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La CFDT se prépare à gérer ses adhésions depuis le cloud public
Après une refonte de son SI débuté en 2010, la CFDT se prépare à migrer son portail d’adhérents et son système de gestion d’adhésion dans le cloud public. La DSI de la confédération syndicale compte sur la solution BPM de Bonitasoft pour gérer les processus associés.
Fondée en 1964, la CFDT s’est donné pour mission de défendre les droits des salariés des secteurs privés et publics. L’organisation revendiquait en 2018 plus de 620 000 membres. Elle doit ainsi gérer environ 60 000 nouvelles adhésions par an, effectuées auprès de 1 000 syndicats à travers la France.
À l’ère du tout numérique, cela implique une gestion fine des adhérents. Ils doivent pouvoir facilement payer leur cotisation, changer de syndicat en cas de déménagement ou de changement de carrière ou encore mettre en pause leur engagement. Or, cette gestion était complexe avant la fin des années 2000 comme nous l’expliquions dans un article publié en 2015.
« En 2010, la CFDT a établi un schéma directeur. La DSI a traduit numériquement les engagements du syndicat qui mettent l’adhérent au cœur de son action », explique Patrice Salsa, responsable des systèmes d’information au sein de la CFDT.
Avec son équipe d’une quinzaine de personnes, Patrice Salsa a souhaité concevoir le SI de la CFDT à l’image de son organisation. Il a privilégié une architecture distribuée dans laquelle les applications sont agnostiques du poste de travail.
Dans un premier temps, cette refonte est passée par la conception d’un référentiel unique de données, partagées dans toute l’organisation syndicale. « Auparavant, les systèmes ne communiquaient pas ou très mal entre eux ».
Une architecture SOA qui a fait ses preuves
Conseillé par son intégrateur Neoxia, le syndicat a adopté une architecture SOA qui a permis de concevoir des briques applicatives constituées de services et de microservices.
La DSI a donc décidé de développer un front office et un back-office. Elle a confié la gestion des fonctions standards des systèmes d’information à des progiciels.
En ce qui concerne la gestion des adhérents, la CFDT a d’abord cherché un progiciel capable de répondre à ce besoin. « Aucun progiciel ne répondait à nos exigences en 2011 et les systèmes proposés par SAP et autres n’étaient pas dans notre univers », rappelle le responsable SI.
Après un POC mené en 2011, la CDFT a commencé à déployer la solution open source de BPM de Bonitasoft en 2012, pour terminer en mai 2013. La DSI de la confédération avait deux exigences fonctionnelles principales. « Bonitasoft devait être capable de s’intégrer en marque blanche à notre système d’information. Les tâches proposées aux utilisateurs devaient pouvoir s’ajouter à celles notifiées par d’autres applications comme notre MDM », énumère Patrice Salsa.
Patrice SalsaResponsable des systèmes d’information, CFDT
GASEL poursuit son évolution
L’application nommée GASEL (gestion des adhérents et des structures en ligne), dont Bonita est l’une des composantes, doit être accessible 24 heures sur 24 et sept jours sur sept pour les utilisateurs. La solution de BPM est notamment associée à la suite de gestion de documents Bdoc. Celle-ci permet entre autres d’éditer les 700 000 attestations fiscales par an.
Après une première année de mise en production compliquée, GASEL permet maintenant à plus de 5 000 militants de la CFDT de gérer ces procédures centrées sur l’adhérent.
Même si l’architecture SOA a été mise en place il y a près de dix ans, les développements se poursuivent avec la mise en production régulière de nouveaux modules.
Après avoir mis en production en 2014 un système de transfert des adhérents d’un syndicat à un autre, l’organisation a également développé un processus pour faciliter l’adhésion en ligne. Celui-ci se termine par l’adhésion effective à un syndicat professionnel en fonction des informations transmises par le nouveau venu. « C’est une fonctionnalité importante. Aujourd’hui, 12 % de nos adhésions se font en ligne », annonce Patrice Salsa.
Il y a cinq ans, la CFDT a mis en place un système de réponse par téléphone à la carte, à toutes les questions de ses membres. En 2017, elle s’est servie de Bonita pour ajouter des procédures de suivi des demandes. La même année, la confédération a mis en production un portail pour les adhérents qui repose sur le progiciel Jalios. 110 000 d’entre eux consultent et modifient les données contenues dans leur espace personnel.
