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La recette d’Elior pour alimenter ses managers en données
La filiale française de l’entreprise de restauration collective rompt avec Excel. Cinq cents utilisateurs d’Elior s’appuient désormais sur la data visualisation pour consulter les données RH, en temps réel et en mobilité. D’autres KPI stratégiques pour les opérations du groupe sont également accessibles.
Multinationale de la restauration collective, Elior est présente dans 5 pays et génère plus de 3,6 milliards d’euros de chiffre d’affaires. Pour ses activités de restauration en France, l’entreprise emploie 20 000 salariés – et 20 000 de plus pour son métier de fournisseur de services. Elior possède également 3 000 sites dispersés sur le territoire, très hétérogènes en termes d’effectifs (de 2 collaborateurs à plus de 200 pour certaines implantations).
Cette spécificité est une source de complexité dans le partage de l’information, particulièrement en ce qui concerne la remontée des indicateurs RH. Or, ces données sont nécessaires dans le pilotage des sites et pour la prise de décision, assure son DRH France, Arnaud Debart-Johner. « Elior est une société de services. Cela signifie que 90 % de notre activité dépendent du capital humain », rappelle-t-il.
Un même portail d’indicateurs accessible partout
À ce titre, la multinationale avait donc besoin de maîtriser les données relatives au capital humain (turnover, arrêts maladie, accidents de travail, etc.). Problème : les données sont disséminées dans différents systèmes ou dans des fichiers Excel, voire conservées au format papier.
En outre, l’absence de référentiels communs entre départements ajoutait un niveau de complexité. Pour y remédier, Elior a engagé il y a trois ans un projet structurant pour harmoniser les données, les centraliser et les rendre accessibles aux utilisateurs.
Dans le domaine des RH, le projet a été mené avec l’éditeur français Toucan Toco pour rendre les KPI facilement « consommables » avec la data visualisation.
« Cela nous donne de la visibilité sur l’engagement des salariés, sur l’absentéisme, le turnover, les conditions de travail », détaille le DRH. « Ces indicateurs, nous souhaitions les rassembler au sein d’un même outil ».
Autre attente : l’automatisation. Auparavant, les indicateurs étaient générés et actualisés par les contrôleurs de gestion sociale, dans un fichier Excel. La disponibilité des données pouvait donc varier d’un mois sur l’autre. Impossible dans cette configuration d’élaborer rapidement un plan d’action, par exemple pour remédier à une problématique de turnover.
Du curatif au proactif grâce aux données
« Nous étions toujours sur du curatif et jamais sur du proactif », note Arnaud Debart-Johner. Un extracteur de données Business Objects automatise désormais l’exécution de requêtes. Les données sont ensuite transmises une fois par mois en FTPS à Toucan Toco pour l’intégration à l’application analytique en mode SaaS.
L’accès des utilisateurs au portail web s’effectue en SSO. L’éditeur précise cependant être agnostique et s’adapte donc en fonction des sources et de la fréquence d’actualisation. Le projet, mené avec la DSI, pour les opérations, repose ainsi sur des connexions temps réel, via notamment des web services.
La rupture n’est pas que technologique. Le portail vise d’abord à démocratiser l’accès aux données par les opérationnels afin que ceux-ci en inscrivent l’usage dans leur pilotage. À tout moment, les managers, de secteurs ou de régions, peuvent accéder aux indicateurs et à des données agrégées sur chacun des sites.
Cinq cents managers, des salariés mobiles en grande majorité, ont aujourd’hui accès à l’application. Des fonctionnalités d’annotation et de partage permettent en outre de demander des explications sur des données ou de les communiquer à des clients ou à des responsables de restaurant (qui ne disposent pas encore d’un accès direct). Toutefois, l’ambition du DRH d’Elior est de rendre le portail de données accessible, avec différents niveaux de détails, à l’ensemble des collaborateurs.
La donnée, levier de motivation pour les managers
Pour les managers, les bénéfices sont déjà significatifs. Ils le sont aussi pour l’entreprise pour favoriser la réactivité et l’implication.
« Les managers disposent de leurs propres indicateurs sur leur secteur. Mais ils ont aussi accès aux données des secteurs limitrophes appartenant à la même direction régionale. Ils peuvent ainsi se comparer, tout en comparant leurs différents restaurants », détaille Takfarinas Bentifraouine, responsable du contrôle de gestion sociale pour la restauration collective en France.
La création d’un tableau de bord unique et accessible permet d’en faire un outil du quotidien. La couche de data visualisation simplifie, quant à elle, la prise en main et la compréhension, notamment dans le cadre de la gestion des objectifs individuels. Quant à l’accès aux données des différents secteurs, il contribue à une « dynamique ».
Cette « émulation » s’observe au niveau de l’accidentologie. L’ajout d’indicateurs associés a encouragé par exemple l’achat et l’utilisation de protections individuelles, des EPI. Les progrès accomplis dans ce domaine peuvent être observés dans l’outil.
À noter enfin que les opérationnels ne disposent pas seulement d’indicateurs RH. Au travers d’un premier projet mis en œuvre par la DSI, ils accèdent également aux données des opérations (chiffre d’affaires, nombre de couverts, matière première produite, etc.).
Ces multiples indicateurs sont amenés à s’enrichir encore. La rubrique Santé & Sécurité a été intégrée au portail en mars 2022. La prochaine étape portera sur la formation. Le coût de main-d’œuvre constituera également un prochain KPI. « La philosophie est de faire évoluer l’application en fonction des axes stratégiques et de la demande des managers », promet Takfarinas Bentifraouine.