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La Sacem confie à Watson la collecte de ses droits d'auteur numériques

La Sacem et IBM ont signé un contrat cadre de 10 ans pour co-développer URights, un outil automatisé de facturation et d’analyse des diffusions musicales sur les médias numériques. IBM pourra le revendre à l'étranger.

S'il est bien un secteur d'activité qui a été brutalement bousculé par le monde du numérique, c'est bien la musique. Piratage, streaming, partage de vidéo musicale sur les réseaux sociaux posent un sérieux problème à la Sacem.

Afin de mieux tracer ces diffusions qui lui échappent, la Sacem s'est tournée vers IBM pour créer un outil automatisé de collecte et de facturation de ces droits, baptisée URights.

Un Joint Initiative Agreement

« Il ne s'agit pas d'un simple projet, mais d'un véritable partenariat stratégique selon lequel la Sacem externalise vers IBM pour 10 années une plateforme de gestion de droits et de paiement » explique Silvano Sansoni, Vice-président Ventes d'IBM France.

Les équipes de développeurs d'IBM et les experts de la Sacem planchent sur une première version attendue afin la fin de l'année 2017. « Elle sera enrichie au fur et à mesure en fonction des innovations technologiques qui arriveront pas la suite. Ce qui nous intéresse dans ce partenariat, c'est de mettre en place une plateforme de référence sur le marché de la musique. La Sacem occupe aujourd'hui un rôle central en France, mais aussi au niveau mondial ». La société des Auteurs Compositeurs et Editeurs de Musiques est par exemple mandatée par Universal pour gérer son catalogue de titres sur toute la planète.

La Sacem apportera son expertise métier tandis qu'IBM met dans la corbeille son savoir-faire technologique. « Le projet est ce que l'on nomme maintenant un Joint Initiative Agreement, une initiative qui nous permet de réaliser la plateforme, puis de la commercialiser auprès d'autres acteurs comparables à la Sacem sur le marché mondial », se réjouit Silvano Sansoni.

IBM BigInsights et Watson Explorer (mais pas de Cognitif)

Du point de vue fonctionnel, la plateforme doit implémenter trois grands processus.

Le premier porte sur l'identification des titres sur les canaux numériques. IBM Watson Explorer doit identifier dans les milliards de fichiers disponibles sur YouTube, Deezer ou Spotify les titres de chaque artiste. Des milliards de lignes de mélodie à analyser afin d'identifier les morceaux dont la diffusion sera facturée à chaque diffuseur.

« Il ne s'agit pas de la partie Cognitive de Watson qui est mise en œuvre pour l'instant, mais uniquement sa partie algorithmique », précise Silvano Sansoni. « Néanmoins avec quelques notes, ou quelques mots, les résultats sont déjà très surprenants. Le taux de confiance oscille entre 98% à 100% ».

Le second processus concerne les données d'audience. Il met en œuvre la solution BigInsights d'IBM, dont sa brique d'intégration de données DataStage. Charge à elle de faire converger ces milliards d'informations vers URights qui doit réaliser les décomptes du nombre de diffusion de chaque morceau, pour chaque artiste.

Enfin, le troisième processus est celui de facturation. L'analyse de l'ensemble des données permet d'affecter les montant à demander aux différents diffuseurs, que ce soit YouTube, Deezer, etc.

Bientôt un jeu d'APIs pour étendre URights

La plateforme URights va être hébergée dans le datacenter IBM de Clichy, en Ile de France. Son architecture Cloud va devoir supporter les processus pour les 170 pays que couvrira l’outil.

« Cela va impliquer des pics d'activité très importants dans le courant de la journée avec une charge qui sera comparable aux volumétries rencontrées lors d'une finale de Roland Garros. [Soit] plusieurs milliards de transactions par jour ».

La première génération de URights qui doit être mise en production avant la fin de l'année. La plateforme mettra en œuvre le Cloud IBM Bluemix (ex-Softlayer) ainsi que diverses solutions IBM dont Watson Explorer et IBM BigInsights. Elle servira de base aux API qui apparaîtront par la suite.

« En parallèle au développement de la plateforme elle-même, nous avons planifié un certain nombre d'innovations qui au travers des API permettrons d'ajouter des fonctionnalités à URights ». Le responsable IBM évoque par exemple la possibilité pour un artiste de consulter les performances de ses œuvres, les retours de ses fans sur les médias sociaux et éventuellement optimiser sa prochaine tournée en fonction de cette analyse. « A ce stade, il est encore difficile de prévoir quelles applications complémentaires seront développées via les API. Nous avons prévus de mener des hackathons ». Mais pour l'instant, priorité est donnée au développement du back-end.

Un back-end développé en France, entre Paris et Lille

Les développements ont été initiés à l'IBM Studios Paris, une agence où l'ESN invite ses clients afin de travailler dans un mode de co-création et appliquer des méthodologies de Design Thinking.

« Les applications sont créées sur des runs de 2 à 3 semaines et validées avec les clients en méthodes agiles. Ce n'est plus très original aujourd'hui, mais c'est la même méthodologie que nous utilisons pour développer nos propres logiciels » ajoute Silvano Sansoni.

Le développement a officiellement démarré au mois d'octobre 2016 et, en tenant compte des congés de fin d'année, celui-ci a déjà connu treize itérations.

L'objectif des deux partenaires est de créer une plateforme qui sera le standard de ce marché, avec le moins de spécifiques possibles.

Tous les développements sont réalisés en France, ce qui était un prérequis de la Sacem. Les volets rédaction des spécifications fonctionnelles et des recettes sont réalisés au Studio IBM ou dans les locaux de la Sacem, tandis que les développements proprement dits sont menés dans le centre IBM d'EuraTechnologies à Lille. L'ESN y dispose de 700 personne où 30 collaborateurs ont été affectés à temps plein sur le projet URights.

S'il est possible de développer en Java sur Bluemix, c’est SCALA qui a été choisi. Un langage mieux adapté à la manipulation des fichiers musicaux, selon les équipes d'IBM.

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