Au cours de l’année 2019, la DSI a modifié le processus qui définit le prélèvement automatique de la cotisation d’un adhérent à la confédération.
« Auparavant, l’adhérent payait un premier mois de cotisation sous forme d’un paiement en carte bancaire, puis le syndicat auquel il était affecté devait prendre contact avec lui pour un ensemble de détails, dont la mise en place du prélèvement automatique de la cotisation ».
Cela pouvait parfois prendre plus de trois mois pour des raisons d’organisation. « Aujourd’hui, la validation de l’inscription se conclut par la demande d’un IBAN », précise le responsable SI de la CFDT.
Ensuite, l’adhérent est rattaché « quasi automatiquement » au syndicat correspondant à sa situation professionnelle et son emplacement géographique. De plus, le nouveau membre valide son droit à une protection juridique assurée par la CFDT en cas de difficultés avec son employeur.
« Depuis l’ouverture de cette fonctionnalité, nous avons doublé notre taux de transformation. Cela facilite la fidélisation de nos adhérents », se félicite Patrice Salsa.
De l’infogérance au cloud hybride : un mouvement réfléchi
Comme il y a cinq ans, l’équipe du responsable SI est composée de chefs de projet, d’architectes, et d’un coordinateur général. Ceux-ci ne s’occupent pas de l’administration, du développement et de l’exploitation. La CFDT travaille avec des partenaires externes. L’organisation s’appuie sur les capacités sur son intégrateur Neoxia qui gère le développement des nouveaux modules.
L’architecture SOA et la politique de suivi de performance ont permis d’anticiper la montée en charge dans de bonnes conditions, considère notre interlocuteur. Depuis 2010, ces briques applicatives reposent sur des infrastructures virtualisées VMware infogérées. « Ce n’est pas notre métier de gérer des équipements. À la place de la salle machine, nous avons fait une salle de réunion », s’amuse le responsable.
Cela a permis d’assurer le niveau de performance attendu. « Quand j’ai fermé la salle machine, il y avait 15 serveurs, quand GASEL a été déployé, il y en avait 130 », dit-il fièrement.
Entre 2010 et 2019, l’hébergement des instances de la CFDT est passé d’une infrastructure mutualisée à un cloud privé, et a changé d’infogérant pour des raisons économiques.
Mais le RSI considère que « le modèle d’infogérance classique a vécu ». « Pour des raisons d’optimisation de coûts, la CFDT se prépare à une migration de son architecture dans le cloud public », déclare Patrice Salsa. « Nous mettons en place depuis deux ans une stratégie réfléchie d’hybridation. Une partie du SI va dans le cloud public », précise-t-il.
« Je change aussi le modèle d’administration. Je n’ai plus un infogérant en charge du monitoring et de l’exploitation, mais le système a été découpé en trois ensembles avec des équipes dédiées qui travaillent en mode DevOps », assure le responsable SI de la CFDT.
Selon lui, cela permet de créer un cercle vertueux de développement et d’exploitation entre les partenaires IT de l’organisation tout en optimisant les coûts.
Patrice SalsaResponsable des systèmes d'information, CFDT
« En amenant les applications dans le cloud et en revoyant mon modèle d’administration, je compte augmenter la disponibilité, la robustesse, fiabilité et surtout la qualité des services aux utilisateurs » vante Patrice Salsa.
Ce projet a demandé une optimisation de l’architecture SOA pour éviter le « lift and shift », souvent compliqué et cher.
Le portail des adhérents sera le premier à atterrir dans le cloud public en ce début d’année 2020. Ensuite, le système de gestion d’adhérents suivra quelques semaines plus tard. « Le logiciel de Bonitasoft s’est révélé directement compatible avec les exigences du cloud public », constate le RSI.
Pour d’autres applications métiers, le responsable fait le choix de les conserver au sein du cloud privé utilisé actuellement. « Si je ne migre pas ces applications, c’est que je n’ai aucun intérêt à le faire ». En ce qui concerne les nouvelles applications, Patrice Salsa préconise l’approche SaaS.