Les écrans mettaient une à deux minutes à charger ! », lance Sylvain Spodar.
Pour circoncire le problème de latence, il bricole : plutôt que d’utiliser des PC connectés aux serveurs en ligne, les salariés du zoo de Beauval utiliseraient des clients légers, connectés à des PC virtuels chez AWS (l’offre Workspaces), lesquels seraient directement connectés aux machines virtuelles qui exécutent le logiciel serveur. D’un point de vue fonctionnel, c’est un succès, les problèmes de latence disparaissent. En revanche, Workspaces coûte bien trop cher.
Nutanix pour les coûts et la facilité d’utilisation
À partir de ce moment, le DSI cherche une alternative. Il se renseigne sur les acteurs de la virtualisation, lesquels suggèrent de plutôt laisser le SI sur site. « J’avais un très bon contact chez un revendeur de Nutanix, qui m’avait parlé très tôt d’hyperconvergence. Nous étions alors en 2018, mais je n’étais pas encore prêt à franchir le pas. Puis l’idée a cheminé et je l’ai sollicité de nouveau, un an plus tard », raconte Sylvain Spodar. « Le bouche-à-oreille montrait que les clients de Nutanix étaient très satisfaits, à la fois en termes de coûts et de facilité d’utilisation. Nous avons donc fait ce choix. »
La mise en place de la configuration Nutanix – des nœuds de la série NX, avec deux cœurs Xeon chacun – s’est faite en 2019. Sylvain Spodar opte pour deux clusters de trois nœuds chacun, répartis sur deux salles en mode actif/actif. Ce choix de deux salles informatiques se justifie notamment par la situation géographique du zoo, où la moindre tempête perturbe le réseau électrique.
L’équipe de la DSI migre sur le cluster les applications qui tournaient encore sur des serveurs physiques, ainsi que les cinq machines virtuelles qui avaient été déportées dans le cloud public.
En matière de sauvegarde, le zoo partant de zéro, la DSI a mis en place une solution Hycu spécialement conçue pour Nutanix. À celle-ci s’ajoute une sauvegarde cloud sur le long terme vers Glacier, le service d’archivage en ligne d’AWS.
Demain, l’analyse et l’automatisation
Sylvain Spodar estime n’avoir pas encore achevé la transformation du SI. Le traitement des données – encore archaïque, avec ses feuilles Excel imprimées sur du papier – va faire l’objet d’une grande réforme. Un datalake pour analyser l’activité commerciale du zoo (restauration, hôtels…) est en préparation, a priori avec un fonctionnement sur AWS. Une data scientist a été recrutée en septembre.
Concernant la gestion des animaux, Beauval compte faire appel à l’IoT pour contrôler les conditions de température et d’humidité automatiquement. Ce processus doit éviter de solliciter des interventions manuelles de la part des soigneurs dans les vivariums et terrariums. Quant au suivi biologique des animaux, il doit s’effectuer à l’aide d’un logiciel dédié, dans la catégorie des ZIMS (Zoological Information Management System).
En attendant, le zoo s’est équipé de bornes Wifi, des modèles Ruckus Wireless ont été déployés aussi bien dans les hôtels que dans certains enclos.